La venue du Seigneur

III. Le plan du Diable

La Bible, ce livre divin, est le plus extraordinaire par la variété des choses qui s’y trouvent. En outre, sa réelle unité échappe au lecteur superficiel qui peut s’imaginer que l’Écriture n’est pas d’une ordonnance conforme au caractère d’un Dieu d’ordre, parfait dans toutes ses voies. Pourquoi ce désordre apparent, pourquoi surtout, dans ce livre, tant de choses qui semblent en désaccord avec les perfections divines ? La réponse est aisée si l’on se souvient que la Bible, à côté du plan de Dieu, en révèle un autre, celui du Diable, qui se déroule parallèlement au premier en le combattant sans trêve, ni repos. A cela est dû le fait que l’Écriture sainte, au lieu de ressembler à un beau jardin où s’étalent magnifiquement toutes sortes de fleurs et de fruits, pourrait être comparée avec plus de raison à un vaste champ de bataille, jonché de cadavres, où la mêlée est encore engagée et la lutte acharnée.

Ces considérations placent devant nous cette question poignante insoluble pour un grand nombre d’esprits : Pourquoi le mal ? Pourquoi le Dieu Trois fois saint, le Tout-puissant, le Dieu d’amour, permet-Il à l’injustice, à l’oppression, aux pires manifestations de la méchanceté humaine, de se donner libre cours ici-bas ? Pourquoi la souffrance sous toutes ses formes, pourquoi le triomphe du mensonge, de l’immoralité pourquoi le règne de l’iniquité ?

Nous comprenons ce qu’une telle question comporte de tourments moraux et nous ne voulons pas condamner ceux qui sont parfois obsédés par le problème des problèmes. Cependant, grâces à Dieu, la réponse existe, elle est même si simple, qu’un enfant, instruit par la Parole de Dieu, peut la donner complète.

La voici en deux mots. L’humanité ayant choisi pour Maître le grand Ennemi de Dieu, doit faire jusqu’au bout l’expérience du joug de celui qu’elle a préféré à son Créateur. Elle saura ce qu’il en coûte d’être mené par un tel Maître et boira jusqu’à la lie la coupe remplie par sa désobéissance.

Quel est ce plan du Diable ?

Nous allons le suivre dans l’Écriture Sainte, où nous verrons que l’effort constant de l’Adversaire tend à annuler le plan de Dieu. Il veut, à tout prix, supprimer la semence de la femme, objet de la promesse initiale de Genèse 3.15.

Deux portions de la Parole sainte nous placent tout spécialement en présence de cette tentative néfaste qui traverse les siècles.

Genèse 3 et Apocalypse 12 sont deux tableaux qui font passer devant nos yeux et les débuts de la lutte et ses conséquences dernières. Soit les analogies frappantes qui relient ces deux chapitres, soit les contrastes qui les distinguent, nous aideront à nous orienter dans l’étude que nous poursuivons.

Les analogies d’abord. Elles sont du plus haut intérêt pour quiconque étudie attentivement la Parole de Dieu. Dans l’un et l’autre endroit nous assistons à une rencontre du serpent, le Diable, avec la femme. Ces deux êtres apparaissent au premier plan et tout l’intérêt de la situation gît dans l’attitude de l’un à l’égard de l’autre. Cependant, la personne mystérieuse qui les domine et s’impose à tout œil clairvoyant comme le vrai héros, c’est, en Genèse 3, la semence de la femme, appelée le fils mâle dans l’Apocalypse.

En outre, dans les deux tableaux, la grossesse de la femme a une signification particulière dont nous verrons bientôt toute l’importance. Présentée comme un châtiment dans le jardin d’Eden, elle ne perd pas ce caractère dans l’Apocalypse, où son rôle dans le salut est mis en évidence (Comp. 1 Timothée 2.15).

Les contrastes à relever ne sont pas moins instructifs.

Si, au commencement, une entente parut s’établir entre la femme et le serpent, à la fin nous les voyons séparés, selon la parole divine (Genèse 3.15) par la plus redoutable des inimitiés, à tel point que les puissances célestes prennent part à la lutte. De plus, si le serpent fut vainqueur en Eden, il est vaincu dans l’Apocalypse, mais aussi, la blessure au talon qu’il a le pouvoir de faire à la postérité de la femme se révèle profonde et cruelle. En Eden, le sang n’est pas mentionné, dans l’Apocalypse, au contraire, il coule en abondance. Toutefois, à lui la victoire appartient, et, si la mort, au commencement, n’est pas autre chose que la punition suprême, à la fin, elle orne, comme une auréole, le front des vainqueurs du serpent. Ils n’ont pas aimé leur vie, même jusqu’à la mort.

Nous reviendrons sur les vérités qui découlent de la grande vision apocalyptique, mais auparavant, il importe de définir nettement ce plan du Diable dont nous parlons.

Il consiste à vouloir mettre à néant et la promesse et la menace de Genèse 3.15. Cette semence de la femme, appelée à opérer de si merveilleux prodiges, lui, le Diable, s’attachera à l’empêcher de naître, ou tout au moins à la détruire sitôt après son entrée dans le monde, car, selon la déclaration divine, elle doit ruiner la domination du serpent.

La partie est donc décisive. De son issue résultera le sort éternel du Diable, aussi comprenons-nous aisément qu’il mette tout en jeu pour sortir victorieux de cette lutte gigantesque. Il y entraînera toutes les puissances spirituelles de son empire ténébreux ; l’homme aussi sera son instrument, l’instrument inconscient d’une action dont le caractère et l’étendue échappent à son intelligence bornée, mais un instrument responsable, car une voie est ouverte à ses pas pour servir au conseil de Dieu en quittant l’étendard de l’Ennemi. Aucune autre alternative : pour ou contre Dieu, dans cette guerre à outrance.

Deux armes de choix sont celles constamment employées par l’Adversaire : la RUSE et la VIOLENCE. Elles sortent de son arsenal ; inventées et fourbies par lui, il les manie avec une adresse minutieuse et en porte des coups terribles à tous ceux qui s’opposent à sa puissance. Relevons en passant le contraste saisissant offert par le serviteur de l’Éternel qui n’avait fait aucune violence et dans la bouche duquel il n’y avait pas de fraude (Ésaïe 53.9) et plaçons notre conduite à cette lumière infaillible. Dans la mesure où la ruse et la violence entachent notre activité, nous donnons occasion au Diable (Éphésiens 4.27).

Une fois nos premiers parents chassés du jardin, l’Ennemi les surveille, guettant l’apparition de la semence promise, aussi lorsque Caïn, puis Abel, font leur entrée ici-bas, s’attache-t-il à leurs pas pour les détruire en faisant de l’aîné le meurtrier, et du cadet sa victime. La semence de la femme reçoit son premier assaut.

Le premier, disons-nous, car les efforts sataniques se renouvellent constamment. Quelle histoire que celle de l’humanité antédiluvienne et des alliances illicites qui la caractérisent. Et la terre était corrompue devant Dieu … pleine de violence (Genèse 6.11). La ruse et la violence ! … Leur œuvre néfaste appelle sur l’homme le jugement divin, qui, dans le plan de l’Ennemi, doit lui-même extirper cette semence abhorrée par lui.

Mais Noé trouva grâce aux yeux de l’Eternel (v. 8). Ce seul verset nous montre comment Dieu se rit de son adversaire et déjoue son plan maudit à l’instant même où il semble devoir aboutir.

La même constatation s’impose dans la suite. En voici des exemples : Juda, le quatrième fils de Jacob, est choisi comme l’ancêtre de la postérité promise. Mais, dès le premier jour, sa descendance est menacée d’une complète destruction à cause d’un péché spécial. Juda lui-même se fait connaître sous un jour très défavorable !… C’est la ruine à brève échéance. Cependant, Dieu veille ; dans sa sagesse Il se sert d’une faute, bien grave à la vérité, pour confondre son auteur et continuer la lignée de choix qui doit aboutir au Messie (Genèse 38).

Et plus tard, lorsqu’Israël gémissait sous le joug de Pharaon, le serpent, toujours à l’œuvre, se servit d’un décret du cruel tyran pour anéantir la postérité promise : Tout fils qui naîtra, jetez-le dans le fleuve… (Exode 1.22). Cet ordre, s’il eût été exécuté, supprimait du coup la famille d’Abraham, berceau de la semence de la femme. Mais le Dieu qui dispose des choses faibles pour couvrir de honte les choses fortes (1 Corinthiens 1.9-7) a annulé comme nous le savons, les machinations criminelles de l’adversaire.

Il en fut de même dans le désert quand, soit par des alliances défendues, soit par la force des peuples ennemis, le Diable s’ingéniait à nuire à Israël en forçant l’Éternel à le frapper d’une destruction définitive. La seule histoire de Balaam illustre frappamment cette grande vérité. La violence de Satan veut — mais en vain — faire usage des armes de Balak pour porter le coup suprême ; avant échoué, il recourt à un autre moyen et sa ruse imagine les séductions des filles de Moab, infiniment plus redoutables pour Israël. Cependant, malgré le châtiment qui tombe sur le peuple, la vigilance divine a déjoué une fois encore les pensées du serpent. Balaam lui-même est l’instrument de Dieu pour annoncer qu’en dépit de tout : Une étoile de Jacob et un sceptre s’élèvera d’Israël… et celui qui sortira de Jacob dominera… (Nombres 24.17, 19).

Oui, gloire à Dieu, la semence de la femme est à l’abri des orages les plus terribles !

Un exemple encore, pris dans l’Ancien Testament.

Il s’agit de la tempête qui balaya la maison de David aux jours de l’impie Athalie. Son histoire, trop comme pour nous arrêter longtemps, est racontée en 2 Rois 11 et 2 Chroniques 22 et 23 où nous apprenons qu’au lendemain du meurtre d’Achazia son fils, cette femme idolâtre et cruelle fit égorger toute la semence royale de Juda, c’est-à-dire la famille du Libérateur promis. Mais Dieu prend à son service une autre femme, Jéhoshéba, pour cacher un nouveau-né, Joas, l’héritier du trône et l’élever loin du danger. Une fois de plus Dieu triomphe ; quelque rude qu’ait été le coup, il a manqué son but.

La chose est encore plus frappante, quand, à Bethléhem, sous le règne du roi Hérode (un descendant spirituel et d’Athalie et de Pharaon), tous les petits enfants sont condamnés à mort et passés au fil de l’épée à l’exception du seul que l’on voulait atteindre… Le petit enfant, en effet, était déjà en Egypte, où il resta aussi longtemps que sa sécurité l’exigeait. La semence de la femme échappait encore au serpent.

Nous le voyons, dès le commencement, l’histoire de l’humanité, spécialement celle d’Israël (l’humanité dans l’humanité) est une histoire douloureuse, tragique, toute faite de convulsions successives. C’est bien l’histoire d’une grossesse, rendue d’autant plus pénible qu’elle semble se prolonger au-delà du terme, et que la mort de l’enfant est jurée par le serpent pour l’instant de sa naissance.

Il est pourtant ici-bas. Ni les efforts combinés des ennemis du passé, ni la cruauté d’Hérode n’ont empêché Jésus, la postérité promise de commencer son ministère terrestre.

Mais le Dragon n’a pas désarmé. Il veille, guettant le moment favorable… Sa violence par Hérode a échoué, sa ruse va travailler au désert par le moyen de la tentation.

Il est vaincu, il recommence, faisant flèche de tout bois. Et les éléments (la tempête sur le lac), et la haine des Juifs vont le servir durant les trois années vécues par le Sauveur au milieu des hommes. Même parmi les apôtres, le Diable a son agent. Judas, l’un des douze, est un démon (Jean 6.70). Il suit le Seigneur partout, l’écoute dans l’intimité, il est associé à sa vie terrestre, jusqu’au moment où, l’ayant trahi, il le quitte pour Le livrer à ses ennemis.

Satan entra en lui (Jean 13.27) ; aussi va-t-il travailler par lui sans aucune retenue, courir au jardin, saisir et lier Celui qu’il poursuit depuis si longtemps, le conduire à Anne et à Caïphe, à Pilate et à Hérode, le faire condamner par eux et crucifier par les soldats romains. Il est arrivé à ses fins. Sa gueule ouverte n’a plus qu’à se refermer sur l’Enfant mâle et l’engloutir … quand, soudain… la semence de la femme a brisé sa tête …

En bas, la terre trembla, les rochers se fendirent, les sépulcres s’ouvrirent ; et beaucoup de corps des saints endormis ressuscitèrent… Quelle formidable brèche dans le royaume de la mort !

En haut, le voile du temple se déchira en deux. — C’est le ciel qui s’ouvre et le chemin nouveau et vivant apparaissant déjà (lire Matthieu 27.50-53 ; Hébreux 10.19-20).

Voilà comment l’Agneau a vaincu, comment la semence de la femme écrasa la tête du serpent, comment aussi le Diable a été sa propre victime, Dieu faisant retomber sur lui ses coups et le livrant aux ruses de son imagination. 0 profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont insondables, et ses voies introuvables ! (Romains 11.33).

Satan est vaincu, une fois pour toutes ! Cependant, son activité n’a pas pris fin ; il lui reste un peu de temps dont il va profiter, l’histoire de l’Église nous le montre suffisamment. Les persécutions terribles et nombreuses, qui ont ensanglanté tant de siècles, illustrent d’une manière effrayante cette violence inassouvie, et les alliances illicites, la corruption de la chrétienté, les fausses doctrines, les divisions, nous prouvent surabondamment les infinies ressources d’une ruse inépuisable. Que de maux, de hontes, d’angoisses, de détresses inexprimables ; quels tourments indicibles ! MON DIEU, JUSQUES À QUAND ?

Laissons-Lui le soin de répondre. Notre très sainte foi nous assure qu’Il le fera au temps convenable, d’une manière merveilleuse, pour la gloire de Son Nom et l’admiration des siens. En attendant, nourrissons-nous de Sa parole, et revenons au grand tableau de l’Apocalypse.

De la réponse a une seule question dépend l’intelligence de la vision : QUI EST CET ENFANT MÂLE ?

Nous L’avons dit, la femme, c’est l’humanité d’où sort la semence prédestinée, promise au jour de la chute. Plus justement encore, c’est Israël. Israël, la nation mise à part, choisie pour concevoir, porter et mettre an monde le Libérateur dont Esaïe parle en ces termes : Un enfant nous est né, un fils nous a été donné, et le gouvernement sera son épaule (Ésaïe 9.6).

L’enfant mâle désigne donc le Seigneur Jésus. Cela ressort très clairement de cette affirmation : Il doit paître toutes les nations avec une verge de fer, complétée par celle-ci : Il fut enlevé vers Dieu et vers soit trône (Apocalypse 12.5).

Mais, hâtons-nous d’ajouter que ce fils mystérieux ne représente par le Seigneur seul, car, nous allons le voir, il faut reconnaître en lui et le Seigneur et l’Eglise, si intimement unis l’un à l’autre, qu’elle, Son œuvre, et Lui l’ouvrier divin, peuvent être considérés comment formant une seule personne, selon cette belle déclaration de Paul : … l’assemblée (église)… est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous (Éphésiens 1.23).

L’Écriture, du reste, est claire sur ce point. Ainsi nous lisons dans l’épître aux Galates : Or c’est à Abraham que les promesses ont été faites et à sa semence. Il ne dit pas : « et aux semences », comme parlant de plusieurs ; mais comme parlant d’un seul, « et à ta semence », qui est Christ.

La semence — il n’y en a qu’une — est donc Christ. Rien de plus simple à saisir.

Mais, plus loin, l’apôtre continue en disant : Si vous êtes de Christ, vous êtes donc la semence d’Abraham, héritiers selon la promesse (Voir Galates 3.16 et 29 et Genèse 22.18).

Ce qui veut dire, puisque la semence (ou postérité) est une, que Christ et ceux qui sont de Christ sont la semence dont s’occupe l’épître aux Galates, celle aussi annoncée en Genèse 3.15 et que l’on retrouve dans l’Apocalypse sous l’image de l’Enfant mâle.

Voulons-nous une autre confirmation de cette sublime vérité ? La voici, aussi concluante que la première.

L’enfant mâle, nous est-il dit, doit paître toutes les nations avec une verge de fer (Apocalypse 12.5). Cette verge ou sceptre de fer est l’objet d’une prophétie contenue dans le Psaume 2.9 : Tu briseras les nations avec un sceptre de fer ; comme un vase de potier tu les mettras en pièces. Celui auquel cette parole s’adresse est le Fils, oint Roi sur Sion par le décret divin. Or, lui-même, après avoir reçu ce sceptre, symbole de sa puissance, partage cette puissance avec d’autres. Celui qui vaincra… je lui donnerai autorité sur les nations ; et il les paîtra avec une verge de fer, comme sont brisés les vases de poterie, selon que moi aussi j’ai reçu de mon Père (Apocalypse 2.26-27).

La verge de fer donnée au Fils (Psaumes 2) est ensuite placée par Lui dans les mains des siens (Apocalypse 2). Dans l’un et l’autre cas, le but est le même : « briser » et « paître les nations ». Mais, cela ne rentre-t-il pas dans les prérogatives de « l’Enfant mâle » ? (Voir Apocalypse 12.5). Nous en inférons donc que sous l’image de ce dernier nous devons contempler — et « la semence de la femme » — et « Christ et ceux qui sont de Christ ».

Au sujet de l’enlèvement de l’Enfant mâle, nous croyons fermement que tel qu’il est mentionné dans l’Apocalypse, cet événement comprend, et l’Ascension du Seigneur Jésus (Marc 16.19 ; Luc 24.51 ; Actes 1.9) fait historique, vieux de près de dix-neuf siècles — et l’enlèvement de l’Église (1 Corinthiens 15.51-52 ; 1 Thessaloniciens 4.13-18) — fait prophétique, objet de notre espérance. — De même que Christ et les siens sont présentés sous l’image d’une seule personne, l’enfant mâle ; ainsi, l’ascension du Seigneur et l’enlèvement de l’Église sont deux actes réunis ici en un. Cela ne doit point nous surprendre, car dans cette vision, le temps du témoignage de l’Église est passé sous silence, ce qui est en harmonie avec le caractère général du livre de l’Apocalypse.

Le Psaume 110 est un écho des paroles du Père s’adressant au Fils au jour de son Ascension : Assieds-toi à ma droite, etc… Le jusqu’à ce que du premier verset renferme toute l’économie présente, durant laquelle le développement du plan divin à l’égard d’Israël et des nations est momentanément suspendu, pour donner libre cours à la patience de Dieu, à sa grâce souveraine invitant le pécheur au salut.

Mise en regard de ce Psaume 110, l’Epître aux Hébreux nous permet d’entendre le Saint-Esprit révélant toutes les ressources offertes au croyant, durant cette même économie, par la présence à la droite de Dieu d’un Christ assis (Hébreux 1.3 ; 8.1, 10, 12 ; 12.2). Cette position qu’Il occupe jusqu’à ce que ses ennemis soient mis pour le marchepied de ses pieds (Psaumes 110.1 et Hébreux 10.13), correspond à son office de souverain sacrificateur, mentionné dans le Psaume (vers. 4) et décrit si complètement dans cette merveilleuse épître (Hébreux 2.17 ; 3.1 ; 4.14 ; 5 ; 6.20 ; 7, etc.). Ce ministère béni s’exerce en faveur de l’individu et de l’Église ; ses effets dans le monde sont d’ordre purement spirituels et ne contribuent nullement à l’accomplissement des prophéties relatives à Israël et aux nations, car il a pour but unique de rassembler les membres du corps mystique dont la tête (Christ) est au ciel. L’enfant mâle (Christ et ceux qui sont de Christ) doit être complet et, comme tel, enlevé vers Dieu et vers son trône, avant que le plan divin dont nous avons parlé puisse de nouveau se dérouler, et que s’accomplissent littéralement les solennelles menaces du Psaume 110, lesquelles ne sauraient être exécutées durant le temps de la patience de Dieu.

Avant de passer à un autre chapitre, nous désirons encore relever ce qui suit :

Dans l’accomplissement de son plan ténébreux, le Diable est assuré d’une réussite apparente, car, à la promesse initiale (Genèse 3.15) est ajoutée pour lui cette déclaration : tu lui briseras le talon. La semence de la femme restera victorieuse, cependant une blessure cruelle est sa part. On identifie trop facilement et trop exclusivement ce talon brisé avec les souffrances de Christ à la croix. A la vérité, ces dernières résultèrent du coup suprême porté par l’Ennemi à la semence mystique ; cependant, cette postérité de la femme embrassant avec Christ ceux qui sont de Christ, il faut admettre que ces derniers sont atteints par cette blessure et souffrent même cruellement.

Un talon brisé, s’il ne met pas la vie du corps en danger, n’en est pas moins un grand obstacle à toute activité, à sa marche spécialement. Or, il suffit de jeter un rapide coup d’œil sur l’histoire du peuple de Dieu, pour constater qu’il avance bien lentement, très péniblement. Que d’obstacles en apparence insurmontables, que d’arrêts, de reculs même ; quelle lutte que celle du petit troupeau, toujours en minorité, faible en tout temps !

Ainsi, Israël reste au désert quarante ans au lieu de quelques semaines. La longue période des Juges est telle à cause des infidélités du peuple ; celle des Rois, qui au début marque un réel progrès, aboutit en définitive à une catastrophe qui remet tout en question. Plus tard, après les siècles précédant la naissance de Jésus-Christ, Israël n’est pas prêt pour recevoir son Messie. Il le rejette ; c’est le grand désastre reculant d’au moins vingt siècles l’accomplissement des choses qu’il espère…

Et, dans l’histoire de l’Église, les mêmes constatations s’imposent. Chaque réveil est suivi d’un temps d’assoupissement, souvent prolongé, retardant d’une manière angoissante la réalisation des bénédictions impatiemment attendues.

Dans la vie individuelle, le même phénomène est à remarquer. Abraham attend de longues années l’héritier promis ; Moïse est laissé pendant quarante ans dans le pays de Madian ; Paul est entravé de bien des manières dans son ministère ; ses séjours en prison, par exemple, le paralysent dans son activité publique. Nos expériences personnelles ne corroborent-elles pas ce que nous venons d’avancer ? Nos progrès spirituels sont si lents ; la course chrétienne subit tant de recommencements humiliants ! Bien souvent, la promesse semble contredite par tout ce qui nous arrive. Ah ? ce talon brisé, quelle chaîne, quelle écharde mortifiante ! N’avons-nous jamais été tenté de croire que le Seigneur tarde ? (Voir Hébreux 10.37 ; 2 Pierre 3.9).

Non, pourtant, Il ne tarde pas. Bientôt, le Dieu de paix brisera Satan sous vos pieds (Romains 16.20). La promesse du premier jour recevra son accomplissement parfait, définitif, sous vos pieds, dit l’apôtre, c’est-à-dire sous un talon brisé. Et quel merveilleux couronnement de la victoire dans cet enlèvement qui, terminant une course souvent difficile, apparaît comme l’œuvre de Dieu seul. Quel obstacle à l’enlèvement pourrait être un talon brisé ?

En attendant, nous avons les ressources de la grâce qui comme compensation au douloureux talon brisé, nous apprend que nous sommes assis avec Christ dans les lieux célestes et nous invite à fléchir les genoux devant le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, capable de nous fortifier (Éphésiens 2.6 ; 3.14). — Dans cette position, nous pouvons courir vers le but, car nous sommes armés pour résister au Diable et le vaincre. Son plan nous est dévoilé, gardons-nous d’ignorer ses desseins, parce que, si nous n’y prenons garde, il peut nous séduire comme il séduisit Eve par sa ruse. — (Voir Jacques 4.7 ; 1 Pierre 5.8-9 ; 2 Corinthiens 2.11 ; 11.3)

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