Le don de parler diverses langues

PREMIÈRE PARTIE

LE TEXTE DE MARC

CHAPITRE 1

L'ENSEIGNEMENT DE JÉSUS-CHRIST :

ANALYSE DU TEXTE DE MARC 16

LE TEXTE DE Marc 16.15-18

Voici le premier texte sur le don des langues, l'unique parole que le Seigneur Jésus-Christ nous ait laissée à ce sujet.

Version Segond

Jésus dit à ses onze apôtres : verset 15 « Allez par tout le monde et prêchez la bonne nouvelle à toute la création.

V. 16 : Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné.

V.17 : Voici les miracles (grec : sêmeia = signes) qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ;

V.18 : ils saisiront des serpents ; s'ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal ; ils imposeront les mains aux malades et les malades seront guéris. »

Texte grec du verset 17

en tô onomati mou daimonia ekbalousin ;

par mon nom (2) des démons (1) ils chasseront ;

glôssaïs lalêsousin kaïnaïs

(3) langues (1) ils parleront (2) (dans) de nouvelles

COMMENTAIRE SUR LE TEXTE DE MARC

Un point d'interrogation

Ici, nous sommes tout de suite confrontés à un problème : les versets 9 à 20 de Marc 16 ne se trouvent pas dans plusieurs des meilleurs et des plus anciens manuscrits du Nouveau Testament. Pour cette raison, certains commentaires fidèles à la Bible, refusent, en attendant que Dieu fasse paraître de nouvelles preuves irréfutables de l'authenticité de ces douze versets, de s'en servir de façon dogmatique pour établir une doctrine fondamentale.

Il faut cependant reconnaître que les chrétiens en général, et cela à partir déjà du deuxième siècle, ont accepté ce passage comme étant inspiré de Dieu même s’il provient d'une autre plume que celle de Marc. De toute façon, je l'examine ici parallèlement aux autres textes que nous allons étudier, car je ne vois aucune raison spirituelle de douter de sa place dans les Saintes-Écritures.

Le silence de Jésus

C'est tout de même un fait remarquable que le Seigneur Jésus, autant que nous le sachions, n'ait jamais parlé « en langue » lui-même et que, parmi ses enseignements si étendus, il ne nous apprenne rien sur cette question. Nous n'avons, venant de lui, que ce seul texte encore douteux et d'ailleurs extrêmement bref et dépourvu de toute explication. Pourquoi, si le « parler en langue » est aussi important qu'on voudrait nous le faire croire, notre Maître ne nous a-t-il laissé aucune doctrine, ne serait-ce qu'un commandement ou une définition qui mettrait hors de doute la signification de ce phénomêne ? Or, les apôtres ne nous en parlent guère ; le Seigneur, à part cette unique phrase, ne nous en dit rien du tout.

À quoi Jésus pensait-il  ?

« Ils parleront de nouvelles langues » disait-il (verset 17). Je pense que nous serons tous d'accord pour voir un accomplissement de cette prophétie dans les événements d'Actes 2 et 10. Pourtant, la prophétie de Jésus n'y trouve qu'une réalisation fragmentaire. Car, dans aucun de ces deux passages il n’est fait mention de serpents, ni de poisons, ni d'exorcismes, ni même de guérisons. Il n'est pas impossible que certains de ces miracles aient eu lieu à ces deux occasions, mais le texte n'en souffle mot.

Il me semble tout aussi certain que le Seigneur prévoit dans cette prophétie l’ensemble de l'histoire de son Église. Au cours des siècles, toutes ces choses se sont en effet accomplies. Nous savons que l'apôtre Paul, mordu par une vipère sur l’île de Malte, n’a ressenti aucun mal. Il est certain aussi que des prisonniers martyrs ont bu du poison sans succomber et que d'innombrables croyants ont été guéris de leurs maladies. Les annales des grands missionnaires contiennent toutes sortes de récits extraordinaires. La vie du Sadhou Sundar Singh en fournit bien des exemples.

Mais il n'y a rien dans ce texte de Marc qui nous permette d'affirmer que chaque disciple de Jésus-Christ fera inévitablement toutes ces choses. On entend pourtant citer ce passage assez souvent dans le but de justifier et même d'imposer une glossolalie universelle pour tous les chrétiens. Mais alors, pourquoi ne pas dire que chacun doit non seulement guérir les malades et les démoniaques, mais encore saisir des serpents et boire du poison ? Ce serait logique... et monstrueux !

Il est vrai qu'il existe certaines sectes pseudo-chrétiennes qui pratiquent la sorcellerie par la manipulation des serpents ; mais dans ce cas, il s'agit d'un occultisme satanique qui revêt une terminologie chrétienne. Jamais le Christ n'a voulu imposer de tels signes à tous ceux qui le suivent. Si le poison n'est pas un signe obligatoire de la foi, pourquoi les « langues » le seraient-elles donc ?

Non ! Le Seigneur prédit simplement que les langues miraculeuses seraient un signe parmi d'autres que connaîtrait l'Église en général, mais pas nécessairement chaque croyant.

Jésus avait les yeux sur la moisson

Pourtant, je suis convaincu que Jésus, dans sa prophétie, voit beaucoup plus loin que les langues d'Actes 2, plus loin même que toutes les manifestations miraculeuses qui ont eu lieu à l'époque des apôtres. N'oublions pas — c'est un fait très significatif — que les paroles du Seigneur que nous étudions sont prononcées dans la perspective de l'évangélisation mondiale et non dans un contexte de louange ou d'édification de l'église locale. C'est au moment où il dit : « Allez par tout le monde et prêchez la bonne nouvelle à toute la création » que Jésus ajoute : « ils parleront de nouvelles langues ».

Nul doute que le Seigneur, en prononçant ces paroles, pensait aux âmes de toutes les nations pour lesquelles il avait versé son sang, et en particulier à la multitude de ses disciples qui, au cours des générations, allaient sacrifier leur vie dans le but d'obéir à son commandement d'évangéliser ces nations.

« Nouvelles » ou « incompréhensibles » ?

Le Seigneur n'offre aucune définition, ni aucune explication des langues qu'il a en vue dans sa prophétie. Il les désigne seulement comme étant, non « incompréhensibles », mais « nouvelles ». Cette expression peut très bien s'appliquer aux nombreuses langues, souvent difficiles et jusqu'alors inconnues, que les missionnaires du Christ ont apprises — quel miracle de dévouement et de foi ! — au cours des siècles. Par elles l'Esprit de Dieu a voulu réaliser son objectif véritable qui consiste à faire connaître Christ à toutes les familles de la terre. Qui peut le contredire ? Si un homme donne toute sa vie, s'il accepte de s'intégrer à une culture totalement différente de la sienne ou même à une existence primitive afin de maîtriser une langue compliquée, en la transcrivant en écriture alphabétique pour traduire enfin le Nouveau Testament dans cette langue, prêcher Christ et fonder de nouvelles églises là où Christ est inconnu : cela est, à mes yeux, bien plus miraculeux que d'utiliser un langage inintelligible sans bouger de chez soi. Jésus, en formulant l'expression : « nouvelles langues », ne pouvait que penser à cette grande foule, « de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue » qui serait un jour dans son royaume, rachetée par son sang Apocalypse 7.9 — mais qui resterait dans l'ignorance si personne ne l'évangélisait. Pour lui, ceci était le but même de son incarnation, de sa mort et de sa résurrection : c'est encore à ses yeux, aujourd'hui, plus important que tout ; c'est la plus grande de toutes les responsabilités qui incombent à son Église.

Nous reviendrons sur la signification de cette prophétie du Seigneur Jésus à la fin du présent ouvrage, (voir chapitre 27.)

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