La fin est proche

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TÉMOINS DU CHRIST

Vous rendrez témoignage de moi parce que vous êtes avec moi (Jean 15.27)

Nous avons connu un homme de Dieu qui nous a laissé un souvenir impérissable. C’était un chrétien fort occupé et de plus, à la tête d’une nombreuse famille au temps où les allocations familiales n’existaient pas ; et pourtant, miraculeusement, il trouvait du temps pour en consacrer beaucoup, beaucoup à la prière et à la méditation de l’Ecriture. Il en a « usé » des Bibles ! Pour l’avoir bien connu, nous croyons pouvoir dire qu’il vivait en communion quasi permanente avec son Dieu. Et c’était certainement là qu’il puisait sa force et son zèle, car c’est le plus naturellement du monde qu’il parlait de Jésus. Voyait-il passer dans la rue un ivrogne titubant ? Il allait vers lui et l’introduisait dans sa demeure, non pour le sermonner et l’humilier, mais pour l’encourager à suivre Celui qui délivre. J’ai appris plus tard qu’il venait en aide, tous les soirs, à une vieille femme grabataire. Certainement, dans l’Eglise, les fidèles ignoraient son zèle, car il ne parlait jamais de ce qu’il accomplissait pour le Seigneur. Il visitait les malades, les gens isolés et allait parfois loin dans la montagne à la rencontre de personnes qu’on ne voyait guère au village. Point n’était besoin de l’exhorter à rendre témoignage car il ne pouvait s’empêcher de parler de son Sauveur. Beaucoup plus tard, au cours d’une conversation avec un chrétien que nous rencontrions pour la première fois lors d’une foire où nous exposions la Bible, ce frère m’avoua qu’il avait été gagné à l’Evangile par le moyen de cet homme de Dieu.


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Quand j’ouvre l’Ecriture, je ne vois pas l’auteur sacré faire du témoignage un devoir, en disant : « Tu dois… Il faut que tu rendes témoignage car il y a encore tant de gens perdus en route pour l’enfer »… Jésus parle autrement. En effet, il dit à ceux qui le suivent, non pas : Vous devez… mais « vous serez mes témoins » (Actes 1.8) ou encore : « Vous rendrez témoignage de moi parce que vous êtes avec moi » (Jean 15.27). « Etre un témoin » devrait être la suite normale, la conséquence, le fruit d’une communion intime et vivante avec le Seigneur. Et c’est cela qu’il faut rechercher en priorité et cultiver, justement pour garder un cœur bouillant pour lui. « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, a dit Jésus, porte beaucoup de fruit » (Jean 15.5). Ce ne sont pas nécessairement ceux qui se démènent et font grand tapage qui œuvrent le plus. On les admire beaucoup, mais il y a souvent plus de vent que de fruits.

Voulez-vous être un bon ouvrier même si vous ne savez pas encore comment vous y prendre, ou quelle tâche remplir ? Commencez par imiter les élus « qui servent le Seigneur nuit et jour dans son Temple » (Apocalypse 7.15). Vous n’ignorez pas que le Temple, c’est chacun de nous : « Nous sommes, écrit l’apôtre, le temple du Dieu vivant ; j’habiterai (en eux) et je marcherai au milieu d’eux » (2 Corinthiens 6.16). Le Temple est le lieu où je rencontre le Seigneur pour l’adorer, l’écouter et le servir ; et puisqu’il habite en moi, c’est en moi, dans mon être intérieur, que je puis le rencontrer à tout instant. C’est là que je suis appelé à Le servir. D’ou l’importance d’une vie cachée, tournée sans cesse vers le Seigneur, fondée sur lui, « placée sur le roc de la Croix de Christ ».

Il n’empêche qu’il faut accepter de se mêler aux incroyants et ne pas se confiner dans la seule compagnie des chrétiens : « Père, je ne te prie pas de les ôter du monde, maïs de les préserver du mal »… (Jean 17.15). Notre Seigneur ne fut jamais coupé de la société, mais intérieurement, il en était détaché et vivait dans une atmosphère qui n’était pas celle du monde ; son mode de vie était celui de tout le monde, aussi les gens religieux le traitaient-ils de mangeur et de buveur, parce qu’il acceptait même de frayer avec les gens de mauvaise vie pour les ramener à son Dieu. Le chrétien, soucieux du prochain, n’hésite pas à se mêler aux autres, même les non-croyants ; il cherche le contact avec eux, et, à l’occasion, il consent à participer à certaines de leurs rencontres sans cesser d’être intérieurement – c’est important – en communion consciente avec Dieu, ce qui est proprement : vivre dans le monde, sans lui appartenir. C’est loin d’être le cas chez beaucoup de chrétiens dont la vie spirituelle n’est pas entretenue et nourrie par la Parole et la prière ; avoir une vie matérielle confortable, bien réglée et bien stable, semble être leur préoccupation majeure, aussi se montrent-ils peu soucieux de faire connaître Jésus dans leur entourage. Certains pensent, à tort bien entendu, qu’il suffit de mener une vie bien rangée, sans histoire, pour honorer le Seigneur et lui rendre un bon témoignage. Ils oublient qu’il y a des non-chrétiens qui nous dépassent, serviables et généreux à nous faire envie ; ils ne sont pas pour autant les témoins d’un Sauveur qu’ils ne connaissent pas. Il faut donc saisir les occasions pour leur en parler.

Les prétextes ne manquent pas pour oublier les autres, en toute bonne conscience. Telle dame âgée, impotente, dira : Que puis-je faire ? Je suis bloquée dans ma maison. C’est ma femme de ménage qui fait les commissions… Une autre personne invoquera sa timidité, ses complexes : « Je suis quasiment paralysée lorsque j’ai l’intention de dire un mot à mon voisin ou à un ami. En tout cas, je n’ai pas le contact facile. Un troisième allèguera : « Je ne sais pas m’exprimer. Moi, je ne suis pas allé longtemps à l’école comme vous, aussi ai-je de la peine à me faire comprendre, même pour les choses les plus banales »…

Il est vrai que nous n’avons pas tous reçu de Dieu une vocation d’évangéliste ou d’enseignant, mais, qui que nous soyons et quel que soit notre niveau d’instruction, nous sommes tous « bons pour le service » ; bons pour répandre la Bonne Nouvelle de Jésus : « Vous serez mes témoins… et je vous en rendrai capables. Croyez en moi ».

Pour y parvenir plus aisément, voici ce que vous pourriez faire pourvu que vous ayez la volonté et le désir de répondre à l’attente du Seigneur :

1er pas : Acceptez de sortir de votre passivité et offrez-vous maintenant au Seigneur pour l’annoncer, comme il voudra et quand il voudra. Prenez au sérieux cette parole libératrice de l’’Ecriture : « Je puis tout par Celui qui me fortifie » (Philippiens 4.13).

2ème pas : Prenez l’habitude de vous tourner vers les autres, de vous préoccuper de votre entourage, de ceux que vous côtoyez habituellement : certainement, il en est parmi eux qui ont des problèmes, des épreuves, des sujets de joie. Dans la mesure du possible, manifestez votre intérêt à leur égard. Il n’y a rien qui rapproche autant que des petits gestes de bonté.

3ème pas : Priez. En priorité, pensez et priez régulièrement pour ceux qui vous sont chers, surtout pour vos proches qui tournent le dos à Jésus-Christ, et davantage encore s’ils vous sont hostiles. Il serait anormal que vous pensiez à ceux qui vivent au fin fond de l’Afrique ou en extrême-Orient et que vous n’ayez aucun souci d’un frère, d’une nièce ou d’un père vivant près de vous, mais encore éloignés du Sauveur.

4ème pas : Demandez à Dieu de vous mettre à cœur les personnes que vous devez porter tout spécialement dans la prière. En attendant de les connaître, intercédez fidèlement pour ceux qui habitent dans votre immeuble ou dans votre rue, donc pour ceux que vous rencontrez souvent.

5ème pas : Quand vous circulez dans la rue, au lieu de ne penser à rien de précis, observez discrètement les gens que vous croisez, même si vous ne les connaissez pas, puis demandez à Dieu qu’il les visite et leur donne l’occasion d’entendre l’Evangile… par votre moyen, pourquoi pas ! Quelqu’un a dit : « chaque fois que vous citez le nom d’une personne dans votre intercession, le Christ plaide sa cause devant le Père ».

6ème pas : Dressez la liste des noms de personnes que vous côtoyez à l’Eglise ou à votre travail. Consacrez chaque jour un peu de temps pour présenter à Dieu ceux que vous avez inscrits, et recommencez lorsque vous arrivez au bout de la liste. Vous remarquerez alors que Dieu nous met, un jour ou l’autre, en rapport avec eux et souvent dans des conditions favorables.

7ème pas : Ne manquez pas, au nouvel an, de donner un calendrier ou un Evangile (c’est le meilleur des traités) à tel ou tel voisin ou ami auquel vous vous intéressez. Avec confiance, laissez-vous conduire par le Seigneur. L’essentiel est qu’Il vous voie disposé à le servir car il ne manquera pas de vous donner, le moment venu, l’occasion et la force de parler de lui. Vous en serez émerveillé.

8ème pas : Si vous en avez la possibilité, invitez tel voisin à une fête de l’Eglise (une fête de Noël) ou à une rencontre d’évangélisation… Ne vous découragez pas si vos invitations paraissent ne porter aucun fruit. L’apôtre Paul, que je sache, a été durant de longs jours de tempête au milieu de quelque 270 passagers, et je gage qu’il a dû leur parler du Christ-Sauveur (Actes 27.35) ; cependant, il ne semble pas avoir amené au salut une seule personne que le péril aurait pu disposer favorablement. Notre part est d’annoncer le Seigneur, non de convertir les gens. C’est au Seigneur de les conduire au salut si elles y consentent.

9ème pas : Encouragez la lecture de la Bible. Surtout, conseillez à vos interlocuteurs de commencer par le NT, c’est-à-dire par l’Evangile. Le meilleur traité que nous puissions offrir est indiscutablement… l’Evangile, de préférence, nous semble-t-il, celui de Luc. Dans notre pays où la vierge Marie tient une grande place dans la piété populaire, il nous paraît sage de donner un texte qui fasse mention de la naissance de Jésus et qui, de plus, rapporte le récit de la tentation, de la Transfiguration… L’évangile de Marc ne contient pas le récit de la naissance de Jésus, ni l’évangile de Jean qui nous paraît difficile pour un débutant dès le premier chapitre (la parole faite chair…). Sans doute n’est-ce pas sans raison qu’il occupe la 4ème place dans le N.T. Naturellement, c’est à chacun de décider. Répétons-le : Le meilleur traité, c’est l’Evangile.

10ème pas : Croyez car « sans la foi, il est impossible d’être agréable à Dieu » (Hébreux 11.6). Donc, croyez que Dieu va répondre à votre désir d’éclairer quelqu’un. Croyez que l’occasion va vous être donnée, attendez-la, et préparez-vous à parler de Celui que vous aimez.


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Voici quelques conseils utiles.

– Veillez à ne jamais donner l’impression à vos interlocuteurs que vous voulez les endoctriner, les amener à vos idées et en faire des membres de votre Eglise. Votre intention – ils devraient s’en apercevoir – est de les conduire à une personne et non à votre « religion ». Respectez leur liberté comme Dieu la respecte, et soyez soucieux de travailler de la manière la plus désintéressée, visant la seule gloire de Dieu. Examinez-vous souvent pour savoir s’il en est toujours ainsi quand vous rendez témoignage. Sachez que les gens refusent d’être embrigadés, happés, ou manipulés.

– Surtout, faites bon visage et abstenez-vous de ressasser vos problèmes ou vos beaux succès. Restez humbles et sereins. Il peut arriver que vous soyez dans une peine extrême à la suite d’un deuil ou d’une réelle épreuve. Sauf si l’on vous y invite, n’en parlez pas ou du moins brièvement.

– N’endoctrinez pas les gens. Racontez le Christ comme le faisaient jadis les apôtres (lire Actes 10.37-43 : « Jésus allait de lieu en lieu, guérissant les malades » etc.). L’Evangile est un récit. Un si beau récit que l’exposé de nos belles expériences paraît bien terne et peu attrayant, comparé à la vie glorieuse du Christ. De plus, on évite de parler le patois de Canaan lorsqu’on raconte des faits.

– Ne commencez pas la conversation en tombant à bras raccourcis sur le pécheur qui est devant vous. Ne lui dites pas d’emblée, « tu dois te repentir, tu n’es qu’un rebelle devant Dieu ». Un jour, j’ai usé de ce langage devant un pauvre homme qui avait bu et… il est parti sans m’écouter une seconde de plus. Parlons plutôt, avec enthousiasme, de Celui qui a changé notre vie. N’ayons jamais l’air d’être un prédicateur qui sermonne son paroissien.

– Ne manquez pas le but. Il ne s’agit pas tellement de parler de Dieu que de présenter le Christ, sans omettre d’annoncer sa mort, sa résurrection et son retour. Montrez combien il est sérieux et urgent de se confier au Christ sauveur, car la condamnation subsiste pour ceux qui se détournent de lui. Ne craignez pas d’être précis.

Que le Seigneur Jésus vous accorde la joie de conduire bientôt un pécheur à son Sauveur.


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Il vous intéressera sans doute de lire le récit suivant qui, je pense, peut vous encourager à servir le Seigneur dans la joie.

Séjournant dans un village du Tarn dans les années 50, j’eus le privilège de rendre visite à un humble paysan, l’un des derniers survivants d’un réveil qui avait embrasé la région à la fin des années 1800. L’homme que j’allais rencontrer était malade et devait décéder quelques jours plus tard. Chrétien bouillant et zélé, il quittait chaque année sa ferme et abandonnait ses champs durant plusieurs semaines pour aller, besace au dos, ensemencer d’évangiles les villages du département voisin.

Lorsque j’entrai dans la chambre du malade, le vieillard coiffé d’un bonnet de nuit, s’assit brusquement dans son lit, leva les bras et m’accueillit en disant, tout épanoui : « je suis content, je suis content ». Curieux langage pour un homme qui n’avait que quelques jours à vivre. Et puis, quel visage ! Il ne fallait pas l’observer longtemps avant de savoir qu’il vivait en communion intime avec son Maître.

Au cours de la conversation, il me demanda :

— Voulez-vous que je vous raconte comment mon âme a été sauvée ?

Sans attendre de réponse, il enchaîna :

— Jeune encore, j’étais fort intrigué par ce qui se passait dans le village. Tôt le matin, tard le soir, hommes et femmes se rendaient par petits groupes aux réunions, et cela, journellement. Apprenant qu’il y avait un rassemblement dans une clairière, je résolus d’aller voir si ce qu’on me disait était vrai. Je m’y rendis, avec quelque retard, pour ne croiser personne sur le chemin. Arrivé au lieu de la rencontre, prudemment pour ne pas attirer l’attention, j’allais m’installer derrière un arbre, assez près cependant afin de ne rien perdre de ce qui se ferait ou se dirait durant la réunion.

Le prédicateur, – inspiré, ô combien ! – puisa son message dans la Genèse et parla avec force détails d’Adam, cet homme qui fuyait l’Eternel et se cachait derrière les arbres du jardin. Soudain, emporté par son discours, il s’écria : « Il y a ici quelqu’un qui se cache derrière un arbre, quelqu’un qui s’imagine que Dieu ne le voit pas et qui refuse de faire la paix avec lui »…

Il me semble encore entendre cette voix ! Bouleversé, je crus que le prédicateur m’avait vu et s’adressait à moi. Je ne pouvais fuir. Convaincu de perdition et de péché, je m’écroulai derrière mon arbre, suppliant Dieu d’avoir pitié du pécheur que j’étais.

C’est ainsi que le Seigneur se révéla à moi… et c’est pour cela que je suis content. Et puis, je suis tellement heureux de parler autour de moi de Celui qui a sauvé mon âme.

Que Dieu remplisse notre cœur de telle sorte que nous ne puissions nous taire.

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