Le Vieux Cévenol

CHAPITRE XII

Ambroise est arrêté.

C’est pourtant un assez bon siècle que le nôtre. On ne brûle plus de petits enfants dans les bras rougis d’une statue de cuivre ; on n’imite nulle part le taureau de Phalaris ; on ne voit plus sept ou huit princes suivis de tous leurs sujets, aller envahir, avec une croix rouge sur la poitrine ou sur l’épaule, les États d’un prince voisin ; pas un monarque ne songe à répéter la petite saignée de la Saint-Barthélemy ; et je crois même qu’il y a plus de trente ans qu’on n’a brûlé aucun sorcier ni aucun hérétique. J’avoue franchement que j’aime assez ce calme paisible de nos mœurs, et que puisqu’il faut que dans l’histoire de l’humanité il y ait de longues scènes de massacres, de brûleries, d’emprisonnements et autres tragédies nationales, j’aime beaucoup mieux que tout cela soit passé. J’observe même, avec quelque plaisir, que nos mœurs prennent une pente douce vers la concorde et le support : il se fait par-ci par-là quelques bons établissements ; il n’y a point d’idée utile qui n’ait été adoptée par quelque prince. J’avoue enfin que je suis doucement ému lorsque je lis un écrit qui dispose les hommes à la tolérance, parce qu’il me paraît que l’opinion publique est toujours la dominatrice des souverains, qui sont, ainsi que le vulgaire, élevés et formés d’après les idées généralement reçues.

J’entends bien quelques gens murmurer sourdement et regretter le temps passé ; je les plains d’être nés un siècle trop tard. Oh ! s’ils étaient venus dans les beaux jours de la France, dans le siècle brillant et destructeur des Fénelon et des Bâville, des Racine et des Marillac, des La Fontaine et des d’Hérapine, des Corneille et des La Chaise, combien leur âme aurait été égayée par les spectacles intéressants qui s’offraient dans les provinces ! Tandis que Louis le Grand assistait dans Paris aux comédies de Molière ou aux drames harmonieux de Quinault, dont il aimait surtout les prologues, le petit peuple des petites villes assistait à des tragédies réelles. Aujourd’hui, c’était une chaîne de galériens qu’on allait voir passer, et qu’on avait le plaisir d’accabler d’injures. Le lendemain, c’étaient de vieilles dévotes huguenotes, ou de jeunes garçons, ou quelque fille bien faite, qui étaient fouettés publiquement par la main du bourreau. Un autre jour, on allait voir pendre cinq ou six personnes pour passer le temps ; et ces spectacles n’étaient point rares. On l’a dit mille fois : Panem et circenses, il faut au peuple du pain et des jeux ; mais si l’on sait lui procurer des amusements qui renforcent et en durcissent ses mœurs, c’est le comble de la politique.

Tels étaient donc les spectacles que l’on donnait alors au public dans nos provinces, et dont Ambroise fut témoin dans la suite. Ils eurent beaucoup à souffrir dans leur route, lui et ses compagnons. Les prudentes ordonnances des intendants défendaient de donner à manger aux voyageurs qui n’avaient point de chapelets ; mais nos fugitifs trouvaient dans les bois des fruits sauvages et des racines dont ils s’aidaient à soutenir leurs forces. Ils voyaient partout les campagnes désolées, les métairies absolument désertes, les champs en friche, les ouvriers catholiques, dupes du zèle national, qui demandaient leur pain, ou qui prenaient une cocarde pour en prendre avec privilège. Dans les villages, les maisons ouvertes, les rues pleines d’effets brisés, de denrées détruites ou gaspillées, une solitude parfaite, présentaient l’aspect d’un pays dévasté par l’ennemi. Les grands chemins étaient couverts de soldats, d’archers, de prisonniers, de fuyards, de mendiants, de voleurs et de cadavres de gens assassinés ; et tel était le spectacle qu’offrait alors à l’Europe cette France que l’Europe accusait malignement d’aspirer à la monarchie universelle.

Les pays étrangers avaient alors une politique bien différente. L’édit de Nantes fut révoqué au mois d’octobre 1685. Dès que l’Électeur de Brandebourg en sut la nouvelle, et le 29 du même mois, il publia un édit par lequel il invitait ceux que l’oppression avait chassés de leur pays à se retirer dans le sien. Privilèges considérables, pensions, habitations toutes formées, églises surtout pour prier Dieu : tels étaient les appâts qu’il leur présentait pour les attirer. Il les distribuait par colonies dans ses États, et ils y trouvaient des ministres pour leur prêcher et des juges de leur langue pour les juger. Plusieurs princes d’Allemagne, ceux de la maison de Lunebourg, les landgraves de Hesse-Cassel et de Hesse-Hombourg[68], le margrave de Bayreuth imitèrent cet exemple, et l’on vit des villages français transportés dans les forêts de la Germanie, y garder un nom qui leur était cher ; et leurs habitants consolés continuèrent d’y parler le doux idiome de leur patrie.

[68] Des trois colonies reçues dans les États de ce dernier et qui sont florissantes sous le prince actuel, héritier de toutes les vertus de ses ancêtres, la seule colonie de Frédérichsdorf suffit pour prouver que l’intolérance, en France, a fait du bien aux pays étrangers. Cet endroit très considérable n’est absolument composé que de familles françaises réfugiées, qui, par leur commerce, leurs fabriques et leurs mœurs jouissent d’une aisance parfaite, et se rendent dignes de la protection du souverain dont elles ont le bonheur de relever.

L’Angleterre fit des collectes prodigieuses pour l’entretien des réfugiés dont elle envoya un grand nombre dans les colonies des deux Indes, avec des avantages considérables. La Hollande fit vingt fois plus pour eux : elle prodigua les pensions et les secours aux militaires, aux gentilshommes, aux ministres. Il se forma des régiments entiers de réfugiés, et le spectacle de ces milliers de fugitifs répandus dans le Nord, et leurs pleurs, et leurs regrets, et leurs invectives même contribuèrent à aigrir les peuples contre la France, et à donner aux alliés, dans la guerre qui suivit ces événements, cette opiniâtreté qui mit la France à deux doigts de sa perte. Les ambassadeurs de S.M. Très Chrétienne écrivaient tous à leur cour, mais le grand cœur de Louis se consolait à l’aspect des statues que l’Église élevait à son honneur, et de la gloire qu’il trouvait à bannir l’hérésie de ses États.

Ambroise et sa troupe, en errant dans les bois et sur les chemins, rencontrèrent plusieurs protestants fugitifs, déguisés en diverses manières. Plusieurs s’incorporèrent à leur troupe, qui grossit insensiblement. Enfin, après avoir parcouru longtemps des chemins perdus, et traversé des montagnes escarpées, Ambroise et ses compagnons arrivèrent à quelques lieues au-dessous de Lyon, où leurs guides leur avaient dit qu’il fallait traverser le Rhône. Ils eurent le bonheur de gagner, avec de l’argent, un patron, qui les passa dans sa barque, et les mit à l’autre bord. Mais il était grand jour et, ayant été aperçus d’un village voisin, ils entendirent sonner le tocsin. Bientôt une vingtaine de paysans armés vinrent fondre sur eux, animés par deux grands motifs : la religion et l’espoir du butin. Les Ordonnances du roi[69] donnent le tiers des effets des fugitifs à ceux qui pourront les arrêter ; et ces lois, pleines de sagesse et de douceur, arment ainsi continuellement une partie des Français contre l’autre. Un autre tiers appartient, par les mêmes ordonnances, aux délateurs, genre d’hommes respectables qu’il est bon d’entretenir dans un État bien gouverné. Que si quelqu’un s’avisait d’avoir la fausse charité de dérober ces fugitifs aux poursuites ou de les favoriser le moins du monde dans leur évasion, une autre loi[70], non moins sage, condamne ce malhonnête homme aux galères. Mais, le législateur s’étant aperçu de sa méprise, et que cette peine était trop douce, la commua en peine de mort le douzième jour d’octobre de l’an de grâce 1687. Ces saintes Ordonnances avaient échauffé toutes les têtes, en sorte que les paysans eux-mêmes, animés d’un esprit de zèle pour le soutien de la législation, étaient partout aux aguets pour arrêter les fugitifs.

[69] 26 avril 1686.

[70] 7 mai 1686.

Les compagnons d’Ambroise résolurent de se défendre ; et, feignant de se ranger dans un certain ordre de bataille, ils marchèrent droit à eux. Les paysans, effrayés à leur tour, prirent la fuite, et laissèrent ces protestants libres de continuer leur route. Mais leur infortune n’était que retardée ; ils furent guettés, suivis, et, deux jours après, arrêtés en Dauphiné avec leurs guides. Pour le coup, Ambroise n’ignorait pas les Déclarations du roi et la peine qui l’attendait ; aussi, dès ce moment se regarda-t-il comme destiné à finir ses jours sur les galères ; et il se résigna à son sort, comme un homme qui n’a aucun espoir de le voir changer.

Le lendemain, on le conduisit avec ses compagnons dans l’endroit de la route où ils devaient joindre la chaîne. On leur mit au cou des chaînes du poids de quarante ou cinquante livres ; on les attacha avec des voleurs ; on ne leur donna qu’une nourriture grossière, et en très petite quantité ; et quand ils tombaient de lassitude, on les faisait relever à grands coups de bâtons. Au rendez-vous de la chaîne, ils trouvèrent une foule de gens de considération, négociants, avocats, gentilshommes, qui avaient été arrêtés comme eux, et dont plusieurs étaient vénérables par leur âge, leurs infirmités et leurs longs services[71]. Ils arrivèrent ainsi à Valence.

[71] Je pourrais produire des listes de trois mille personnes arrêtées dans les provinces depuis 1744, à l’occasion de leurs assemblées religieuses, et, en particulier, dans le haut et bas Languedoc, les Cévennes, le Vivarais, le Dauphiné, la Provence, le comté de Foix, le Poitou et la Saintonge. Sans parler du commun peuple, on y compterait plus de six cents gentilshommes, avocats, médecins, bons bourgeois et riches négociants, qui ont essuyé tout ce qu’a d’accablant une captivité longue et dure, qui n’a cessé que par le paiement d’amendes et de contributions aussi arbitraires que ruineuses. Plus de mille autres ont été condamnées à des peines infamantes, et l’on compte près de cent gentilshommes parmi eux. Le seul Parlement de Grenoble ajourna trois cents personnes en 1744, et les exposa, par sa citation, à de grands frais de voyages et de procédures. Au mois de juillet 1746, la même Cour députa le sieur Cotte avec la maréchaussée, et une escorte de deux cents soldats. Partout où ils passèrent, sur la simple dénonciation des curés, on faisait subir à des innocents le plus triste sort. Quelque temps après, le Dauphiné vit encore renouveler ces tristes recherches, et plus de trois cents personnes furent condamnées à la mort, aux galères, au fouet, au pilori, au bannissement, à la prison perpétuelle ou à temps, à la dégradation de noblesse, ou à des frais ou des amendes pécuniaires. Cinquante-trois gentilshommes, entre autres les sieurs de Bournat, Berger, Beyles, Saint-Dizier, Bonnet, Châtillon, Oste, Trescou, Château-Double et Saint-Julien perdirent leur état, et il y en eut six qui furent conduits aux galères.

En 1745, 1746, 1747, 1750 et 1751, plus de trois cents personnes, parmi lesquelles se trouvaient quarante gentilshommes et deux chevaliers de Saint-Louis, furent condamnées aux galères perpétuelles par le Parlement de Bordeaux et par les intendants d’Auch, de Montpellier, de Perpignan, de Poitiers, de Montauban et de La Rochelle. Couserans seul en fournit cinquante-quatre exemples. Il y eut même, en 1746 et 1747, cinq condamnés à mort, peine prononcée par l’intendant de Montauban et les Parlements de Bordeaux et de Grenoble.

Cependant on écrivait de Marseille que les galères et les prisons étaient pleines, qu’on avait encore garni de prisonniers toutes les maisons fortes des environs, et qu’on ne saurait où loger ces nouveaux hôtes. Il fut résolu d’abord de les mettre, en attendant, dans des cachots ; et comme il convenait de les choisir aussi horribles qu’il se pourrait, on hésitait entre beaucoup de prisons célèbres, dont les cachots sont infects et puants. « À Bourgoin, » disait-on, « les cachots sont si profonds, si étroits et si humides, qu’il faut y dévaler un homme par-dessous les aisselles, et que le plus robuste ne peut pas y rester deux heures sans s’évanouir. Ceux de Grenoble ont bien leur mérite, car le froid et l’humidité y sont tels, qu’au bout de quelques semaines on y perd les cheveux et les dents. Nous avons encore le cachot de la Flocellière, où passent toutes les ordures d’un couvent voisin, et où les gens du lieu prennent la peine de porter des charognes, pour augmenter la puanteur. Mais au fond, dans quel [que] lieu que l’on mette les prisonniers, n’avons-nous pas cette précieuse invention de nos dragons, qui jettent des ventres de moutons pourris dans les cachots, et qui appellent cela jeter des bombes[72] ? » Le lecteur que la nature a doué de fibres fortes et d’une certaine raideur dans l’âme verra avec plaisir que dans ce beau siècle de Louis XIV, les esprits avaient encore de l’énergie, et que l’on n’avait pas été amolli par la lecture de Montesquieu, et [de l’ouvrage] du marquis de Beccaria sur les Délits et les Peines. Il frémira sans doute en pensant que le gouvernement pourrait bien être tenté de supprimer des lois qui, si on les laissait subsister, entretiendraient au moins ces dispositions aujourd’hui si rares et qu’on a un si grand sujet de regretter.

[72] Voyez Hist. de l’Édit de Nantes, par Élie Benoît, tome III.

Ambroise fut d’abord jeté, avec deux de ses compagnons, dans un cachot très étroit, où il leur fut impossible de dormir toute la nuit parce qu’on leur avait laissé leurs chaînes. Ils entendirent des cris plaintifs, et comme des voix de femmes qui poussaient des gémissements affreux ; bientôt elles entonnèrent des psaumes auxquels d’autres voix se joignirent de divers endroits de la prison. Nos trois forçats, émus de ce concert, s’y joignirent aussi, et pendant une heure, cet horrible séjour retentit des hymnes de ceux qui y étaient renfermés. Mais à ces cantiques succédèrent ensuite, dans un cachot au-dessus de celui d’Ambroise, les cris perçants de deux femmes, que quelqu’un maltraitait à grands coups de nerf de bœuf. Cette horrible exécution dura près de demi-heure ; et la porte s’étant refermée avec bruit, ils n’entendirent plus que des gémissements et des sanglots. Nos prisonniers étaient impatients de savoir qui étaient ces femmes, dont la situation semblait encore plus déplorable que la leur ; ils parvinrent à ôter quelques briques du pavé, et s’étant fait entendre à ces femmes, ils leur apprirent qui ils étaient, où ils allaient ; et leur demandèrent ensuite qui elles étaient elles-mêmes, car ils comprenaient bien que la religion seule pouvait être la cause des horribles traitements qu’elles enduraient. Elles leur apprirent qu’elles étaient filles de M. Ducros, avocat de Languedoc ; qu’ayant refusé de changer de religion, on les avait conduites à l’hôpital général de Valence, en vertu d’une Déclaration du roi du 3 septembre 1685[73], qui ordonne que les femmes qui ne voudront pas se convertir recevront la discipline dans les couvents ; que par une interprétation pire encore que la loi, on les avait mises entre les mains du directeur de cet hôpital, nommé d’Hérapine ; que ce scélérat ne laissait point passer un jour qu’il ne les fît pendre toutes nues par les mains, pour les faire déchirer de gaules et de verges en sa présence ; qu’à peine leur donnait-on de quoi se couvrir, ou qu’on leur faisait revêtir des chemises pleines de sang et de pus que l’on ôtait aux malades ; qu’elles couchaient sur la terre, dans des cachots infects, et ne mangeaient que du pain plus propre à les empoisonner qu’à les nourrir ; que les quatre filles d’un négociant de Languedoc étaient renfermées dans la même maison et exposées aux mêmes tourment ; que, depuis peu de jours, M. Menuret, avocat de Montélimar, qu’on y avait renfermé pour avoir voulu sortir du royaume, y était expiré sous le bâton, et qu’il leur faudrait des journées entières pour raconter les affreux traitements qu’on leur faisait subir. Les prisonniers s’encouragèrent réciproquement ; ils se consolèrent par quelques passages de l’Écriture ; et, le point du jour approchant, on ouvrit le cachot où étaient Ambroise et ses deux compagnons ; on les fit lever à grands coups de bâtons, tant pour les punir d’avoir chanté des psaumes pendant la nuit que pour faire plus de diligence ; mais nos forçats, loin de murmurer de ces traitements, priaient pour leurs bourreaux, ce qui leur valut encore quelques coups avant que de sortir du cachot.

[73] Comme les lecteurs curieux pourraient chercher cette déclaration du roi dans les recueils faits par les parlements, je dois les avertir qu’elle n’y est point, parce que divers parlements la trouvèrent si dure qu’ils refusèrent de l’enregistrer. Il y a apparence que les autres déclarations leur parurent honnêtes et douces, puisqu’ils les enregistrèrent et les firent exécuter avec tant de rigueur. Quoi qu’il en soit, celle que je cite a été conservée dans les mémoires du temps, et je vais la rapporter ici :

« Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, à tous ceux qui ces présentes verront, salut. Les intendants de nos provinces nous ayant fait connaître la docilité avec laquelle nos sujets, que la naissance a tenus jusqu’ici malheureusement engagés dans les erreurs de Calvin rentrent tous les jours dans le sein de l’Église romaine, notre mère, y étant poussés par les vives lumières que nos évêques et missionnaires répandent de tous côtés, et par l’inclination filiale qu’ils ont à se rendre enfin aux soins paternels que nous employons depuis si longtemps à les ramener dans la voie du salut ; nous avons jugé que c’était de notre piété royale et de notre devoir de ne rien oublier pour achever l’œuvre du Seigneur. Et parce qu’on nous a donné à entendre que rien ne s’oppose tant à la sainte résolution que Dieu nous inspire à purger notre royaume entièrement de l’hérésie, que l’opiniâtreté des femmes, qui, ne se contentant pas de refuser les instructions que les catholiques leur offrent si charitablement tous les jours, osent faire du bruit jusque dans les maisons contre leurs maris ou parents qui témoignent de bonnes intentions à embrasser notre sainte religion. Voulant arrêter pour l’avenir tous scandales et désobéissances criminelles aux maris et parents, ordonnons que toutes les femmes et filles qui n’auront point abjuré l’hérésie de Calvin huit jours après la publication de ces présentes seront enfermées dans des couvents, pour y être instruites pendant un mois, après lequel, si elles témoignent encore de l’opiniâtreté, elles seront contraintes de jeûner, veiller, prier, prendre les disciplines avec les autres religieuses des couvents où elles seront jusqu’à leur entière conversion. Enjoignant à tous les maris et parents à dénoncer leurs femmes, filles et parentes qui se trouveront dans le cas de notre présente déclaration, à peine d’être punis conformément aux ordres que nous avons donnés à nos intendants, auxquels défendons par exprès d’user envers aucuns contrevenants d’aucune modération. Et enjoignons de punir d’amendes et de peines corporelles, s’il est nécessaire, ceux qui voudront les solliciter de relâcher en quelque manière de la sévérité de nos lois, en faveur de qui que ce soit sans exception. Donné à Versailles le 3 septembre 1685, et de notre règne le 43e. Signé Louis : Et, plus bas : Phelipeaux. »

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