Histoire des réfugiés protestants de France

7. — Discours adressé au roi Jacques II, par les députés des Églises françaises et hollandaises de Londres

Voici le discours conservé dans les Actes de l’Église française de Londres, et qui fut adressé au roi Jacques Il, à son avénement au trône, par les députés des Églises françaises et hollandaises de Londres.

« Les Églises françaises et hollandaises de votre ville de Londres et de quelques autres villes de votre royaume nous ont envoyés vers Votre Majesté pour lui rendre leurs hommages, pour l’assurer de leur fidélité et de l’inviolable attachement qu’elles auront à son service, pour implorer sa protection royale et pour lui demander avec une profonde humilité la continuation des grâces dont elles ont joui jusqu’à cette heure dans votre empire. Ces grâces, Sire, sont un bien qu’elles y ont possédé depuis plus d’un siècle par la bonté des Rois vos prédécesseurs. Ainsi, sachant que, comme vous êtes le juste et légitime héritier de leurs couronnes, vous l’êtes aussi de toutes leurs vertus, et que cette grandeur d’âme qui vous est naturelle ne peut qu’elle ne vous inspire une clémence semblable à celle du feu Roi de glorieuse et immortelle mémoire qui a fait l’admiration de tout l’univers, elles osent espérer qu’elles jouiront aussi de ce bonheur à l’ombre de votre sceptre, et que ce trône auguste où Dieu et votre droit vous ont élevé sera un trône de grâce d’où vous voudrez bien jeter sur elles de favorables regards. Le coucher de ce grand soleil dont elles viennent d’être privées les a mises dans la consternation et dans le deuil. Ayez, Sire, la bonté de leur rendre la lumière qui les éclairait, et de jeter sur elles quelques-uns de ces doux rayons qui vont procurer la félicité de vos royaumes et porter l’allégresse dans le cœur de tous vos peuples. En le faisant, Sire, vous les verserez sur des personnes qui ne sont à la vérité que peu considérables, mais sur des personnes dont le cœur est droit envers Votre Majesté ; car enfin nous protestons que nous lui rendrons inviolablement toute l’obéissance que de fidèles sujets doivent à leur Prince souverain, et que nous ne cesserons point de prier Dieu qu’il veuille vous donner un règne long et heureux, et toutes les bénédictions du ciel et de la terre. »

Sa Majesté répondit qu’il promettait que nous aurions de lui la même protection que nous avons eue du Roi son frère et de ses ancêtres qu’il nous regardait comme de bons sujets, et qu’il le ferait paraître.

On a lu des lettres des Églises de Cantorbéry, de Southampton, de Norwich et de Thorney-Abbey, où elles remercient notre Compagnie de ce qu’on s’est présenté au Roi en leur nom.

(Registre des Actes de l’Église française de Londres, 22 février 1685.)

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