Théologie Systématique – II. Apologétique et Canonique

CANONIQUE

Du caractère normatif des documents primitifs du fait chrétien

Nous nous sommes servis jusqu’ici, et en particulier dans la dernière partie de l’apologétique, des documents primitifs du fait chrétien à l’égal de tous autres documents historiques, et sans leur accorder provisoirement d’autre autorité que celle qui revient à des témoignages plus voisins des faits que nous-mêmes. Ces écrits sont cela ; mais ne sont-ils et ne doivent-ils demeurer que cela pour l’Eglise et pour nous ? Peuvent-ils revendiquer des titres et des caractères supérieurs à ceux que nous attribuons en critique et en histoire aux écrits des contemporains ? Leur autorité principale réside-t-elle en eux-mêmes ou seulement dans leur date ?

Mais ce n’est pas seulement de la littérature profane que nous distinguons les documents primitifs du christianisme. C’est aussi de la littérature religieuse et chrétienne subséquente ; des produits de la pensée chrétienne à toutes les époques.

Si Dieu a parlé et a agi dans l’histoire de l’humanité, si même il y a vécu, les effets de ce fait historique ne se sont pas éteints avec son premier avènement ; ils se sont propagés jusqu’à nous. Que dis-je ? la réalisation même du fait chrétien se continue jusqu’à aujourd’hui. Elle a passé de l’âme et de la personne de Christ dans celle des croyants et des disciples de tous les temps. Christ a agi et a parlé dans ses première témoins, les apôtres ; il agit et parle encore dans ceux qui croient en lui par leur parole.

Deux questions se posent donc ici et feront le sujet des deux articles de la troisième section de notre Propédeutique :

1° Quel est le mode selon lequel la vérité divine est communiquée à l’intelligence humaine depuis les origines de la révélation jusqu’à aujourd’hui ?

Et comme nous disons que la vérité révélée doit devenir objet d’appropriation chez tous les croyants et l’a été jusqu’à aujourd’hui, nous demandons :

2° Quelle différence il faut établir entre les produits permanents de l’inspiration chrétienne et les produits originels de cette inspiration, dont les écrits dits canoniques sont les seuls spécimens parvenus jusqu’à nous.

Nous aurons à nous demander, sous ce second chef, si et en quoi les écrits contenus dans le volume appelé la Bible peuvent réclamer une place à part et hors de pair dans l’ensemble de la littérature religieuse et chrétienne ; quel critère nous devons établir pour discerner, s’il y a lieu, dans la multitude des écrits chrétiens, ceux qui sont la reproduction authentique et normale de la révélation et doivent faire, par conséquent, autorité pour les chrétiens, d’avec ceux qui n’expriment et ne reproduisent cette révélation que sous une forme mélangée d’éléments individuels et hétérogènes à elle, ou du moins privée d’une garantie suffisante de sincérité.

La seconde question traitée sera donc celle de savoir quels sont parmi les produits de cette inspiration surnaturelle ceux auxquels on peut reconnaître un caractère normatif ; et à ce propos, nous aurons à examiner si l’Ecriture-Sainte répond au second terme de l’ancienne formule : fons et regula fidei et doctrinæ christianæ.

Les sujets des deux articles de notre troisième section seront donc : la doctrine de l’inspiration et la doctrine du canon.

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