Contre les Juifs

Chapitre XI

Oui, Ezéchiel annonce votre ruine, comme châtiment de votre déicide, et il l’annonce non pas seulement pour le siècle dans lequel elle s’est déjà consommée, mais pour le grand jour des vengeances qui viendra ensuite. Calamité universelle ! Personne n’en sera délivré, s’il n’est marqué du sang de ce même Jésus-Christ que repoussent vos dédains. Car il est écrit : et Le Seigneur me dit : Vois-tu, fils de l’homme, ce que les anciens d’Israël font dans les ténèbres, et ce que chacun d’eux pratique dans le secret de sa maison. Ils ont dit : Le Seigneur ne nous voit point ; le Seigneur a délaissé la terre ; et il me dit : Si tu te tournes d’un autre côté, tu verras des abominations plus grandes que celles-ci. Et il me conduisit à l’entrée de la porte du Seigneur, qui regarde du côté du septentrion ; et voilà des femmes assises, pleurant Thamnuz. Et le Seigneur me dit : Fils de l’homme, vois-tu ce qu’ils t’ont ? La maison de Juda se fait-elle donc un jeu du crime, pour s’abandonner ainsi à l’iniquité ? Mais si tu te tournais d’un autre côté, tu verrais des abominations plus grandes encore. Et il me conduisit dans le parvis intérieur de la maison du Seigneur, et voilà qu’à l’entrée du temple du Seigneur, entre le vestibule et l’autel, vingt-cinq hommes environ tournaient le dos au temple du Seigneur, le visage à l’orient, et ils adoraient le lever du soleil. Et il me dit : Vois-tu, fils de l’homme, ce qu’ils font ? C’était donc peu à la maison de Juda d’avoir l’ait les abominations qu’ils ont faites ici, puisqu’ils ont comblé la mesure de leur impiété, et qu’ils m’ont abreuvé d’outrages. Ainsi donc j’agirai dans ma fureur ; mon œil n’épargnera pas, et je n’aurai point pitié. Et lorsqu’ils crieront à mes oreilles à haute voix, je ne les écouterai point. Plus de pardon pour eux. – Et il cria à mes oreilles d’une voix forte, disant : Ceux que ma vengeance appelle pour visiter la ville sont proches ; chacun d’eux tient en main un instrument de mort. Et voilà que six hommes venaient du chemin de la porte supérieure qui regarde vers l’aquilon ; et dans la main de chacun d’eux un instrument de mort. Un autre au milieu d’eux, revêtu d’une robe de fin lin, portait sur les reins une ceinture de saphir. Et ils entrèrent ; et ils se tinrent près de l’autel d’airain. Et la gloire du Dieu d’Israël descendit du chérubin où elle réside dans la partie découverte de la maison ; et elle appela celui qui était vêtu d’une robe de lin, et qui portait sur les reins une ceinture de saphir. Et le Seigneur lui dit : Passe à travers la ville, au milieu de Jérusalem, et marque d’un Tau le front des hommes qui pleurent et qui gémissent sur toutes les abominations qui se font au milieu d’elle. Et il dit aux six hommes, moi entendant : Suivez-le et passez au travers de la ville, et frappez ; que votre œil n’épargne pas, et n’ayez pas pitié. Frappez le vieillard, le jeune homme, la jeune fille, l’enfant et les femmes ; frappez jusqu’à la mort ; mais ne tuez aucun de ceux sur le front desquels vous verrez le Tau. Et commencez par mon sanctuaire. » Le sacrement de ce signe mystérieux, qui préludait d’avance à la vie des hommes, et dans lequel les Juifs ne devaient pas croire, a été annoncé par plusieurs symboles. Moïse le désignait encore dans l’Exode, lorsqu’il disait : « Le Seigneur vous chassera de la terre dans laquelle vous entrerez. Dispersés parmi les nations, vous n’y trouverez aucun repos ; vous n’aurez pas seulement où reposer la plante de vos pieds. Car le Seigneur vous donnera un cœur tremblant, des yeux languissants et une âme dévorée de douleurs. Votre vie sera comme en suspens devant vous, et vous ne croirez point à votre vie. » La prophétie s’étant donc accomplie par son avènement, c’est-à-dire par sa naissance, que nous avons exposée plus haut, et par sa passion, dont nous avons fourni d’irrécusables témoignages, voilà pourquoi Daniel disait que « la vision et la prophétie étaient scellées, » parce que le Christ est le sceau et la consommation de tous les prophètes, en accomplissant tout ce qu’ils ont annoncé sur sa personne. Car, après son avènement et sa passion, « il n’y a plus ni vision ni prophétie. » Il a eu raison de dire, par conséquent, que sa présence parmi nous est le sceau de la vision et de la prophétie.

Pour nous, en supputant les années, et en montrant que les soixante-deux semaines et demie étaient révolues, nous avons prouvé que Jésus-Christ était venu, c’est-à-dire qu’il s’était fait chair. De plus, avoir fourni la démonstration que Jésus-Christ a souffert la passion à la fin des sept semaines et demie retranchées aux précédentes, c’est avoir établi qu’avec l’expiration de ces soixante-dix semaines et la destruction de la ville, ont dû cesser également l’onction sacerdotale et les sacrifices.

Il nous suffit pour le moment d’avoir parcouru rapidement tout ce qui concerne le Christ, d’où il résulte qu’il s’est montré tel qu’il était annoncé, ne fût-ce que par cette concordance avec les Ecritures que nous avons rapportées, outre que le plus grand nombre les interprète avec nous contre les Juifs. En effet, ils n’oseraient ni révoquer en doute, ni contester ce qui a été écrit et que nous produisons contre eux. D’une part, comment nier des choses parfaitement d’accord avec les divines Ecritures ? De l’autre, est-il possible de ne pas reconnaître comme accomplis les événements qui, d’après la prophétie, devaient suivre la passion de Jésus-Christ ? En effet, le plan prophétique n’aurait pas eu son accomplissement, si Jésus-Christ, après lequel devait s’accomplir tout ce qui était annoncé, n’était pas venu pour attester que toutes les prophéties avaient eu leur consommation.

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