Histoire de l'Église - Théodoret de Cyr

LIVRE V

CHAPITRE XI
LETTRE DE DAMASE ÉVÊQUE DE ROME, CONTRE DIVERSES HÉRÉSIES

Profession de foi envoyée par le Pape Damase, à Paulin, Évêque lorsqu'il était à Thessalonique en Macédoine.

Puisque cette erreur s'est élevée depuis le Concile de Nicée, que quelques-uns osent dire avec une bouche sacrilège, que l'esprit saint a été fait par le Fils, nous prononçons anathème contre ceux qui ne publient pas franchement qu'il a la même substance, et la même puissance que le Père, et le Fils. Nous prononçons aussi anathème contre ceux qui suivent les erreurs de Sabellius, en disant que le Père est le même que le Fils. Nous prononçons anathème contre Arius, et contre Eunome qui bien qu'ils usent d'autres termes, assurent avec une égale impiété que le Fils, et le Saint Esprit sont des créatures. Nous prononçons anathème contre les Macédoniens, qui étant descendus d'Arius ont changé de nom, sans changer d'impiété. Nous prononçons anathème contre Photin qui renouvelant l'hérésie d'Ebion, ne reconnaît notre Seigneur Jésus-Christ que comme le Fils de Marie. Nous prononçons anathème contre ceux qui introduisent deux Fils, un avant tous les siècles, et l'autre depuis l'Incarnation. Nous prononçons anathème contre ceux qui disent que le Verbe de Dieu a tenu lieu d'âme raisonnable à la chair humaine, parce qu'il est vrai que le Fils et le Verbe de Dieu n'a point été dans son corps à la place de l'âme raisonnable, et intelligente ; mais qu'il a pris une âme raisonnable, et intelligente, et exempte de péché pour sauver l'homme entier. Nous prononçons anathème contre ceux qui disent, que le Verbe de Dieu est éloigné de lui par quelque sorte d'extension, qu'il n'a pas la même substance, et qu'il finira un jour. Nous tenons pour séparés de notre communion, ceux qui ont passé d'une Église, à une autre, jusques à ce qu'ils soient retournés à la ville, où ils ont premièrement reçu l'imposition des mains. Que si quelqu'un a été ordonné en la place de celui qui avait quitté son Église, que celui qui l'avait quittée demeure privé de l'honneur du Sacerdoce, jusques à ce que son successeur se repose dans le Seigneur. Si quelqu'un ne dit pas que le Père a toujours été, que le Fils a toujours été, et que le saint Esprit a toujours été, qu'il soit anathème. Si quelqu'un ne dit pas que le Fils est né du Père, c'est-à-dire, de sa substance divine, qu'il soit anathème. Si quelqu'un ne dit pas que le Fils est vrai Dieu, qu'il peut tout, qu'il sait tout, et qu'il est égal à son Père, qu'il soit anathème. Si quelqu'un dit que le Fils n'était pas dans le Ciel avec son Père, pendant qu'il était sur la terre avec les hommes, qu'il soit anathème. Si quelqu'un dit que la divinité du Fils de Dieu, a souffert la douleur de la Croix, et non l'âme ni le corps auxquels le Fils de Dieu s'était uni en prenant la forme d'esclave, comme dit l'Écriture sainte, qu'il soit anathème. Si quelqu'un ne dit pas que le Verbe a souffert dans la chair, qu'il a été crucifié dans la chair, qu'il est mort dans la chair, et qu'il a été le premier né des morts, en tant qu'il est la vie, et l'auteur de la vie comme Dieu, qu'il soit anathème. Si quelqu'un ne dit pas qu'il est assis à la droite de Dieu le Père dans la chair, à laquelle il s'est uni, et qu'il viendra dans cette chair juger les vivants, et les morts, qu'il soit anathème. Si quelqu'un ne dit pas que le Saint Esprit procède véritablement, et proprement du Père, comme le Fils, et qu'il est de la substance de Dieu, et vrai Dieu, qu'il soit anathème. Si quelqu'un ne dit pas que le Saint Esprit peut tout, qu'il sait tout, et qu'il est partout comme le Père, et le Fils, qu'il soit anathème. Si quelqu'un dit que le Saint Esprit a été fait, ou qu'il a été fait par le Fils, qu'il soit anathème. Si quelqu'un ne dit pas que le Père a fait toutes les créatures visibles, et invisibles, par le Fils, qui s'est Incarné, et par le Saint Esprit, qu'il soit anathème. Si quelqu'un ne dit pas que le Père, le Fils, et le Saint Esprit n'ont qu'une Divinité, une Majesté, une Puissance, une Gloire, un Empire, un Royaume, une volonté, et une vérité, qu'il soit anathème. Si quelqu'un ne dit pas que le Père, le Fils, et le Saint Esprit sont trois Personnes véritables, égales, vivantes éternellement, contenant tout ce qu'il y a de visible, et d'invisible, toutes-puissantes, qui jugent tout, qui vivifient tout, qui sont tout, qui savent tout, qu'il soit anathème. Si quelqu'un ne dit pas que le Saint Esprit doit être adoré par toutes les créatures, comme le Père et le Fils, qu'il soit anathème. Si quelqu'un a des sentiments Orthodoxes touchant le Père, et le Fils, et qu'il n'en ait pas d'Orthodoxes touchant le Saint Esprit, il est hérétique, parce que tous les hérétiques, qui ont de mauvais sentiments touchant le Fils de Dieu, et le Saint Esprit, se trouvent coupables de la même perfidie, que les Juifs, et les Païens. Si quelqu'un divise la Divinité en disant que le Père est Dieu, et que ce sont des Dieux, et non un Dieu par l'unité de leur divinité, et de leur puissance, ou que mettant à part le Fils, et le Saint Esprit, il ne reconnaisse que le Père pour un seul Dieu, qu'il soit anathème. Le nom de Dieux a été donné par Dieu même aux Anges, et aux Saints ; mais il n'a point été donné au Père, au Fils, et au Saint Esprit. C'est le nom de Dieu qui leur a été donné, à cause de l'unité de leur divinité, afin que nous sachions que nous sommes baptisés au nom du Père, du Fils, et du Saint Esprit, et non au nom des Anges, ni des Archanges, comme les hérétiques, les Juifs, ou les Païens qui n'ont que la folie, et l'erreur en partage. Le salut des Chrétiens est d'être baptisés au nom de la Trinité, c'est-à-dire du Père, du Fils, et du Saint Esprit, et de croire la vérité, et l'unité de la divinité, de la puissance, de la majesté, et de la substance des trois personnes.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant