La fin est proche

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AIMER

Ne nous lassons pas de faire le bien… surtout envers les frères en la foi (Galates 6.9, 10)

Dans la perspective de la venue du Christ, l’Ecriture, à maintes reprises, invite les chrétiens à sortir de leur égoïsme.

« La fin de toutes choses est proche, écrit l’apôtre Pierre. Soyez donc sages et sobres, pour vaquer à la prière. Avant tout, ayez les uns pour les autres un ardent amour, car l’amour couvre une multitude de péchés. Exercez l’hospitalité les uns envers les autres, sans murmures » (1 Pierre 4.7 à 9).

Ici, l’expression : « avant tout » indique clairement que l’amour n’est pas une vertu accessoire.

Paul, l’apôtre, est animé de la même pensée :

« Ne devez rien à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime les autres a accompli la loi. En effet, les commandements… se résument dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait point de mal au prochain : l’amour est donc l’accomplissement de la loi. Cela importe d’autant plus que… la nuit est avancée, le jour approche » (Romains 13.8-12).

Encore une expression à retenir ici : « Cela importe d’autant plus » qui souligne, comme l’a fait Pierre, combien il est important d’aimer le prochain, surtout en pensant à l’avènement du Seigneur. Selon Paul, l’amour est « le lien de la perfection » (Colossiens 3.14) ou encore : « une voie par excellence » (1 Corinthiens 12.31).

Après avoir longuement parlé de sa venue (Matthieu 24), Jésus raconte une parabole pour énoncer une vérité qu’on aurait tort d’oublier, à savoir que tout acte, tout geste d’amour accompli pour le bien du prochain, équivaut à un acte qui serait fait au Seigneur lui-même :

« En vérité, je vous le dis, dans la mesure où vous avez fait cela à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». Mais alors, combien est terrible la menace lancée contre ceux qui sont restés insensibles à la détresse des autres ! « Retirez-vous de moi maudits. Allez dans le feu éternel préparé pour le diable et pour ses anges » (Matthieu 25.40-41). Un avertissement à méditer avec sérieux.


♦   ♦

Avouons d’emblée qu’il ne nous est pas naturel d’aimer, d’être « pleins de bonté » surtout envers celui qui se montre hostile ou simplement antipathique. Il n’y a pas de quoi s’étonner puisque Jésus va jusqu’à qualifier de méchants, même ceux qui sont bons et donnent de bonnes choses à leurs enfants :

« Si donc méchants comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent » (Luc 11.13).
Heureusement, on ne vit pas en communion étroite avec le Dieu d’amour sans être animé du désir de donner le meilleur à son prochain, et rester insensible devant une personne éprouvée. Qui demeure en Lui est rempli de son amour.

1) Notons qu’il n’y pas d’amour sans purification. L’apôtre Jacques nous bouscule, lui qui affirme qu’on ne peut à la fois aimer et détester. C’est ou l’un, ou l’autre. Si la rancœur habite mon coeur à cause de quelque tort subi, alors je ne puis aimer (de l’amour du Seigneur) ni ma femme, ni mes enfants, ni mes parents… quand bien même je m’appliquerais à leur témoigner beaucoup d’affection. Car autre est l’amour naturel, et autre l’amour, don de Dieu, fruit de l’Esprit.

« Par la langue, écrit l’apôtre, nous bénissons le Seigneur notre Père, et par elle nous maudissons les hommes faits à l’image de Dieu. De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. Il ne faut pas, mes frères, qu’il en soit ainsi.

« La source fait-elle jaillir par la même ouverture l’eau douce et l’eau amère ? Un figuier, mes frères, peut-il produire des olives, ou une vigne des figues ? De l’eau salée ne peut pas non plus produire de l’eau douce ». (Jacques 3.9-12).

Donc, je ne peux pas, à la fois, détester et aimer. C’est ou l’un ou l’autre. Si je suis en guerre avec mon voisin, je ne puis aimer, de l’amour de Dieu, mon conjoint ou mes propres enfants. Pour aimer comme Dieu me l’ordonne, c’est-à-dire de son amour, il importe que mon coeur soit purifié de toute animosité, de toute amertume, de toute haine, de toute idée de vengeance ou du refus de pardonner. C’est pourquoi, je veux être toujours disposé à être sondé par Dieu, toujours prêt à lui confesser ce qu’il me révèlera sans me rebeller, car je veux aimer le prochain de l’amour du Seigneur (1 Jean 1.7). « Le temps est proche. Que celui qui est saint, se sanctifie encore ». (Apocalypse 22.10-11).

2) L’amour est un fruit de l’Esprit, un don de Dieu à recevoir, un vêtement dont je dois être revêtu (Colossiens 3.14). Il faut donc reconnaître que je ne possède pas cet amour pour le demander à Dieu, avec force. Cette vertu, n’a rien de commun avec notre bonté naturelle, nos marques d’affection ou notre générosité à l’égard des démunis ; autant de gestes que nous qualifions d’amour mais que Dieu juge différemment (Lire 1 Corinthiens 13.3). On peut donc s’illusionner et « faire la charité »… sans charité, sans avoir pour mobile l’amour vrai. Glisser une pièce à un mendiant sans le regarder ni se préoccuper de sa peine, ce n’est pas l’aimer comme Dieu nous le demande. Ce geste apparemment généreux, peut être fait pour soi, pour calmer sa conscience ou mériter une bénédiction. Etre aimable, dévoué, affectueux ce n’est donc pas nécessairement aimer si mes paroles ou mes actes ne procèdent pas d’un cœur « lavé par le sang de Jésus-Christ ». Ayons donc la volonté d’aimer comme Dieu veut que nous aimions. Pour cela demandons-lui de nous revêtir de son amour parce que nous sommes conscients d’en manquer.

3) Qu’est-ce qu’aimer ? Aimer, ce n’est pas éprouver une émotion ou un sentiment. Aimer, c’est vouloir. Vouloir le bien, la joie de l’autre et s’employer pratiquement à les lui donner. C’est viser son épanouissement, son salut s’il tourne le dos à Jésus-Christ. Qui aime, accepte le prochain tel qu’il est avec la pensée bien arrêtée de lui donner le meilleur, même s’il est antipathique ou visiblement hostile à notre égard. L’Ecriture nous « appelle » – c’est donc notre vocation – à bénir tout homme, qu’il soit bénissable ou non (« appelé à bénir » 1 Pierre 3.9).

Que de choses à corriger en nous, dans notre comportement, dans notre vie de couple ou de parents, dans nos rapports avec nos voisins, ou les personnes que nous côtoyons dans notre vie professionnelle, dans nos relations avec les frères et sœurs en la foi ! C’est pourquoi il est urgent de nous placer dans la lumière de Dieu afin d’être toujours prêts à le rencontrer, car il vient bientôt.

4) L’amour n’est pas faiblesse. Dans certaines circonstances, c’est faire preuve d’amour que d’avertir, de désapprouver, de reprendre son prochain ou de lui résister. Parce qu’il aimait son fils, le père de l’enfant prodigue n’a pas envoyé un serviteur pour lui apporter des vivres et de l’argent lorsqu’il était dans la détresse. Ce faisant, il l’aurait perdu à tout jamais. Ainsi secouru, son fils n’aurait pas songé à réintégrer la maison paternelle dans la repentance. Il fallait qu’il touchât le fond de sa misère pour être sauvé. Bien sûr, c’est toujours une souffrance que de devoir résister à une personne qu’on aime de l’amour de Dieu.

Il y a quelques décennies, un automobiliste m’a beaucoup aimé en fonçant sur ma voiture avec sa 2 CV. dans une rue de Provins, au risque d’être moins aimé de moi. Eh oui ! Il m’a sauvé la vie et je lui suis reconnaissant car je m’étais engagé dans un sens interdit alors que la circulation était intense. Les poids-lourds qui venaient en sens inverse à vive allure, m’auraient réduit en bouillie si j’avais continué d’avancer, la rue étant très étroite cent mètres plus loin.

5) L’amour se prouve par des actes. Il pousse à agir. « N’aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actions et avec vérité » (1 Jean 3.18). Celui qui aime s’adonne de tout cœur aux bonnes œuvres et à des gestes de bonté. Les occasions ne manquent pas pour celui qui aime :

« Ne nous lassons pas de faire le bien car nous moissonnerons au temps convenable, si nous ne nous relâchons pas » (Galates 6.9).

6) La bonté. C’est un fruit de l’esprit, l’une des facettes de l’amour. La Bible nous relate le cas d’un esclave, serviteur du roi Sédécias, dont le nom est Ebed Mélec. Cet homme avait appris que Jérémie le prophète venait d’être jeté dans une citerne où il risquait la mort à brève échéance. Ebed Mélec ne se contenta pas d’avoir pitié du prophète : il tenta une démarche auprès du roi pour obtenir la permission de délivrer le malheureux prisonnier. Il y parvint au moyen de cordes et de chiffons destinés à protéger ses aisselles – détail touchant – qu’il lança dans la citerne à Jérémie ; on put, ainsi, le tirer hors de son « cachot » sans le blesser. Grâce à l’initiative de cet humble serviteur, le prophète eut la vie sauve. Quant à Ebed Mélec, il fut lui aussi épargné lorsque l’envahisseur s’empara de Jérusalem. Dieu permit en outre que son nom passât à la postérité (Jérémie 38.7-13). « L’amour est plein de bonté » (1 Corinthiens 13.4)

7) La bonté, c’est l’amour en action, qui s’exprime par de petits gestes, des paroles, une attitude bienveillante, simplement « pour faire plaisir ». L’homme bon surveille ses propos et se garde de heurter inutilement son prochain, de l’humilier ou de le décourager, surtout quand il faut l’avertir ou le reprendre. La bonté est faite d’indulgence, de générosité de cœur et du constant souci des intérêts de l’autre. Faire plaisir, c’est biblique : « que chacun plaise au prochain… pour ce qui est bon en vue de l’édification » (Romains 15.2). La bonté édifie.

8) Quelques occasions d’aimer. Si vous êtes déterminé à sortir de votre égoïsme, le travail abondera et sera varié :

— Commencez d’abord par penser aux autres en intercédant fidèlement pour vos proches, vos connaissances, les voisins que Dieu place sur votre coeur. Dressez la liste des amis que vous rencontrez chaque semaine à l’église ou dans votre vie professionnelle. Consultez souvent votre liste et nommez, devant le Dieu qui bénit, les noms que vous y avez inscrits. N’est-ce pas une façon d’aimer son prochain ?

Exercez l’hospitalité, comme le conseille l’apôtre en pensant à l’avènement qui est tout proche. « Exercez l’hospitalité les uns envers les autres, sans murmures » (1 Pierre 4.7 à 9). Que de maisons barricadées parmi les croyants ! Nombre de pasteurs se plaignent : ce sont « toujours les mêmes » qui s’offrent à héberger un frère de passage ou à le recevoir à leur table. Quand donc avez-vous accueilli chez vous, pour un repas ou une tasse de café, un ami de l’église, un voisin célibataire, un chrétien de passage, une personne en difficulté… ?

— Ne manquez pas de visiter les malades, les personnes seules ou âgées, en leur apportant une petite « gâterie », un peu de lecture, en tout cas un peu d’affection. Je le sais, il y a des visites qui fatiguent les patients. Si vous voyez que la personne visitée souffre, alors ne l’accablez pas par une abondance de paroles ou de questions, mais soyez assez sage pour vous retirer avant qu’on souhaite votre départ. Dans ce cas, les visites courtes sont les meilleures. Si, en entrant dans la chambre vous trouvez déjà des amis qui sont venus entourer le malade, retirez-vous après quelques mots de salutations. Surtout, n’allez pas voir telle personne « par devoir » ou à contre-cœur, mais comme un service de Dieu. Toujours pour la joie du malade.

— Nous connaissons des chrétiens qui usent de leur plume pour soutenir et encourager des personnes isolées, dans le deuil, éprouvées ou simplement pour leur manifester un peu d’amitié. Il est vrai que… écrire une lettre prend du temps, mais après tout, il n’y a pas d’amour véritable qui ne coûte rien.

Bien sûr, on peut aussi encourager en prenant contact avec certaines personnes par le téléphone, pour s’informer de leur santé, de leur situation. Il est toujours agréable de savoir que quelqu’un pense à vous. Il n’empêche, qu’une lettre est certainement plus appréciée qu’une brève communication téléphonique parce qu’on peut reprendre la lettre plusieurs fois et se réjouir en la lisant.

— Enfin, profitez de toutes les occasions pour venir en aide au prochain, quel qu’il soit, toujours avec la pensée d’être agréable à Dieu en se donnant aux autres. Le travail, avons-nous dit, ne manque pas pour celui qui veut être utile et faire plaisir. « Ne nous lassons pas de faire le bien car nous moissonnerons au temps convenable si nous ne nous relâchons pas » (Galates 6.9).

Notre modèle. Avant de terminer ce chapitre qui demanderait un plus long développement, tournons-nous vers le Seigneur qui est « riche en bonté » (Nombres 14.18 ; Psaumes 86.15 ; 103.8…). Sa bonté est immense (Psaumes 69.17). Elle va jusqu’aux cieux, et donc « dépasse toute cime » (Psaumes 36.6 ; 57.11 ; 108.5). Elle remplit la terre (Psaumes 33.5). Elle est d’autant plus immense que le Dieu saint et juste ouvre sa maison à des rebelles ingrats, hostiles et méchants. Sa bonté a été manifestée lorsqu’il a donné ce qu’il a de plus cher, à savoir son Fils : « Lorsque la bonté de Dieu notre Sauveur et son amour pour les hommes ont été manifestés, il nous a sauvés… selon sa miséricorde » (Tite 3.4).

Sa bonté « se renouvelle » et subsiste à toujours (Lamentations 3.23 ; Psaumes 52.3). Elle s’exerce envers tous, principalement à l’égard de ceux qui le craignent (Psaumes 103.11) ou espèrent en Lui (Lamentations 3.25) – « Il fait lever son soleil sur les bons et les méchants » (Matthieu 5.45 ; Luc 6.35). Quelle leçon !

Elle déclenche la louange et nourrit notre culte personnel.

« Je chanterai toujours les bontés de l’Eternel » (Psaumes 89.2).

Son amour nous fait une obligation d’être bons envers les autres. (Ephésiens 4.32). « Nous nous rendons recommandables… par la bonté » (2 Corinthiens 6.6). Etc.

Ce qui fait le charme d’un homme, c’est sa bonté (Proverbes 19.22).

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