Aux pieds du Maître – La Prière

III. La Prière

Première partie

Le disciple :

On entend souvent dire « Si Dieu a une entière connaissance de nos besoins et s'il sait la meilleure manière d'y pourvoir, non seulement lorsqu'il s'agit du bien, mais encore à l'égard du mal, quelle nécessité y a-t-il donc pour nous de lui exposer ces besoins, spirituels ou matériels ? »

Pouvons-nous, par nos prières, changer quelque chose aux desseins de Dieu ?

Le Seigneur :

Ceux qui posent de telles questions montrent par là même qu'ils ignorent ce qu'est la prière. Sinon, ils sauraient que prier ce n'est pas simplement mendier auprès de Dieu. La prière n'est pas un acte de mendicité pour les besoins de notre vie. Prier, c'est obtenir Dieu Lui-même, Celui qui donne la vie. Lorsque vous posséderez cette source de vie et serez ainsi unis à Lui, vous aurez la vie et, dès lors, il pourvoira lui-même à tous vos besoins. Aux hommes vains, mauvais, Dieu, dans son amour, accorde les choses de ce monde, celles-là seules : ils ne peuvent pas avoir de besoins spirituels, puisqu'ils n'ont pas de vie spirituelle. Si même des bénédictions de cet ordre leur étaient dispensées, ils ne les apprécieraient pas et les auraient bientôt perdues. A ceux qui sont sauvés, Dieu accorde toutes sortes de dons, mais spécialement les dons spirituels afin que, détournant leur cœur des choses visibles qui ne sont que pour un temps, ils concentrent leurs aspirations sur celles qui sont invisibles et qui durent à toujours. En priant, ils ne changent rien aux desseins de Dieu, mais ceux qui sont de Dieu deviennent conscients de son dessein à leur égard. Quand ils sont en prière, Dieu lui-même se manifeste à eux dans le sanctuaire de leur cœur et s'entretient avec eux. Lorsque son but, qui est toujours de leur faire du bien et de les bénir, leur est ainsi dévoilé, leurs doutes et leurs murmures sont éloignés pour toujours.

2. Prier, ce fut toujours et c'est encore respirer l'atmosphère divine. Dieu communique son Esprit Saint à ceux qui prient dans cette vie, afin qu'ils deviennent des « âmes vivantes. (Gen. 2.7 ; Jean 20.22). Ils ne mourront jamais, car l'Esprit de Dieu qui pénètre dans leur être spirituel par le moyen de la prière leur donne vigueur, santé et vie éternelle. Dieu, qui est amour, leur a libéralement dispensé tout ce qui est indispensable à leur vie spirituelle et matérielle. C'est parce que, dans sa grâce, il accorde ainsi gratuitement le salut et le Saint Esprit, que l'homme naturel n'apprécie pas ces dons, que seule la prière lui apprend à estimer réellement. C'est comme pour la chaleur, l'eau et l'air, sans lesquels il serait impossible à l'homme de vivre. Dieu les lui ayant dispensés libéralement et gratuitement, il ne réfléchit même pas à la nécessité de rendre grâce pour ces bienfaits. Bien au contraire, il estime l'or, l'argent, les bijoux, toutes les choses qui coûtent cher, ne s'obtiennent que difficilement et qui, cependant, n'apaisent ni la faim ni la soif et ne procurent aucune satisfaction, aucun repos d'esprit. Et c'est ainsi que, dans le domaine spirituel, l'homme naturel se conduit en insensé ; mais la sagesse et la vie sont données à l'homme de prière.

3. Ce monde ressemble à un vaste océan dans lequel beaucoup enfoncent et se noient. Cependant, les poissons vivent même dans l'eau la plus profonde grâce à ce que, remontant à la surface, ils absorbent une certaine quantité d'air qu'ils savent garder intérieurement et qui leur permet de vivre au fond de la mer. Ainsi, ceux qui, remontant à la surface de l'océan de la vie aspirent, au moyen de la prière solitaire, l'atmosphère vivifiante de l'Esprit Saint, restent forts et bien vivants dans l'océan du monde.

4. Bien que les poissons demeurent toute leur vie dans l'eau salée de l'océan, ils ne deviennent jamais eux-mêmes du sel, parce qu'ils vivent. De même l'homme de prière qui vit dans l'océan du monde imprégné de péché, demeure pur de toute souillure ; par la prière, son être spirituel se renouvelle sans cesse dans la fontaine de vie.

5. Lorsque le soleil darde ses chauds rayons sur l'eau salée de l'océan, les vapeurs qui s'en dégagent s'élèvent bientôt et se forment en nuages. Alors, changées en eau douce et rafraîchissante, elles retombent en averses bienfaisantes, car lorsque les vapeurs s'élèvent, le sel et les impuretés contenues dans l'eau restent dans la mer. Ainsi, les pensées et les désirs de l'homme de prière s'élancent vers le Ciel où les rayons du Soleil de justice purifient sa prière de toute trace de péché. La prière devient alors un vrai nuage qui répand du ciel sur la terre une pluie de bénédictions apportant ainsi à beaucoup, un renouvellement de vie.

6. Toute leur vie, les oiseaux aquatiques nagent dans l'eau et pourtant, lorsqu'ils se mettent à voler, leurs ailes sont parfaitement sèches. Ainsi lorsque, pour l'homme de prière qui a vécu dans le monde, l'heure vient de s'envoler vers le ciel, il est parfaitement nettoyé des taches et des souillures de cette terre de péché ; il arrive pur et sans tache au lieu de l'éternel repos.

7. Pour un navire, c'est tout à fait normal d'être dans l'eau, mais il est en danger et bien vite perdu si l'eau le pénètre et le remplit. Ainsi, pour un homme, c'est tout à fait normal d'être dans le monde et d'aider son prochain à atteindre le vrai but de la vie, mais si le monde entre en lui pour prendre possession de son cœur, c'est la ruine et la perdition. L'homme de prière garde à jamais son cœur dans la soumission à Celui qui l'a créé pour y bâtir son propre temple de sorte que, dans ce monde aussi bien que dans le monde à venir, il demeure en paix et en sécurité.

8. Chacun sait qu'il est impossible de vivre sans eau. Chacun sait aussi que celui qui est submergé par l'eau perd la vie : il meurt asphyxié. Il est donc nécessaire de se servir d'eau et de boire de l'eau, mais il n'est pas nécessaire de mourir asphyxié dans cette eau. Ainsi, il est nécessaire de se servir du monde et des choses du monde, car il est difficile de vivre sans cela : Dieu a créé le monde pour que l'homme en use, mais il n'est pas nécessaire de s'y noyer. Ceux qui abandonnent la prière, cette respiration de l'âme, meurent asphyxiés.

9. Lorsque la vie spirituelle souffre à cause de l'abandon de la vie de prière, les choses du monde, créées pour être utiles à l'homme, lui deviennent une cause de souffrance et de mort. Le soleil, dont la lumière et la chaleur donnent la vie et l'accroissement à toute végétation, peut aussi la flétrir et la dessécher. L'air, qui renouvelle la santé et la vie de tous les animaux, peut aussi causer leur mort. « Veillez et priez ».

10. Votre vie doit être telle que, vivant dans le monde, vous ne soyez pourtant pas du monde. Ainsi, ce qui est dans le monde, au lieu de vous faire du mal, vous deviendra utile en vous aidant à progresser spirituellement, à la seule condition que, votre cœur reste tourné vers le Soleil de justice. Dans beaucoup d'endroits sales et boueux, on voit s'épanouir des fleurs dont le suave parfum fait disparaître toutes les mauvaises odeurs. On y voit aussi des plantes qui, pour s'épanouir, se tournent vers le soleil afin d'en recevoir chaleur et lumière. Ainsi, la pourriture du sol, au lieu de leur nuire, agit comme un bon engrais qui aide à leur croissance. C'est ainsi que l'homme qui prie, en tournant toutes ses pensées vers moi, reçoit chaleur et lumière. Il me glorifie par le témoignage de sa vie sainte et renouvelée qui dissipe les effluves malsaines du monde et dont les fruits parfumés durent en vie éternelle.

Seconde partie

1. En insistant sur la prière, je ne veux pas dire que, sans elle, Dieu n'accordera aucun bienfait, ni que les hommes doivent, lorsqu'ils prient, lui exposer tous leurs besoins. Le grand avantage de la prière réside dans le fait que, par cette attitude, le cœur de l'homme se place dans les dispositions les meilleures pour recevoir le Dispensateur de toute grâce et pour obtenir de lui de précieuses bénédictions. Voilà la raison pour laquelle l'effusion du Saint-Esprit fut accordée aux disciples non pas dès le premier jour, mais au bout de dix jours de préparation spirituelle. Celui qui reçoit une bénédiction sans s'y être préparé ne sait ni l'apprécier à sa valeur, ni la retenir d'une façon permanente, Par exemple Saül, qui avait reçu et son royaume et le don du Saint-Esprit sans les avoir recherchés, les perdit au bout de peu de temps. Il avait quitté sa maison non pour obtenir le Saint-Esprit et un royaume, mais pour chercher ses ânesses perdues (1 Sam. 9.3, 10, etc.).

2. L'homme de prière seul sait comment invoquer Dieu en esprit et en vérité. Bien des hommes ressemblent à la sensitive : pendant qu'ils prient, ils sont sous l'influence du Saint-Esprit et reçoivent ses enseignements. Alors, pour un peu de temps, ils se sentent humiliés et courbent la tête devant Dieu mais, dès qu'ils ont quitté le lieu où ils étaient en prière, ils redeviennent exactement ce qu'ils étaient auparavant.

3. Si l'on néglige de soigner un arbre ou une plante qui produisent de belles fleurs et de bons fruits, ils perdent bien vite leurs excellentes qualités pour redevenir des plantes sauvages. De même, le croyant qui délaisse la prière, néglige sa vie spirituelle et cesse de demeurer en moi, ne sera plus en état de recevoir des bénédictions, retombera dans son ancienne vie de péché et sera perdu.

4. En regardant un héron qui se tient pensif sur le bord d'un lac ou d'un étang, nous pourrions nous imaginer qu'il songe à l'excellence de cette eau qui purifie et désaltère, ou encore, nous pourrions comparer son attitude à celle de quelqu'un en train de méditer sur la puissance et la gloire de Dieu. Nous savons bien pourtant que ses pensées sont tournées d'un côté tout différent et que, des heures durant, il veille pour attraper une grenouille ou quelque petit poisson et les avaler. C'est exactement ainsi qu'une masse de gens s'adonnent à la prière et à la méditation. Tout en se tenant au bord de l'océan divin, ils n'accordent pas une pensée à la puissance et à l'amour de Dieu, à son Esprit qui peut les nettoyer et les purifier du péché, non plus qu'à sa nature divine qui seule peut satisfaire leur âme. Ils sont absorbés par l'unique préoccupation de savoir comment obtenir la chose qu'ils désirent et qui peut les aider à jouir des plaisirs passagers de ce monde. Ils détournent leurs regards de la source du vrai repos pour les diriger vers les choses passagères de ce monde et périr avec elles.

5. L'eau et le pétrole qui sortent tous deux du sein de la terre se ressemblent à première vue. Cependant leurs caractéristiques et leurs effets sont absolument différents ; c'est ainsi que l'eau éteint le feu tandis que le pétrole l'anime. De même, le monde et ses vanités, le cœur et sa soif des choses divines, sont les créations du même Dieu. Eh bien ! le cœur qui s'efforce de trouver à se satisfaire dans la richesse, la pompe et la gloire de ce monde arrive au même résultat que celui qui, pour éteindre un incendie y jetterait du pétrole. Le cœur ne peut avoir de repos et ne peut être satisfait que par Celui qui, après l'avoir créé, a mis en lui cette aspiration, cette soif des choses divines (Ps. 42.1-2). C'est pourquoi, à quiconque viendra à moi je donnerai de l'eau de la vie, afin qu'il n'aie plus soif, et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source qui jaillira jusqu'en vié éternelle. (Jean 4.14).

6. C'est en vain que les hommes s'efforcent de trouver la paix dans le monde et par les choses du monde. L'expérience prouve qu'on n'y trouve ni paix véritable, ni satisfaction. Ces gens-là ressemblent à un garçon qui se mit à peler un oignon, enlevant couche après couche dans l'espoir de trouver au centre une amande, comme en soulevant le couvercle d'une boîte on peut atteindre ce qui est à l'intérieur. De telles espérances sont vaines et mensongères ; on ne trouve dans le monde que pelure sur pelure comme pour l'oignon. Ce monde et tout ce qu'il contient ne sera finalement que vanité des vanités (Ecclés. 12.10) pour l'homme, jusqu'à ce qu'il découvre la source de toute vérité et de toute vie.

7. Le monde est semblable à un mirage que celui qui cherche la vérité s'efforce d'atteindre, croyant y trouver l'eau de la vie pour son âme assoiffée. Il n'y trouve finalement que désappointement et désespérance. L'eau de la vie ne se trouvera jamais dans des citernes crevassées ou des étangs artificiels. Ceux-là seuls qui se tiennent en ma présence dans un sincère esprit de prière la trouveront en abondance auprès de moi qui suis la source de l'eau vive. Ils obtiendront satisfaction et vie éternelle (Es. 55.1 ; Jer. 2.13 ; Ap. 21.7).

8. Une femme parcourait un jour la montagne en portant un petit enfant dans ses bras. L'enfant aperçut une belle fleur au bord du chemin et, pour la saisir, il fit un bond tel que, échappant aux bras de sa mère, il tomba sur une grosse pierre où il se brisa la tête ; il mourut sur le coup. Il est bien évident que l'enfant était en sûreté dans les bras et tout près du cœur de sa mère qui l'aimait et le nourrissait. C'est l'attraction exercée sur lui par les fleurs du bord du chemin qui lui fit perdre la vie. Il en est de même pour le croyant dont la vie n'est pas ancrée dans la prière. S'il n'apprend pas à connaitre ma sollicitude et mon amour, qui dépassent de beaucoup ceux d'une mère (Es. 49.15), c'est qu'il ne l'aura pas voulu. S'il méprise le lait spirituel que je veux lui donner pour sa nourriture jusqu'en vie éternelle et que, fasciné par les choses temporaires mais visibles du monde, il s'arrache de mes bras et perd la vie, il en sera seul responsable.

9. Le lait de la mère ne jaillit dans la bouche de l'enfant que lorsque celui-ci se donne la peine de le prendre. De la même manière, mes enfants n'obtiendront pas le lait spirituel et la nourriture qui donne la vie tant qu'ils ne les saisiront pas au moyen de la prière. Il n'est pas du tout nécessaire que l'enfant commence par comprendre ce qu'est le lait de sa mère. Il sait bien, sans cela et tout naturellement, de lui-même, comment il doit faire pour se nourrir de ce lait. Ainsi, ceux qui sont nés de l'esprit apprennent d'eux-mêmes, grâce à leur intelligence des choses spirituelles et sans avoir besoin d'une instruction spéciale ou de la philosophie de ce monde, comment ils doivent prier, comment ils doivent recevoir de moi le lait spirituel de la vie éternelle.

10. J'ai créé en l'homme aussi bien la faim et la soif du corps que celle de l'âme. C'est afin qu'il n'aille pas s'imaginer, dans son insouciance, qu'il est Dieu. Il faut que, jour après jour, il reconnaisse qu'il n'est qu'une créature aux besoins toujours renouvelés, une créature qui dépend pour sa propre vie, de la vie et de l'existence d'un Autre, qui l'a créée. Ainsi, conscient de ses propres déficits et de ses besoins, il peut demeurer en moi et moi en lui. Cela se fait par la prière, la foi et la vie spirituelle, en sorte que mon enfant soit à jamais heureux en moi.

Troisième partie

1. Prier, ce fut toujours et c'est encore entrer en conversation avec moi, vivre dans ma communion et demeurer en moi, pour devenir semblable à moi. Il existe une sorte d'insecte qui se nourrit d'herbe et de feuilles, vit dans la verdure et en prend la couleur. L'ours polaire vit dans la neige et son pelage en a la blancheur. Le tigre du Bengale adopte dans son aspect celui des roseaux et  des hautes herbes qui couvrent les lieux qu'il habite. Ceux aussi qui vivent dans une atmosphère de prière et de grâce spirituelle, en communion avec moi, comme les anges et les saints, obtiennent une nature pareille à la mienne.

2. Le jour où, pour un peu de temps, je révélai quelque chose de ma gloire à Pierre, Jacques et Jean sur la montagne, Moïse et Elie, seuls de tous les saints leur apparurent durant un court instant. Les apôtres furent néanmoins tellement émus par la radieuse beauté de cet avant-goût béni du ciel, qu'ils se déclarèrent prêts à élever trois tentes pour rester là (Mat. 17.1-5). Que sera-ce, lorsqu'ils entreront dans la pleine gloire de la vie éternelle, avec la multitude des saints et des anges ? Quel bonheur merveilleux, sans aucune crainte désormais de le voir s'évanouir ! (Jean 17.24 ; Luc 1.17). Les hommes de prière ne sont jamais abandonnés à eux-mêmes, car je suis toujours avec eux (Mat. 28.20).

3. Ce n'est pas une chose bien extraordinaire que d'être capable de s'asservir des bêtes féroces ou de commander à la lumière, au tonnerre comme au vent, et aux autres éléments. C'en est une infiniment plus grande et un devoir plus nécessaire d'asservir Satan, aussi bien que sa propre nature et ses passions. A ceux qui vivent la vie de prière, j'accorde la grâce de fouler aux pieds toute la puissance de l'ennemi (Luc 10.17-20). Même pendant qu'ils sont encore dans le monde ils demeurent en moi et vivent en quelque sorte déjà dans les lieux célestes. (Eph. 2.6). Satan est dans les lieux inférieurs ; s'ils sont dans les lieux célestes où il ne peut les atteindre, ils sont parfaitement à l'abri, en moi. Les hommes qui commandent aux puissances de la nature n'exercent leur action que dans l'air et sur la terre, alors que les hommes de prière sont victorieux de Satan, du monde et d'eux-mêmes, car leur force est divine.

4. L'homme qui prie trouve joie et bénédiction dans les choses créées par Dieu, sans les gâter en aucune manière, de même que l'abeille suce les fleurs et en recueille le suc sans nuire à leur parfum et à leurs couleurs. Et comme le miel est composé du suc de toute sorte de fleurs, que l'abeille butine dans toutes les directions pour l'apporter ensuite à sa ruche, les sentiments et les pensées de l'homme de prière lui viennent de toute la création. C'est ainsi que, en communion avec son Créateur, il amasse dans son cœur le vrai miel de la grâce et vit avec-Lui dans une sécurité complète. Partout alors, dans n'importe quelles circonstances, il trouve sa joie dans l'amour, ce miel si doux du Seigneur.

5. C'est aujourd'hui qu'il faut amasser, au moyen de la prière, dans l'urne de votre cœur, l'huile du Saint Esprit, comme le firent les cinq vierges sages (Mat. 25.13), sinon il n'y aura que larmes et désespoir, comme pour les cinq vierges folles. C'est aujourd'hui qu'il faut recueillir la manne pour le vrai sabbat, sans quoi il n'y aura que douleurs et malédiction. (Ex. 16.15-27). Priez donc pour que « votre fuite n'arrive pas en hiver » (Mat. 24.20 ) ce qui signifie dans un moment de grande détresse comme la mort ou le dernier jour, et pour qu'elle n'arrive pas non plus « un jour de sabbat » car l'occasion de saisir la grâce ne vous serait ainsi plus offerte.

6. Sous l'influence du climat, la forme, l'apparence, la couleur et le caractère même se modifient. Ceux qui vivent dans l'atmosphère céleste, en communion avec moi, voient leur forme, leur apparence, leurs dispositions spirituelles se transformer et leur nature spirituelle devenir éternellement glorieuse, à ma ressemblance.

Du même doigt avec lequel je traçai le décret qui signifiait à Belschatzar son jugement et sa condamnation, (Dan. 5.5-27) j'ai écrit sur la terre le péché secret de ces hommes qui, pour faire condamner la femme adultère, l'accablaient de leurs accusations. Tous aussitôt s'en allèrent, honteux et confondus, l'un après l'autre (Jean 8.6-10). Du même doigt aujourd'hui, dans le secret, je montre à mes serviteurs leur péché et leurs blessures et, s'ils se repentent sincèrement, je les touche de ce doigt et les guéris. Et toujours de ce même doigt, comme un père dont l'enfant saisit la main pour qu'il lui aide à marcher, je conduis mes enfants de ce monde à la demeure du repos éternel (Jean 14.2-3).

7. Beaucoup prient le Père en mon nom, mais sans demeurer en moi. Ils ont bien mon nom dans la bouche et sur les lèvres, mais non dans leur cœur et leur vie. C'est pour cela qu'ils ne reçoivent pas ce qu'ils demandent car, lorsqu'ils demeurent en moi et moi en eux, je leur donne ce qu'ils ont demandé. C'est que, alors, conduits par le Saint-Esprit, ils ne demandent que des choses qui peuvent être à la gloire du Père, pour leur bien et celui de leurs semblables. Autrement, ils recevront du Père la réponse que fit à certain mauvais fils un magistrat que le père du jeune homme avait servi avec courage et fidélité. Le fils avait, en se recommandant du nom de son père, demandé au magistrat d'être favorisé dans l'octroi d'un emploi. Le magistrat, qui était au courant de sa mauvaise conduite et de ses méchantes actions, lui intima l'ordre de cesser de se recommander du nom à son père, tout en lui conseillant de chercher plutôt à imiter l'exemple de ce père afin de devenir semblable à lui ; d'imiter la noblesse de sa vie au lieu d'avoir son nom sur les lèvres. Alors seulement, présentant sa requête en son propre nom, il pourrait être écouté.

8. Il y a une immense différence entre ceux qui m'adorent et me louent des lèvres seulement et ceux qui le font de tout leur cœur, de toute leur âme. Un de mes vrais adorateurs priait fidèlement pour un homme qui n'était chrétien que de nom. Il demandait que les yeux de son voisin fussent ouverts afin qu'il pût comprendre la vérité. Pendant ce temps, l'autre formulait l'étrange prière que mon fidèle disciple devînt aveugle. A la fin, la prière de celui qui demandait avec amour et conformément à la volonté de Dieu fut exaucée et celui qui n'avait été mon serviteur que de nom ouvrit les yeux aux clartés spirituelles. Il devint un vrai adorateur et, pour toujours depuis lors, il fut un véritable frère pour mon serviteur.

9. La prière rend possible ce qui est impossible à l'homme. Celui-ci voit s'accomplir dans sa propre vie des miracles que les philosophes de ce monde déclarent contraires au bon sens et aux lois de la nature. Leur bon sens et leur connaissance de ces lois sont tellement limités que c'est presque comme s'ils n'existaient pas. Ils ne comprennent pas que celui qui a donné à chaque chose sa nature et sa loi ne peut pas être lui-même enchaîné par ses propres restrictions. Ce parfait législateur a élaboré des lois complexes et secrètes, dans le seul but d'assurer bénédiction et prospérité à toutes ses créatures. L'homme, être infirme, est incapable de comprendre ces choses, car ce n'est que spirituellement qu'on peut en juger. (1. Cor. 2.14).

Le plus grand des miracles, c'est la nouvelle naissance. Pour quiconque a fait l'expérience de ce miracle dans sa propre vie, tous les autres miracles deviennent possibles. Celui qui n'est pas né de nouveau voit partout des impossibilités. Dans les pays froids, c'est une chose toute naturelle que de voir l'eau se congeler, si bien que la rivière continue à couler sous une couche de glace assez épaisse pour qu'on puisse la traverser sans courir aucun risque. Essayez de parler de ce pont, fait par l'eau elle-même, à des habitants de pays très chauds où l'on transpire d'un bout de l'année à l'autre, ils vous répliqueront que votre assertion est contraire au bon sens et aux lois de la nature. Il en est ainsi de la différence entre ceux qui, nés de nouveau, vivent spirituellement au moyen de la prière en considérant sans cesse l'œuvre magnifique du Seigneur et ceux qui ne vivent que pour le monde, parfaitement ignorants de toute vie de l'esprit.

10. Quiconque désire, en réponse à ses prières, recevoir de Dieu vie et bénédiction, doit croire et obéir sans demander pourquoi. L'homme à la main sèche qui vint un jour à moi obéit immédiatement lorsque je lui ordonnai d'étendre la main et sa main sèche devint aussi saine que l'autre. (Mat. 12.10-13). Supposez que, sans obéir et sans croire, il eût commencé par discuter mon ordre en disant : « Comment pourrais-je étendre ma main malade ? Si je le pouvais, serais-je venu à toi ? Guéris ma main et je l'étendrai ensuite ! », Cette argumentation aurait paru tout à fait raisonnable à ceux qui nous entouraient, mais sa main sèche n'aurait pas été guérie.

Ainsi, celui qui prie doit être prêt à obéir en étendant vers moi ses mains, quelque faibles et sèches qu'elles puissent être. A cette condition, je pourrai lui accorder vie et bénédiction. Il les recevra dans la mesure de ses besoins (Mat. 21.22).

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