Dieu et mes sous

AVANT DE DÉLOGER

Donne tes ordres à ta maison, car tu vas mourir.

2 Rois 20.1

Une dame dans la soixantaine me confiait qu’elle n’avait pu obtenir de sa mère âgée, pourtant encombrée de meubles, qu’elle lui cède une armoire promise depuis longtemps :

– Puisque tu ne t’en sers pas et qu’elle me ferait grand plaisir, pourquoi la gardes-tu ?

La vieille maman – on devine son âge, âge où l’on devrait enfin se détacher des biens de la terre – de répondre avec gentillesse :

– Sois tranquille ma fille. Elle est à toi. Je te l’ai promise et je n’ai pas changé d’idée. A ma mort, elle te reviendra. Tu peux y compter.

Et la fille de conclure :

– Je ne sais si j’entrerai un jour en possession de ce meuble qui me serait présentement utile. Il viendra sans doute m’encombrer lorsque je n’éprouverai aucun plaisir à le recevoir.

Si vous demandiez à des personnes avancées en âge ayant économisé sou par sou durant leur vie entière :

– Que pensez-vous faire de cet argent que vous laissez à la banque comme s’il devait dormir de son dernier sommeil ?… vous recevriez certainement une réponse de ce genre :

– Mais j’ai des enfants. C’est à eux que je destine mes biens. Je tiens à leur laisser un héritage suffisant qu’ils ne manqueront pas d’apprécier le moment venu !

Si le prétexte, car c’en est un, est fort joli, Dieu ne s’y laisse pas prendre cependant. Les biens cédés aux siens en héritage – donc après la mort – en réalité, ne sont jamais donnés. Le drame, c’est qu’au regard du Créateur, ces dons-là ne comptent pas. Absolument pas. La charité posthume ne rapporte rien dans l’autre monde. Un don généreux « en espérance » n’est qu’un faux semblant. Il permet de faire des courbettes à Mamon, de garder ses richesses avec le sentiment réconfortant d’être plein de générosité.

D’ailleurs, rares sont les parents aisés qui, de leur vivant, font des largesses à leur progéniture. Une fois la salle à manger ou la chambre à coucher offerte en cadeau de mariage, c’est fini. Qu’ils se débrouillent ! Que de jeunes couples en difficultés ont pu végéter parce que les biens paternels ne leur étaient donnés qu’en espérance. Et c’est brusquement, lorsque ces foyers sont enfin au large et bien installés dans la vie que le « gros paquet » leur échoit.

La preuve est faite : on préfère ses biens à ceux qu’on prétend aimer.


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Esaïe, au chevet du roi Ezéchias gravement malade, lui enjoignit « de mettre de l’ordre dans sa maison » avant de déloger. Rude nouvelle mais précieux conseil, toujours valable. Trop de chefs de famille brusquement rappelés à Dieu laissent après eux une situation des plus embrouillée. Ces pères ont mené leur action en solitaire, sans juger utile d’y associer épouse et enfants. Il en découle une succession difficile. Des familles laissées sottement dans l’ignorance ont été, par la suite, injustement exploitées, accablées de dettes, ruinées parfois.

Si vous deviez quitter ce monde dans les quarante huit heures, pensez-vous que les vôtres seraient en mesure de prendre la relève sans problème, avec succès ? Sont-ils réellement au courant des secrets de votre gestion ? Vos comptes sont-ils à jour ? Réfléchissez à cette éventualité et si cela est nécessaire, « mettez de l’ordre dans votre maison ».


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La plupart des parents répugnent à parler de succession avec leurs fils ou leurs filles comme si d’évoquer ce problème raccourcissait la vie. Après la mort… qu’ils se débrouillent. Or, que de drames surgissent lorsqu’il est procédé au partage de l’héritage. Seriez-vous heureux d’apprendre que vos enfants vont se disputer et se brouiller lorsqu’ils passeront devant le notaire ? Ne serait-il pas sage de prévenir de tels affrontements ? C’est pourquoi, pendant que vous êtes lucides et en pleine santé (1) proposez à chacun des vôtres de vous rencontrer, d’abord séparément afin qu’ils puissent librement exprimer leurs souhaits. Ainsi informés vous pourrez, vous et votre épouse, dans un esprit de prière, délimiter au mieux chaque part, faisant en sorte que personne ne soit lésé ou favorisé et que ce partage réponde à l’attente de la plupart de vos enfants. Ensuite vous leur ferez connaître votre décision en les aidant à accepter ce qui serait susceptible de les décevoir. Enfin, vous fixerez avec précision et par écrit les modalités de ce partage, en ayant soin de remettre à chacun une copie de ce document.

(1) Ce qui suit n’est qu’une suggestion.

Si les enfants sont chrétiens, il pourra leur être suggéré de consacrer une part de cet héritage à l’œuvre de Dieu ou à l’un de ses serviteurs dans le besoin. Certainement, ils y consentiront avec joie.


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Voici un couple sans enfants se disant chrétien, le mari et la femme ayant l’un et l’autre exercé un métier lucratif. Gens d’autrefois, donc économes et sans ambition, ils ont pu acquérir plusieurs immeubles et sans doute amasser des sommes rondelettes. Les deux se sont brusquement éteints à quelques mois d’intervalle, laissant derrière eux du bien en abondance. Or, qu’advint-il de cet héritage ? Malheureusement l’Etat en fut le principal bénéficiaire. Dommage ! Pour ce couple particulièrement comblé, il en aurait coûté si peu de se demander : Que va devenir après nous ce que nous possédons ? Ne pourrions-nous pas songer à faire des heureux en léguant nos biens à telle famille démunie ? Ou à tel prisonnier dont les ressources sont incertaines ? Est-il si compliqué de trouver des héritiers lorsqu’on n’en a pas ?

Au cours des années trente, la Ligue pour la lecture de la Bible reçut un bel et vaste immeuble, le Mas de Sumène, légué de son vivant par une famille chrétienne. Depuis ce temps, des milliers de jeunes et d’aînés ont défilé dans ses longs couloirs, remplissant la maison de rires et de chants à l’occasion des camps et des retraites. Je puis affirmer, pour en avoir eu les preuves, que des centaines d’entre eux sont devenus de fervents disciples de Jésus-Christ et j’incline à croire qu’à la résurrection, cette famille généreuse sera accueillie « dans les Tabernacles éternels » par une foule d’amis à eux inconnus.

En terminant, un conseil : Si vous léguez vos biens à une œuvre chrétienne, agissez en plein accord avec les vôtres. Et si vous n’avez pas d’héritiers, demandez à Dieu qu’il vous les désigne avant que ne vienne l’heure du grand départ.

Que nos biens servent à la gloire de Dieu.

QUESTIONS

  1. Pensez-vous qu’il soit sage de discuter à l’avance de succession avec ses enfants ? Si oui, êtes-vous résolu à le faire ?
  2. Etes-vous dans l’abondance et sans héritiers directs ? Ne devriez-vous pas chercher à savoir à qui vous pourriez destiner vos biens afin de prendre ensuite une décision ferme ?
  3. Les vôtres sont-ils au courant de vos affaires ? Seraient-ils capables de vous succéder sans problème si vous étiez appelé à partir prématurément ? Que pouvez-vous faire pour « mettre de l’ordre dans votre maison » ?

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