La société juive à l’époque de Jésus-Christ

V
Le Jourdain

Le lac de Génésareth rappelle naturellement à notre souvenir le nom du fleuve sacré qui le traverse, pour continuer ensuite sa marche rapide et coupée de cataractes jusqu’au moment où il disparaît dans les eaux lourdes de la Mer morte.

Le Jourdain est le plus grand cours d’eau de la Palestine. Il jaillit de trois sources ; la première sort du penchant occidental du mont Hermon, à peu près à 2000 pieds au-dessus du niveau de la mer. Au milieu de la plaine qui se trouve au pied du plateau galiléen, la deuxième, la plus abondante, s’échappe d’une colline volcanique. Enfin du mont Banias, à 1200 pieds d’altitude, jaillit la troisième de ses sources. Elles se dirigent toutes vers le lac Chuleh (90 pieds au-dessus de la Méditerranée), passent au sud de ce lac sous un pont en basalte aujourd’hui encore praticable, qu’on nomme le pont de Jacob, dominé par les ruines d’un château que Baudouin IV avait construit pour la défense de ce passage.

Ses eaux précipitent alors leur cours, traversent la plaine fertile de Bethsaïda, pénètrent dans la mer de Galilée et en ressortent pour se diriger, par des méandres innombrables, vers la Mer Morte. Elles coulent ici dans une vallée profonde car les rives du fleuve atteignent parfois une hauteur de 150 pieds. La terrasse inférieure seule qui borde le fleuve offre une végétation luxuriante. Ce sont des roseaux, des peupliers, des tamaris, des platanes dans lesquels autrefois les lions trouvaient un repaire, mais qui ne sont habités, aujourd’hui, que par des sangliers et quelques léopards. La partie septentrionale de la vallée qui commence au lac de Tibériade port le nom d’El-Ghôr. Elle constituait la frontière du pays de Canaan. Les ondes trop rapides coupées de cataractes sans nombre et de bancs de sable n’ont jamais pu servi aux communications. Quant à la vallée profonde parfois de 3000 pieds, elle est inféconde, sauf en certains endroits, sur les rivages mêmes du fleuve. C’est un séjour de feu, aussi est-elle peu habitée. Quelques villages, petits et clairsemés, s’élèvent sur les terrasses supérieures. Si les eaux du fleuve sont claires à la sortie de la mer de Galilée, elles sont bientôt souillées par l’argile qui forme le fond de son lit, et les affluents du Iarmuk et du Jabok qui viennent mêler à ses flots leurs ondes parfois fangeuses. A mesure qu’il avance vers le sud, sa profondeur diminue avec l’élargissement de la vallée. Le sol devient moins fertile, la lisière verdoyante du fleuve moins large et la végétation qui la couvre plus pauvre. En face de Jéricho, la tradition place l’endroit où les enfants d’Israël traversèrent le fleuve sous la conduite de Josué, puis le lieu où Jean-Baptiste administrait le baptême de la repentance aux foules accourues à sa voix. Le fleuve coule encore pendant quelques kilomètres vers le sud. Sur sa rive droite, on distingue les ruines d’un couvent chrétien, le point consacré par la tradition où doivent se baigner les pèlerins grecs, et celui, où les pèlerins latins viennent se plonger dans le fleuve sacré. Cependant le Jourdain s’approche lentement de la Mer Morte, et s’englouti enfin dans les eaux pesantes du lac maudit. (G.R.)

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