Le Miracle de l’Esprit
PREMIÈRE PARTIE

PORTRAIT DE L’ESPRIT

AVANT-PROPOS

QUI EST LE SAINT-ESPRIT ?

Sujet mystérieux. Pour les uns, une bizarrerie, pour les autres, un tabou, une notion vague, un dada : on parle de lui à tort et à travers, on l’analyse, on le déchiquette, on s’en réclame, on en fait un cheval de bataille ou un cheveu à couper en quatre... Quel sacrilège !

N’oublie pas un instant que le Saint-Esprit est Dieu. C’est lui qui t’a donné l’être et qui te tient en vie1 ; par lui l’univers fut créé, par lui la terre et les nébuleuses subsistent2. Chaque électron de ton cerveau ou de ton système nerveux n’existe que par lui ; toute l’énergie dont l’univers est bâti provient de lui, toute l’intelligence inconcevable dont découle la structure mathématique de la matière et du rayonnement, tout trouve en lui sa source.

Cette conception peut paraître extraordinaire à quelqu’un qui ne connaît pas le fond de la pensée biblique ; mais j’espère que la lecture des pages suivantes servira à ouvrir tout un horizon philosophique et spirituel à ce sujet.

1 - Job 33.4 ; 34.14-15 ; Psaumes 139.1-18
2 - Psaumes 33.6

Mon secret ultime

Alors que j’étais encore jeune homme, lisant la Parole de Dieu jour après jour et année après année, cherchant la face de Dieu dans la solitude de mon âme, au milieu d’une vie souvent difficile et bousculée, je me trouvai au point où Dieu, dans sa grâce inexplicable, m’ouvrit son cœur. Son Esprit me dévoila sa face ; il déchiffra pour moi le symbolisme de la beauté et de l’intelligence illimitées de mon Créateur. Cette révélation me parvenait, certes, de façon fragmentaire - car quel est l’homme qui peut voir Dieu en face et vivre ? Elle m’apportait néanmoins, avec clarté, à travers tout son. ouvrage, aussi bien dans la nature que dans le miracle de Golgotha, une explosion de cette beauté transparente qu’est Christ.

J’ai un peu honte de le dire, je crains de trahir des secrets qui appartiennent au cœur de Dieu seul, je crains aussi d’être mal compris ou d’avoir l’air de raconter des absurdités : je suis arrivé au point de tomber follement amoureux de Dieu. C’est alors que j’ai commencé à comprendre l’œuvre du Saint-Esprit.

— CHAPITRE 1 —

QUAND DIEU SE DÉFINIT

Qui peut comprendre l’Esprit essentiel, infini, éternel de celui qui donne au cosmos son existence ? Comment notre cerveau sonderait-il l’intelligence qui l’a engendré ?

Aucun homme ne peut espérer connaître le caractère de l’Esprit de Dieu tant que sa conception de Dieu lui-même demeure défectueuse. Dans la mesure où l’homme comprendra Dieu, il comprendra aussi son Esprit car l’Esprit est Dieu. Pour comprendre qui est le Saint-Esprit, il faut donc commencer par chercher Dieu et par le connaître.

Les trois définitions de Dieu

Puisque Dieu s’est donné la peine de parler, de se révéler aux hommes, nous ne pouvons faire mieux que d’examiner (trop rapidement hélas !) ce qu’il dit sur lui-même. Pour faire cela en profondeur, il faudrait évidemment sonder sa révélation dans son livre, la Bible, d’un bout à l’autre en tenant compte aussi de toutes les données de la science. Toi, tu peux le faire à ton gré ! Ici, je me bornerai à examiner les trois définitions que Dieu lui-même nous donne de sa personne.

Avec ces trois courtes phrases, Dieu nous communique, en résumé, sa véritable nature, tout ce qu’il est. C’est une Synthèse remarquable.

1 - 1 Jean 4.8, 16
2 - 1 Jean 1.5
3 - Jean 4.24

I

DIEU EST AMOUR

Cette révélation surprend ! Eu égard à la misère et à l’injustice de notre monde et surtout à mes propres imperfections, j’ai davantage de peine à croire à l’amour de Dieu qu’à n’importe quelle autre proposition. Pourtant, Dieu déclare, dans sa Parole, qu’il nous a aimés au point de se donner pour nous à la croix ! Sa propre souffrance, ainsi exprimée, démontre que le mal ne vient pas de lui, mais d’une autre source, que la Bible appelle Satan. Non seulement Dieu aime, il est amour, c’est lui qui le dit.

Cela signifie, inévitablement, que Dieu aime en tout temps et même en dehors du temps et de l’espace. Il n’existe pas sans aimer. S’il n’aimait pas, il ne serait pas Dieu. Il a créé le cosmos, sans aucun doute, afin d’exprimer son amour ; car l’amour est infini et cherche sans cesse à se manifester de façon nouvelle. Dans les innombrables manifestations de sa sagesse, aperçues dans la structure mathématique de l’énergie, dans la symétrie et en même temps la variété surprenante des éléments, ainsi que dans leur capacité à peine croyable de constituer les myriades de substances extraordinaires que la science continue à découvrir année après année, nous voyons un petit reflet de l’intelligence, de la beauté, de la puissance infinie de celui qui est la source de toutes ces choses. Son caractère apparaît de façon encore plus certaine à travers le phénomène de la vie, entièrement bâti sur le miracle du code génétique et la cellule biologique, dont la complexité et l’efficacité étonnent de plus en plus ceux qui les étudient. Que dire alors de l’intelligence et de la personnalité humaines ! Elles nous laissent essoufflés, émerveillés outre mesure. Car les qualités les plus « divines » qui résident chez l’homme sont à la fois ses facultés et son désir de créer, ainsi que sa capacité — et son besoin — d’aimer.

Nous saisissons, peut-être mal, mais tout de même un peu, l’immense joie du Créateur dans la multiplicité de ses ouvrages. Dieu crée parce qu’il aime et il aime sa création. La beauté indicible de tout ce qu’il a fait nous remplit de respect et d’adoration.

L’objet de Son amour

Mais avant de créer l’univers, comment Dieu pouvait-il aimer, si rien n’existait en dehors de lui-même ? On ne peut aimer le néant. Pourtant, si Dieu est amour, que l’univers existe ou non, Dieu aime, parce qu’il est Dieu. Pour lui, de toute manière, le temps n’existe pas : il est. Autant que nous pouvons le comprendre, Dieu existe dans un temps présent perpétuel. Pour lui, il n’y a ni passé ni avenir. « Je suis l’Éternel, je ne change pas »1 a-t-il dit. À Moïse, il se révèle simplement sous le nom : « Je suis2 ». Un poète de l’Antiquité a bien ajouté :

« Les cieux sont l’ouvrage de tes mains.
Ils périront, mais tu subsisteras...
Ils seront changés,
Mais toi, tu restes le même.3 »

Puisqu’il est.la réalité même, Dieu ne dépend du cosmos ni pour son existence, ni pour son amour. Cela signifie qu’il possède nécessairement en lui-même l’objet de son amour - et cet « objet », c’est lui-même ! Ou plutôt, il est en lui-même. Comme dit l’apôtre Jean : Il est face à face avec lui, tout en étant lui-même4.

1 - Malachie 3.6
2 - Exode 3.14
3 - Psaumes 102.26-28 cité dans Hébreux 1.10-12
4 - Jean 1.1 : « La Parole était avec Dieu (que je préfère traduire « face à face ») et la Parole était Dieu » - non pas « un dieu » comme certains voudraient nous le faire croire. « Un dieu », pour tous les auteurs de la Bible, signifierait « une idole » ou « un démon ». Selon la Bible, il n’y a qu’un seul Dieu (Esaïe 43.11-13 ; 44.6, 8 ; 45.5, 6 ; 1 Timothée 2.5 ; Jacques 2.19). Tout autre « dieu » serait faux et diabolique.

Que Dieu pardonne nos balbutiements

Tout notre langage concernant Dieu est si borné, notre compréhension si limitée, si petite ! Je me rends bien compte de l’insignifiance de mes efforts à communiquer intelligiblement une idée de mon Créateur, une idée qui ne l’outrage pas, mais qui corresponde à la réalité. C’est pourquoi je lui demande de se pencher avec tendresse sur notre dialogue, de pardonner l’état enfantin de notre connaissance et aussi mon expression si imparfaite. Pourtant, ces pensées que je partage avec toi ont été pour moi une puissance de transformation dans ma vie et j’estime que nous ne perdons pas notre temps à vouloir les prendre en considération. D’ailleurs, elles sont toutes issues de ma méditation de sa Parole et je voudrais tant qu’elles soient pour toi la même révélation qu’elles ont été pour moi.

Dieu qui se contemple objectivement

Sur la terre on parle quelquefois de « projection de la personnalité ». On se voit ainsi soi-même en imagination ! Or, Dieu aussi « projette sa personnalité » - oh ! que mes paroles sont insuffisantes !... Dieu, dans sa réalité éternelle, se regardant lui-même, se considérant objectivement, ne peut qu’aimer ce qu’il voit et cela de tout son être. Dieu aime tout ce qui est beau, juste, vrai, sage, intelligent, parfait. Cela n’est cependant que la somme de ce qu’il est lui-même. Comment peut-il faire autrement que de l’aimer de toute sa force ? Je dirais même que Dieu est depuis toujours amoureux de lui-même ! Et cet objet de son amour, qu’il voit en face de lui et en lui-même, il l’appelle son « Fils ».

Autrement dit, Dieu engendre sans cesse l’objet de son amour ; ou, plus exactement, il vient à tout moment de l’engendrer. « Tu es mon Fils ! » a-t-il dit par la bouche du poète David. « Je t’ai engendré aujourd’hui1. » Cet « aujourd’hui » est un aujourd’hui éternel : puisque Dieu n’est pas inscrit dans le temps comme nous, il n’y a jamais eu de moment où le Fils n’était pas engendré. Nous, qui sommes bornés par les dimensions du cosmos et par un petit cerveau fait de matière, nous avons de la peine à concevoir celui qui existe en dehors de toutes dimensions et en dehors même de la matière. Il pénètre tout l’univers. Étant la réalité même, la source de tout ce qui existe, il considère son Fils comme étant éternellement, existant objectivement devant sa face. « Le Fils » est aussi réel que « le Père », car ils ne font ensemble qu’un seul Dieu. « Au commencement, écrivait Jean, était (existait déjà) la Parole et la Parole était (existait) face à face avec Dieu et la Parole était Dieu2. » Quelle profonde philosophie dans ces quelques mots !

1 - Psaumes 2.7
2 - Jean 1.1

La générosité de Dieu

J’ai eu l’audace de dire que Dieu est amoureux de lui-même. Je ne trouve pas d’autres termes pour exprimer cette vérité. Mais si Dieu s’aimait égoïstement, il ne s’agirait plus de l’amour ! car l’amour n’est pas égoïste, il est toujours altruiste : il ne peut s’exprimer que par le don. Quand on aime quelqu’un, on veut lui donner quelque chose. Quand on aime une personne totalement, on ne peut exprimer cet amour que par le don total de soi-même.

Dieu, nous a-t-il confié, créa l’homme à l’origine à son image3 ; par conséquent, l’homme est fait pour aimer et pour être aimé. C’est dans l’amour réciproque que l’homme découvre réellement l’image de Dieu, le caractère de son Créateur. La Bible nous dit que Dieu créa « l’homme et la femme » ensemble à son image, deux êtres qui ne pouvaient que s’aimer et se compléter. Sans amour, la vie, en fait, n’a aucun sens. Celui qui n’aime plus personne et qui ne se sent plus aimé n’est pas loin du suicide. L’amour est, en somme, notre raison d’être. Par les différents aspects de l’amour véritable dont nous pouvons avoir connaissance, nous percevons, comme à travers un symbole, l’amour réel et absolu qui naît et qui s’exprime éternellement dans la complexité de la personne de Dieu.

3 - Genèse 1.26-27

La révélation éblouissante de PEsprit

Dieu exprime son amour en se donnant sans mesure. Nous le voyons surtout dans l’incarnation et dans la crucifixion de Jésus. Dieu nous manifeste également son amour par le don de son Esprit. C’est ainsi que, le premier jour de la Pentecôte, les cent vingt disciples de Jésus reçurent, comme un coup de foudre venu du ciel, l’impact de ce même Esprit révélateur de Dieu en Christ. Ils furent tous embrasés subitement d’un amour extraordinaire pour Dieu et pour les hommes.

C’est l’Esprit de Dieu qui communique l’amour de Dieu. C’est lui qui ouvre et qui sensibilise notre cœur à cette vérité, à peine croyable, d’un Créateur qui nous aime indiciblement. Nous voyons cet amour naître dans l’étable de Bethléhem ; dans les villes bruyantes et sur les chemins poussiéreux de la Galilée, nous le voyons vivre miraculeusement, comme une fleur entourée de chardons, comme un rayon de clarté perçant les ténèbres ; nous le voyons dans ses mains guérissantes, qui n’hésitèrent pas à laver les pieds des disciples et qui acceptèrent d’être clouées sur un poteau — pour toi !

Nos villes sont bondées de gens pressés qui ne savent rien de cet amour. Les hommes restant étrangement indifférents à l’appel de Dieu. Toi non plus, tu ne peux connaître cet amour par toi-même : il n’y a que l’Esprit de Dieu qui puisse te le révéler. C’est par lui que Dieu révèle le fond de son cœur. C’est lui qui te fait voir Christ et qui t’ouvre la porte de l’éternité. Voilà surtout le rôle du Saint-Esprit. Voilà la nature de sa personne.

II

DIEU EST LUMIÈRE

Mon étonnement fut grand le jour où un savant m’apprit que la lumière était invisible ! C’est pourtant vrai.

Personne ne voit la lumière elle-même ; on ne voit que l’objet qu’elle éclaire, ne serait-ce que les particules de l’atmosphère ou de l’humidité au travers desquelles passent les rayons. Elle nous parvient en tant qu’énergie émise par le soleil ou par les astres ; mais nous ne voyons pas cette énergie, nous ne voyons que l’impact de son rayonnement sur un objet matériel comme notre terre, comme un nuage, une fleur ou un visage. Nous l’appelons alors « lumière », mais pendant tout son acheminement à travers l’espace (huit minutes venant du soleil, des millions d’années venant des nébuleuses lointaines) son rayonnement reste invisible. Le rayon le plus éblouissant est en effet totalement invisible dans une chambre noire et vidée de toute atmosphère.

L’invisibilité de Dieu

Or, Dieu déclare dans la Bible qu’il est invisible et à la fois lumière ! Il n’y a là aucune contradiction, mais plutôt une vérité profonde. L’apôtre Paul nous parle du « Dieu invisible »1 qui « habite une lumière inaccessible, que nul homme n’a vu ni ne peut voir »2. « Personne n’a jamais vu Dieu, dit Jean ; c’est le Fils unique, qui est dans le sein du Père, qui l’a fait connaître3. » Dieu reste insaisissable pour l’homme « naturel4 » .

1 - Colossiens 1.15
2 - « Que nul homme n’a vu » ou : « Que nul homme n’a vue »... Les deux traductions sont possibles : 1 Timothée 6.16.
3 - Jean 1.18
4 - 1 Corinthiens 1.21 ; 2.6-16 ; 2 Corinthiens 4.3-4

Dieu devient visible en Christ

Or, pour que la conscience de l’homme saisisse cette lumière absolue qu’est Dieu, il lui faut contempler un objet capable de la refléter intégralement. Il n’y a qu’un seul objet qui reflète, pour nous, toute la gamme de la lumière divine, c’est la personnalité de l’homme Jésus-Christ. Il est le rayonnement visible de la lumière invisible de Dieu. C’est pour cela que Paul parle de « la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Christ, qui est l’image de Dieu5 ». Voilà pourquoi Jésus lui-même se disait la lumière du monde6. C’est lui qui éclaire pour nous le mystère de la personne de Dieu, qui le rend accessible à notre compréhension, qui l’interprète, qui le rapproche de nous. Sous cette forme humaine, nous pouvons enfin connaître le Dieu qui est plus grand que l’univers, plus insaisissable que l’atome.

5 - 2 Corinthiens 4.4, 6 ; Colossiens 1.15
6 - Jean 8.12 ; 9.5

L’Esprit de Dieu, véhicule de la lumière

Dieu, par son Esprit, déploie une énergie infinie de manière à nous faire parvenir son ineffable pensée. L’Esprit nous transmet, du cœur de Dieu, à travers l’espace illimité de notre éloignement spirituel, le rayonnement de sa vérité, que notre âme, émerveillée, saisit et résume en un seul mot : Christ. Le Saint-Esprit bâtit ainsi devant notre conscience un « portrait » de Dieu dans les termes de la personnalité humaine de Jésus. Ses paroles percutantes et géniales, sa vie transparente, émouvante, sa mort atroce, sa résurrection incontestable, tout cela nous révèle le cœur de Dieu le Père. Je conçois le Fils de Dieu comme étant la pensée de Dieu dans son expression. Je conçois l’Esprit de Dieu comme étant le déploiement de son énergie, qui rend cette pensée intelligible, accessible à notre conscience humaine et morale. L’Esprit crée ainsi un « portrait » de Dieu si authentique que nous pouvons enfin croire en lui et agir en conséquence avec certitude. Christ devient pour nous la révélation de « l’âme » de Dieu, la manifestation intime de son cœur.

Le spectre de la lumière divine

La lumière blanche du soleil est en fait très complexe. Le spectre la divise en sept couleurs, celles de l’arc-en-ciel. Chaque couleur fait intégralement partie de la lumière dans sa totalité. On ne peut soustraire un seul élément à la lumière blanche sans qu’elle perde son caractère essentiel.

Dans la Bible il est parlé à plusieurs reprises des « sept Esprits de Dieu »7. Nous ne savons pas encore la véritable signification de cette expression : Dieu ne l’a pas révélée. Je pense qu’il s’agit d’une vérité si profonde que nous serions à présent incapables de la comprendre. Nous y percevons, néanmoins, quelque chose de la complexité de la personne de Dieu. La Bible insiste, du commencement jusqu’à la fin, sur le fait qu’il n’y a qu’un seul Dieu ayant un seul Esprit. Les Juifs et les musulmans se trompent en supposant que les vrais chrétiens croient en « trois dieux » : c’est faux ; pourtant, Dieu nous révèle par la Bible que, dans sa nature unique il y a une complexité insoupçonnée.

Parmi les sept couleurs du spectre, il y en a trois qui sont appelées primaires, les trois couleurs « fondamentales » ou « absolues » : le rouge, le jaune et le bleu ; alors que les quatre autres couleurs, que l’on appelle « secondaires », ne sont, en somme, que le fusionnement de ces trois. Ainsi en est-il de la nature de Dieu lui-même. La Bible distingue sans équivoque les trois « couleurs primaires » de la divinité : autrement dit, ce que les théologiens appellent les trois « personnes » de la Trinité. Il est vrai que le mot « Trinité » ne se trouve pas dans la Bible, ni l’expression « les personnes de la Trinité » ; mais la vérité de la Trinité y est enseignée très clairement. Le Père est Dieu, le Fils est Dieu, l’Esprit est Dieu : tout examen honnête de l’Écriture dans sa totalité nous amène à cette certitude.

7 - Apocalypse 3.1 ; 5.6. Voir aussi Zacharie 4.2, 10 ; Esaïe 51.2.

Le grand poète se voit dans son ouvrage

Comme la pensée et l’âme du poète, du peintre, de l’artisan, se trouvent exprimées dans leurs différents ouvrages, ainsi nous découvrons, dans tout ce que Dieu a fait, quelque chose de son caractère, l’empreinte de son doigt, le reflet de sa pensée originelle. Par exemple, la gamme de notre musique consiste dans les sept notes qui forment « l’octave », dont la huitième n’est que la répétition de la première, une octave plus haut. De ces sept notes, trois sont « principales » : do, mi, sol, et celles-ci, émises ensemble, forment l’harmonie parfaite, l’accord majeur (ou mineur), une musique « complète ».

Par cette analogie nous discernons, dans la complexité de cet Être infini qui est lumière et tout amour et que nous appelons « Dieu », la musique absolue de la Trinité, l’harmonie fondamentale et éternelle qui existe entre le Père, le Fils et l’Esprit. Certes, Dieu a créé l’univers, il a créé l’homme, afin d’exprimer son amour et sa sagesse, afin d’aimer et d’être aimé ; mais il n’avait pas besoin de les créer. Il contient, ou plutôt, il est en lui-même tout ce dont il a besoin. L’univers n’est qu’un « débordement » de la sagesse et de l’amour qui existent éternellement et à un point absolu en sa « personne ». Il est la réalité, dont l’univers est une « ombre », un reflet.

III

DIEU EST ESPRIT

Dieu déclare dans son livre que l’homme est mort quant à l’esprit1, c’est pourquoi il ne peut jamais, dans son état naturel, comprendre ni saisir Dieu qui est Esprit. Il faut qu’il redevienne un être « spirituel », mais cela est au-delà de ses possibilités ; un mort ne peut de lui-même revenir à la vie. Seul l’Esprit de Dieu peut lui redonner sa vie d’origine et ses facultés spirituelles perdues.

Tu ne peux connaître Dieu que spirituellement2. Même si tu es l’homme le plus génial du monde, le plus érudit, le plus sensible, tu ne peux connaître Dieu que par le moyen de son Esprit et cela uniquement à partir du moment où il aura reconstitué tes propres facultés spirituelles.

C’est là le thème de ce livre. Puisque je développe ces questions en profondeur dans les chapitres suivants, je n’ai pas besoin d’allonger ces propos préliminaires. Cependant, afin d’être en mesure d’étudier et d’apprécier la nature des activités de l’Esprit, de son œuvre, nous avons encore besoin d’écouter ce qu’il nous dit sur son être, sur sa personne. Et cela, nous le ferons dans le prochain chapitre.

1 - Ephésiens 2.1
2 - 1 Corinthiens 2.14-15

N’oublie pas !

Dieu est Esprit. Dans les écrits du Nouveau Testament le mot « esprit » (en grec : pneuma) signifie un être ou une conscience existant au-dessus et au-delà de la matière — autrement dit : surnaturel. Bien que Dieu pénètre inévitablement la matière, puisque c’est lui qui la crée et qui la maintient en existence, il n’est pas lui-même « matériel » ; l’identifier avec la nature est une erreur épouvantable : c’est un blasphème. Le « matérialisme » est d’ailleurs, comme le panthéisme, de l’essence même de l’idolâtrie.

Dieu est Esprit. C’est pourquoi nous parlons d’Esprit saint. Il est tellement saint qu’il voile même son nom. Jésus pouvait encore pardonner ceux qui le crucifiaient ; mais « quiconque parlera contre le Saint-Esprit, a-t-il dit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle, ni dans le siècle à venir3 ». Que Dieu nous garde tous les deux, toi qui lis ce livre et moi qui l’écris, de parler avec légèreté de son Esprit, ou de fausser en quoi que ce soit la vérité le concernant.

Nous avons besoin l’un et l’autre d’une profonde humilité devant notre Créateur, surtout en entreprenant, comme maintenant, l’étude sa personne, car nous dépendons absolument de son Esprit pour savoir qui est son Esprit ! Sans la crainte de l’Éternel, nous ne connaîtrons jamais la sagesse4, et sans cette sagesse nous ne parviendrons jamais à l’amour de Dieu. Jésus n’a-t-il pas dit que pour entrer dans le royaume de Dieu il fallait devenir comme un enfant5 ? L’enfant est simple, franc, direct, naïf — mais il voit extrêmement clair.

Je voudrais en même temps éliminer de mon cœur tout esprit de controverse, d’aigreur, d’accusation. En nous approchant ensemble de celui qui va bientôt nous juger selon la vérité absolue, nous avons besoin d’un respect mutuel et d’un amour fraternel sans hypocrisie. Car « notre Dieu est un feu dévorant6 ».

Ajoutons, en conclusion, que Dieu est encore plus personnel que nous. Il est la source de toute conscience, de toute intelligence, de toute énergie et de toute personnalité. Une rivière ne peut pas remonter plus haut que sa source ; la source est le point d’origine dont tout le reste découle. Dieu ne peut pas être moins personnel que les choses qu’il a créées ; il ne peut être moins personnel que la somme totale de toutes les personnalités existantes. Il se peut qu’il soit plus que personnel, ultra-personnel ; mais il n’est et ne peut pas être « infrapersonnel ». Il est bon de savoir que nous avons à faire à un Dieu conscient de toutes choses, un Dieu avec qui nous pouvons dialoguer de manière personnelle. Il nous rencontre sur le plan du rationnel, de l’esthétique, du moral, sur le plan aussi de la sensibilité. Jésus est justement l’incarnation de cette conscience, « l’humanisation » de cette personnalité infinie, à laquelle nous devons tous rendre compte et que nous avons tant besoin de connaître.

3 - Matthieu 12.31-32. Voir aussi Exode 23.20-22
4 - Proverbes 9.10
5 - Matthieu 18.3
6 - Hébreux 12.29. Voir aussi Exode 19.16-24 ; Hébreux 2.1-4 ; 3.7-4.1, 11-13 ; 6.4-8 ; 10.26-31 ; 12.25-29

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