Histoire de l'Église - Théodoret de Cyr

LIVRE IV

CHAPITRE VI
AVÈNEMENT DE VALENTINIEN À L'EMPIRE

Les soldats ayant appris la mort si prompte et si soudaine de Jovien, le pleurèrent comme leur père, et proclamèrent en sa place Valentinien, qui peu auparavant avait été relégué dans un fort, pour avoir frappé ce Prêtre Païen, qui avait jeté de l'eau sur lui à l'entrée d'un Temple. C'était un homme fort recommandable par sa bonne mine, par sa valeur, par sa prudence, par sa modération, et par son équité. Il avait une si grande élévation d'esprit, que quand l'armée voulut lui donner un compagnon à l'Empire, il fit cette réponse si mémorable : Lorsqu'il n'y avait point de Souverains, il dépendait de vous de me mettre entre les mains l'autorité Souveraine ; mais depuis que je la possède, il dépend de moi, et non de vous de gouverner de la manière que je jugerai à propos. Les soldats ayant admiré sa réponse, demeurèrent depuis parfaitement soumis à ses ordres. Ayant mandé Valens son frère, de Pannonie où il était, il l'associa à l'Empire ce qu'il aurait été à souhaiter qu'il n'eût jamais fait. Il est vrai pourtant qu'alors il n'était encore infecté d'aucune erreur. Il lui donna l'Asie, et l'Égypte se réserva l'Europe. S'étant rendu en Occident, il y établit partout la justice, sur le fondement de la piété ; car Auxence Évêque de Milan, qui avait été condamné dans plusieurs Conciles, comme Disciple d'Arius étant mort en ce temps-là, Valentinien assembla les Évêques, et leur parla de cette sorte :

L'étude particulière que vous avez faite de l'Écriture sainte, ne vous permet pas d'ignorer les qualités que doivent avoir ceux qui sont élevés à l'honneur du Sacerdoce, et l'obligation étroite qu'ils ont d'instruire par leurs actions, autant que par leurs paroles, ceux qui sont fournis à leur conduite, et leur servir de modèle de toute sorte de vertus, et de confirmer la vérité de leur doctrine, par la sainteté de leur vie. Choisissez donc un homme pour l'élever sur le Siège de l'Église, qui soit tel que moi qui tiens entre les mains l'autorité Souveraine, je que me soumette volontiers à sa conduite, que je reçoive ses remontrances et ses réprimandes comme un remède salutaire, car étant homme, je suis sujet à pécher souvent.

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