Dieu et mes sous

LA CAISSE DU SEIGNEUR

Que chacun donne comme il l’a résolu en son cœur, sans tristesse ni contrainte ; car Dieu aime celui qui donne avec joie.

2 Corinthiens 9.7

L’apôtre Paul a entrepris une vaste collecte en faveur des chrétiens pauvres de Judée (Romains 15.26) et, parce qu’il doit se rendre prochainement à Corinthe, il donne des instructions à ses enfants spirituels qu’il sait désireux de participer à son action de solidarité : Que chacun de vous, le premier jour de la semaine, mette à part chez lui ce qu’il pourra selon ses moyens, afin qu’on n’attende pas mon arrivée pour faire les collectes (1 Corinthiens 16.2).

Bien qu’il s’agisse ici d’une collecte tout-à-fait exceptionnelle s’ajoutant sans doute aux offrandes régulières apportées à l’église (1), cet ordre contient un précieux enseignement relatif à la pratique de la libéralité.

(1) Sans doute faut-il faire ici la distinction entre une offrande et une collecte. L’offrande, destinée à Dieu, lui est apportée spontanément tandis que la collecte (ou quête) est sollicitée en vue d’un besoin précis. Dans l’A.T. le terme de sacrifice désigne plus particulièrement l’immolation d’animaux ; celui d’offrande comporte davantage l’idée d’un don à l’Eternel et s’applique spécialement aux oblations non sanglantes (Lévitique 2.1 – L’offrande de farine, les dîmes, les prémices, les libations de vin…).

Que chacun de vous… Personne n’est donc dispensé de verser son offrande.

Chez lui… L’offrande est préparée à l’avance, lucidement calculée, hors de toute sollicitation.

Mette à part… Expression qui suppose l’existence d’une caisse spéciale dont le contenu est entièrement destiné au Seigneur.

Le premier jour de la semaine… Dieu premier servi et régulièrement.

Volontairement… (Selon 2 Corinthiens 8.3). Le don n’est pas imposé.

Selon ses moyens… Donc en fonction des ressources du foyer.


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CHACUN DE VOUS

La libéralité n’est pas, comme certains le croient, l’affaire du riche ou des chrétiens particulièrement consacrés. Non. Elle est le privilège de tout enfant de Dieu. Nul n’est dispensé de verser son offrande : Il n’y a pas de distinction.

Suis-je un enfant, un adolescent, un jeune homme encore aux études ? Alors, pourquoi ne pas prélever la part de Dieu sur mon argent de poche ? Et si cela m’est possible, durant les vacances, je proposerai mes services autour de moi pour gagner un peu d’argent afin de donner davantage (les pères devraient se préoccuper d’enseigner leurs enfants au sujet de l’offrande).

Suis-je un serviteur de Dieu au salaire minimum ? Je me souviendrai que le lévite donnait la dîme de la dîme (Nombres 18.26-29). Comme lui, j’apporterai régulièrement mon offrande au Seigneur qui pourvoit si fidèlement à tous mes besoins.

Suis-je une personne âgée ? Il me sera certainement possible de retenir sur ma modeste pension la somme que je destine au Seigneur.

Suis-je une épouse dont le mari n’est pas chrétien ? Ma situation est sans doute délicate. Cependant, avec l’accord de mon conjoint, je m’efforcerai de verser régulièrement une offrande à Dieu, si petite soit-elle. Si je dispose de fonds personnels ou reçois un salaire, j’aurai toute liberté de calculer ce que je veux consacrer à mon Maître.

Suis-je présentement dans une pauvreté extrême ? Par. exemple, une veuve démunie, chargée de famille ? Je me souviendrai de la pite de la veuve (Marc 12.41) ou du geste de la femme de Sarepta qui consentit à donner jusqu’à sa dernière goutte d’huile pour nourrir un prophète. En retour, elle reçut l’abondance pour le reste de sa vie (1 Rois 17.8-24).

Je dois me persuader que Dieu ne considère pas tant l’importance de la somme que je lui consacre mais plutôt celle que je garde pour moi et dont, peut-être, je le spolie. Jésus le laisse entendre lorsqu’il observe le geste de la veuve : Cette pauvre femme a donné plus que tous ceux qui ont mis dans le tronc car tous les autres ont donné de leur superflu ; mais celle-ci a donné de son nécessaire tout ce qu’elle avait pour vivre » (Marc 12.43).


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CHEZ LUI

Pourquoi ce détail qui risque de passer inaperçu ?

Deux raisons au moins justifient cette recommandation :

a) D’abord il importe que l’offrande soit prélevée librement, en dehors de toute pression psychologique.

Imaginez la venue dans votre église, à un mois d’intervalle, de deux missionnaires pareillement consacrés et œuvrant dans des pays différents. Le premier est pétillant de santé. Sa voix est chaleureuse. Il rend compte avec enthousiasme de son activité, rapportant des faits bouleversants qu’il agrémente de diapositives saisissantes.

Le deuxième missionnaire est un homme épuisé, fragile de santé, à bout de souffle. Il a travaillé durant de longues années sous un climat débilitant, au sein de peuplades hostiles fermées à l’Evangile. Sa voix est monotone, cassée, à peine audible. Pas de diapositives ni d’histoires sensationnelles pour enrichir son exposé. Des échecs et des problèmes sans nombre ont été son partage. Et malgré le zèle déployé et la passion des âmes qui l’anime, cet ouvrier fidèle n’a récolté que de rares fruits dont il n’ose parler.

Qui, de ces deux hommes, empochera pour la mission la plus belle collecte ? Le premier, sans conteste. Bouleversé par son exposé riche de faits merveilleux, l’auditoire ému ouvrira volontiers son porte-monnaie… Quant au deuxième, il se contentera de la portion congrue, lui qui aurait tant besoin d’encouragement. Il recevra juste de quoi couvrir les frais de son déplacement.

C’est connu, le chrétien agit souvent selon ses états d’âme. Il se montrera d’autant plus généreux qu’il sera ému ou culpabilisé après un appel vibrant. Or, je dois rester libre et ne jamais céder à une quelconque sollicitation sous le coup de l’émotion. Même dans l’assemblée, la façon dont est recueillie l’offrande peut m’influencer et donc modifier mon comportement (surtout si l’argent est déposé sur un plateau aux regards de chacun). C’est pourquoi l’apôtre juge bon de préciser : Que chacun donne comme il l’a résolu en son cœur, sans tristesse ni contrainte. (2 Corinthiens 9.7).

b) Il est préférable de préparer l’offrande chez soi pour un autre motif aussi important. A la maison je peux évaluer en toute tranquillité et devant le Seigneur la somme que je lui consacre. Vous est-il arrivé, comme à moi, de fouiller vos poches au moment de la collecte, cherchant fébrilement un billet ou une pièce tandis que le conseiller de paroisse, chargé de la quête, tient la sacoche à bout de bras, devant vous, attendant sans broncher que vous ayez remis votre don ?

Surtout, pas de cela ! L’offrande, répétons-le, se prépare à la maison en toute sérénité et avec prière. Si j’ai pris soin de mettre de côté à l’avance la part du Seigneur, il me sera aisé d’y puiser largement et sans regret : Dieu aime celui qui donne avec joie (2 Corinthiens 9.7).

QUESTIONS

  1. Etes-vous de ceux qui attendent d’être à l’église pour donner, un peu au hasard, les pièces ou les billets qui leur tombent sous la main lorsqu’ils ouvrent leur porte-monnaie au moment de l’offrande ?
  2. Ne croyez-vous pas qu’il est bon de suivre le conseil de l’apôtre en préparant à la maison la somme destinée au Seigneur ?
  3. En accord avec votre conjoint, accepteriez-vous de calculer la veille le montant de l’offrande que vous apporterez le lendemain à l’église ?

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