Histoire des réfugiés protestants de France

3.4 – Influence des réfugiés sur le progrès des sciences et les lettres

Thomas Savery. — Denis Papin. — Société de Saint-Evremond. — Justel, Colomiès et Desmaiseaux. — Rapin-Thoyras. — Motteux, Misson, La Bastide, Graverol. — Prédicateurs réfugiés. — Pierre Du Moulin et Marmet. — Pierre Allix. — Saurin et Abbadie. — Premier journal littéraire de Dublin.

Les réfugiés influèrent de même, dans une mesure très supérieure à leur nombre, sur le progrès des sciences et de la littérature.

Parmi ceux dont l’esprit initiateur fit avancer la science moderne, on peut citer en première ligne Thomas Savery et Denis Papin. Savery, ancien capitaine au service de Louis XIV, fixé en Angleterre depuis la révocation, obtint en 1698, du roi Guillaume un brevet pour sa belle invention d’une machine servant au dessèchement des marais. Le procédé qu’il employa a sans doute été perfectionné depuis, mais l’honneur de l’invention lui appartient tout entier. Le célèbre médecin-physicien Denis Papin, dont le nom rappelle une des plus grandes découvertes qui honorent l’esprit humain, était également un humble fidèle, expatrié pour conserver sa foi. Né à Blois en 1647, il exerça d’abord la profession de médecin à Paris où il avait pris ses degrés. Mais habilement dirigé par le Hollandais Huygens qui habitait encore cette capitale, il étudia la physique, et déjà il commençait à attirer les regards du monde savant, lorsqu’il fut appelé à Londres en 1681, et comme membre de la Société royale anglaise par l’appui de Boyle, qui l’associa à ses expériences sur la nature de l’air.

Émigré définitivement après la révocation, il inséra dans les Transactions philosophiques plusieurs mémoires qui étendirent promptement sa réputation. L’Académie des sciences de Paris le nomma son correspondant en 1699, et la ville de Marbourg lui offrit une chaire de mathématiques qu’il accepta et qu’il remplit avec talent jusqu’à sa mort en 1710. Le plus célèbre de ses ouvrages, l’Ars nova ad aquam ignis adminiculo efficacissime elevandam, fut publié à Leipzick en 1707 ; mais ses recherches sur l’emploi de la vapeur, et ce que l’on appela sa prétention de faire naviguer un vaisseau sans rames ni voiles, remontaient aux premières années de son exil. Ce fut donc, selon toute apparence, en Angleterre que l’ingénieux proscrit conçut la première idée de la machine à vapeur avec laquelle il essaya plus tard de naviguer sur la Fulda. L’expérience, on le sait, n’eut qu’un demi succès. La machine de Papin était encore grossière et nécessitait des perfectionnements de détail qui seuls pouvaient en assurer le succès. Mais il n’en eut pas moins la gloire de donner l’impulsion à ses successeurs, et de frayer à la science une carrière nouvelle et féconde. Le premier, en effet, il fit mouvoir un piston dans un corps de pompe ; le premier, il démontra la possibilité d’appliquer la vapeur à la navigation ; enfin, prévoyant le danger des explosions, il inventa la soupape de sûreté dont on se sert encore aujourd’hui.

Il s’en est donc fallu de bien peu que le monde ne fût doté cent ans plus tôt des merveilles de la navigation à vapeur. Papin l’avait effectivement réalisée, et s’il avait pu développer sa découverte sous la protection de sa patrie, elle eût été dès lors acquise à la civilisation.

En restant en France, Papin n’y aurait plus été admis même à exercer la profession de médecin que l’on venait d’interdire aux protestants. Un assez grand nombre de médecins et de chirurgiens émigrèrent comme lui, et trouvèrent de l’emploi dans les armées et dans la marine anglaises. C’est à ces derniers surtout que l’Angleterre doit le remarquable perfectionnement de ses instruments de chirurgie. Beaucoup d’artistes cherchèrent également un asile sur ce sol hospitalier, qui leur offrait des ressources supérieures à celles de la plupart des autres pays protestants.

Plusieurs hommes de lettres, qui sortirent de France pour échapper à la persécution, trouvèrent un ami dans Saint-Evremond, proscrit comme eux, et qui éprouvait pour les réfugiés protestants la sympathie d’un frère. De ce nombre furent de l’Hermitage, proche parent de Gourville, Justel, Colomiès et Desmaiseauxa.

a – De l’Hermitage est mentionné avec éloges dans une lettre de Saint-Evremond à Ninon de Lenclos.

Ancien secrétaire de Louis XIV, Justel avait pénétré de bonne heure les desseins du monarque, et, prenant résolument son parti, il avait vendu plusieurs années avant la révocation sa riche bibliothèque, et passé en Angleterre. Ce fut pour Bayle un grand sujet de joie : « J’espère, dit-il, dans son journal, que M. Justel qui demeure présentement à Londres, et qui est si curieux, si savant, si instruit de tout ce qui regarde la république des lettres, et si enclin à contribuer à la satisfaction du public, nous apprendra bien des choses qui feront beaucoup d’honneur à notre entreprise. » A peine arrivé à Londres, Justel fut nommé bibliothécaire du roi d’Angleterre, et telle était sa réputation de savant que plus d’une fois il fut choisi pour arbitre dans des querelles d’érudits. Sa conversation riche et abondante avait de l’attrait pour Saint-Evremond, qui aimait ces bibliothèques parlantes.

Justel était un protestant plein de zèle. Colomiès, fils d’un médecin de La Rochelle, l’était moins, et passait en Angleterre pour une des colonnes du socinianisme. Attaqué violemment par Jurieu, il passa à l’Église presbytérienne et devint bibliothécaire de l’archevêque de Cantorbéry. Saint-Evremond, qui s’amusait des bizarreries de son esprit, le peignit à Desmaizeaux comme un incrédule qui s’efforçait de prouver dans ses livres que la version des Septante est divinement inspirée, et témoignait par ses discours qu’il ne croyait pas à la révélation.

Nouvellement arrivé en Angleterre et admis dans la familiarité de Saint-Evremond, Desmaizeaux persuada à l’illustre vieillard de revoir avec lui les originaux de ses ouvrages, pour mettre un terme à l’abus que les libraires et les auteurs faisaient de son nom. Il recueillit de sa bouche assez de renseignements et de confidences sur ses écrits, pour être en état d’en publier plus tard une édition authentique.

Saint-Evremond reçut avec froideur la grâce que lui offrit Louis XIV après trente ans d’exil et dix ans de refus. Il allégua sa vieillesse et ses infirmités, et reconnut l’hospitalité de l’Angleterre en lui confiant le repos de ses dernières années, et ses restes auxquels étaient réservés les honneurs de Westminster. Par son testament il donna aux réfugiés une dernière preuve de sa pitié et de sa sympathie, en léguant une somme pour le soulagement de leurs pauvres. Il est vrai que plein de compassion pour toutes les misères, et entièrement inaccessible aux haines religieuses, il destina une somme égale aux pauvres catholiquesb.

b – Voir sur Saint-Evremond la belle notice de M. Sayous, dans le t. II de son Histoire de la littérature française à l’étranger.

Outre ces hommes qui vécurent dans la familiarité d’un des plus beaux esprits de l’époque, le refuge fournit encore aux lettres d’autres écrivains de mérites divers. Rapin-Thoyras, le vaillant soldat de l’armée d’Irlande, qui fut en même temps un historien profond, un légiste habile, et qui défendit tour à tour la cause protestante de sa plume et de son épée ; Pierre-Antoine Motteux, de Rouen, qui se familiarisa si bien avec la langue de sa nouvelle patrie, que les traductions anglaises qu’il publia de l’espagnol et du français semblent des compositions originales. Sa traduction de Don Quichotte et celle de Rabelais popularisèrent en Angleterre les œuvres de ces deux écrivains. Maximilien Misson, dont l’ouvrage intitulé le Théâtre sacré des Cévennes fut publié à Londres en 1707, et traduit cette même année en anglais ; Marc-Antoine de La Bastide, né à Milhau, l’un des anciens de l’Église réformée de Charenton, et auteur de quelques ouvrages estimés de controverse ; le Nîmois Graverol, jurisconsulte célèbre, érudit et poète, l’un des fondateurs de l’Académie encore existante de Nîmes, dont les assemblées régulières remontent à l’an 1682, et qui publia en Angleterre une histoire de sa ville natale, avec une épître adressée à Messieurs les réfugiés de Nîmes qui sont établis dans Londres. Les dernières pages de ce livre contiennent un récit touchant des souffrances des protestants du Languedoc, et du martyre de Brousson, de Rey et de Barbut. « Nous donc, s’écrie, en terminant le malheureux proscrit, qui ne sommes dans un pays si éloigné du nôtre que pour la parole de Dieu, et pour le témoignage de Jésus-Christ, étudions-nous à rendre notre confession et notre foi glorieuses, par une conduite sage et modeste, par une vie exemplaire, et par un entier dévouement au service de Dieu. Souvenons-nous toujours que nous sommes les enfants et les pères des martyrs. N’oublions jamais cette gloire. Tâchons à la transmettre à notre postérité. »

Il faut ajouter à ces écrivains quelques prédicateurs de renom qui firent partie de la grande émigration. Ils furent précédés par Pierre du Moulin et Ezéchiel Marmet, qui n’appartiennent pas, à proprement parler, au refuge, mais qui s’y rattachent par la nature de leurs ouvrages et par les principales circonstances de leur vie. Le premier publia, sous le règne de Charles Ier, un grand nombre d’écrits qui devinrent populaires parmi les réfugiés et parmi les Anglais eux-mêmes, le Bouclier de la foi, la Défense de la Confession des Églises réformées, le Combat chrétien, la Vocation des pasteurs. Son fils aîné est l’auteur du Traité de la paix de l’âme, dont il conçut le dessein pendant son séjour en Angleterre. « Il y a quelques années, dit-il, dans la préface de son livre, qu’étant jeté par l’orage en un bord étranger, et jugeant qu’il eût été inutile et même impertinent de quereller la tempête, je m’assis paisiblement sur le rivage pour la regarder de sang-froid, sans y prendre autre intérêt que celui de voir encore dans la tourmente les personnes qui m’étaient chères. Et ma condition contribuait beaucoup à cette tranquillité ; car les agitations passées m’avaient laissé fort peu de sujet de me passionner pour les présentes ou pour celles qui pourraient encore m’arriver. Là-dessus, je me sentis excité à ménager cet intervalle incertain de repos inespéré, pour méditer sur les moyens de posséder partout, et même dans le trouble, le repos et le contentement de mon esprit, et à essayer si je pourrais être si heureux que de procurer la paix à d’autres en l’acquérant pour moi-même. » Un autre pasteur qui honora l’Église française de Londres, pendant cette période agitée, fut Ezéchiel Marmet, qui publia une série de méditations religieuses sur ces paroles de Job : Je sais que mon Rédempteur est vivant. Les ministres que la révocation jeta en Angleterre exercèrent à leur tour, par leurs ouvrages autant que par leurs discours, une influence marquée sur la littérature anglaise. Samuel Delangle et le savant Pierre Allix, qui tous, deux avaient été pasteurs de l’Église de Charenton, fournirent de beaux modèles à l’éloquence sacrée. Le second surtout se distinguait dans sa prédication par une simplicité pleine de bon goût, et par un enseignement approprié aux circonstances dans lesquelles se trouvait son Église. Comme autrefois en France, il excellait à apaiser les dissentiments et à maintenir l’union parmi les protestants. Louis XIV mit tout en œuvre pour l’engager à se convertir et à retourner en France. Seignelay écrivit à son sujet à Bonrepaus : « La famille du ministre Allix qui est à Londres s’est convertie de bonne foi à Paris. Si vous pouviez approcher ce ministre et le déterminer à repasser en France avec intention de se convertir, vous pourriez sans difficulté lui offrir jusqu’à 3 ou 4000 livres de pension ; et, s’il fallait aller plus loin, je ne doute point que, sur l’avis que vous m’en donneriez, le roi ne consentît à lui faire des grâces encore plus considérables, auquel cas vous pourriez vous assurer que vous auriez fait une chose très agréable à Sa Majestéc. » Allix résista à toutes les avances de l’envoyé extraordinaire de Louis XIV. Il resta en Angleterre, entouré du respect et de la sympathie de tous. On lui conféra le titre de docteur honoraire des universités de Cambridge et d’Oxford ; et, sur la recommandation de l’évêque Burnet, il fut nommé chanoine et trésorier de la cathédrale de Salisbury. Le clergé anglican le chargea d’écrire l’histoire des conciles, et le parlement à son tour lui donna une marque particulière de considération en ordonnant que tout le papier que l’on ferait venir de Hollande pour l’impression de cet ouvrage serait exempt des droits d’entrée. Delangle, son collègue, ancien député du synode de Normandie, conquit comme lui l’estime publique, et fut nommé chanoine de Westminster.

c – Dépêche de Seignelay à Bonrepaus. Versailles, le 9 février 1686.

Les Églises françaises de Londres s’honorèrent aussi des talents déjà célèbres de Jacques Saurin et d’Abbadie. Le premier prêcha pendant cinq ans dans celle de Threadneedle Street ; mais, en 1705, il fut appelé à La Haye, et ce fut dans cette ville seulement qu’il développa entièrement son admirable talent de prédication, et se plaça par son éloquence au premier rang des orateurs sacrés. Abbadie, qui arrivait de Berlin avec un renom déjà populaire de prédicateur et d’écrivain religieux, accompagna le maréchal de Schomberg en Irlande. Après la bataille de la Boyne, où il vit tomber mortellement frappé son illustre bienfaiteur, il revint à Londres et fut attaché à l’Église de la Savoie, où sa douce éloquence inspira longtemps le calme de l’âme aux nombreux réfugiés qui accouraient pour l’entendre. En même temps, il servait de modèle aux prédicateurs anglais qui aimaient d’ailleurs à s’inspirer de son beau Traité de la vérité de la religion chrétienne. Mais Abbadie avait fourni, dès cette époque, la meilleure partie de sa carrière littéraire. Son Art de se connaître soi-même, qui date des premiers temps de son établissement en Angleterre, et que l’on a vanté comme le vrai couronnement de ses traités sur la religion, est un livre conçu avec une remarquable vigueur d’esprit, mais il parle moins au cœur que ses précédents ouvrages, et ne porte pas comme eux l’empreinte de la passion de la sainteté chrétienne. Il est difficile de croire que l’homme mondain sera bien vivement ramené de son néant à lui-même par la lecture du passage suivant, l’un des meilleurs du livre :

« On pourrait, ce me semble, définir l’homme du monde qui, pour se guérir ou se consoler de sa pauvreté et de sa misère naturelle, aime à se revêtir de biens imaginaires, un fantôme qui se promène parmi les choses qui n’ont que l’apparence. J’appelle un fantôme, non l’homme de la nature, composé d’un corps et d’une âme que Dieu a formée, mais l’homme de la cupidité, composé des songes et des fictions de son amour-propre. J’appelle les choses qui n’ont que l’apparence (et cela après le Psalmiste), les avantages que le monde recherche avec tant de passion, ces grands vides remplis de notre propre vanité, ou plutôt ces grands riens qui occupent un si grand espace dans notre imagination dérégléed. »

d – Voir dans le livre de M. Sayous, t. II, pp. 152-156, une appréciation judicieuse de l’Art de se connaître soi-même.

Abbadie mit aussi sa plume habile au service de Guillaume III. Dans sa Défense de la nation britannique, il s’efforça de justifier en droit et en morale la révolution de 1688, la déchéance de Jacques II, et toute la conduite du prince qui prit la place de son beau-père sur le trône d’Angleterre. Il posa résolument la doctrine du droit populaire de résistance, et fit l’apologie complète et sans réserve du nouveau roi. Ce fut encore lui que l’on choisit en 1694 pour prononcer l’oraison funèbre de la reine Marie, qui avait épousé Guillaume III, et son discours ne fut qu’un long panégyrique, toujours élégant, quelquefois pompeux, de la princesse protestante dont le nom couvrit d’une apparence de légitimité le mouvement insurrectionnel qui renversa le dernier des Stuarts.

« En vain, dit-il, l’État et l’Église seraient intervenus dans ce procès entre la religion et la superstition. En vain des prélats magnanimes y auraient donné leurs soins avec application et avec fermeté. En vain le parlement, ce conseil autorisé de la nation et de la monarchie, assemblée de sages et, par l’autorité du sceptre, assemblée de législateurs, sacré dépositaire des droits et des privilèges de la patrie, bouche respectée du peuple, interprète de ses besoins et de sa volonté, aurait pensé terminer ce différend, porté devant son tribunal auguste, si la grâce ne l’avait premièrement décidé dans le cœur de cette jeune princesse. Elle crut qu’elle se devait à Dieu et à l’État, et que ce n’était que par un entier dévouement à sa patrie et à sa religion qu’elle pouvait répondre à la vocation que le ciel lui adressait. Ne voulant vivre que pour sa nation et pour sa religion, prête à mourir pour l’une et pour l’autre, elle acceptait la couronne ; mais aussi elle acceptait la mort, disposée, s’il l’eût fallu, à éprouver, pour un intérêt si précieux et si saint, l’une et l’autre fortune. »

Puis, au souvenir de la victoire de Guillaume et du triomphe de la révolution protestante, facilité par la conduite de Marie, il s’exalte et félicite de nouveau l’Angleterre de l’élévation d’une dynastie qui lui rendit ses libertés si longtemps méconnues par les Stuarts :

« Rappelons dans notre esprit ce temps qui sera présent à la mémoire de tous les siècles, puisqu’il intéresse la postérité la plus éloignée, où Dieu mit quelques bornes à l’oppression des peuples et à l’affliction de son Église ; où il arrêta par un seul événement les progrès de cette puissance qui menaçait toutes les autres ; où il préserva la terre des vastes débordements de cette mer irritée, en lui faisant lire cet ordre écrit de sa main sur le sable : Ici s’arrêtera l’élévation de tes ondes. Nous avons devant les yeux cette conjoncture importante, où la sagesse qui préside aux événements et qui enchaîne, comme il lui plaît, les causes secondes, voulut comme attacher la conservation de l’Angleterre et celle de tant de nations à la résolution d’un seul homme ; où les lois, les biens, la liberté, la religion de plusieurs peuples furent confiés par la Providence à l’inconstance des flots ; où les tempêtes mêmes servirent d’une manière admirable à exécuter le dessein de notre délivrance ; où des victoires non sanglantes accomplissaient l’intention du Dieu de miséricorde ; où l’on fit la guerre au mauvais parti par le consentement et par l’union des esprits et des volontés ; où le Libérateur se présente, et une frayeur de Dieu saisit ses ennemis ; où enfin, par l’extraordinaire bénédiction que Dieu accorde à la plus haute et à la plus nécessaire entreprise de nos jours, il est permis à l’Angleterre d’avoir des lois, à l’Église de servir Dieu, aux hommes de vivre et de respirer. »

Abbadie fut récompensé par le doyenné de Killalow en Irlande, où il prolongea sa carrière jusqu’en 1724. Il publia encore plusieurs ouvrages, et entre autres une Apologie de la religion et le Triomphe de la Providence. Mais l’Art de se connaître soi-même, qu’il fit paraître dans les premiers temps de son séjour en Angleterre, fut le terme de ses grands succès, et l’on peut dire que dès lors sa belle intelligence ne produisit plus rien qui égalât ses premiers chefs-d’œuvre.

Non seulement en Angleterre, mais, même en Irlande, les réfugiés exercèrent une certaine influence sur le progrès des lettres. Le premier journal littéraire qui parut à Dublin fut créé par le pasteur Droz, qui exerça longtemps le ministère sacré dans cette ville, et fonda en outre une bibliothèque à College Green.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant