Histoire de la restauration du protestantisme en France

15. Commission d’Antoine Court en qualité de député général des Églises, délivrée au Synode national de 1748

Nous, pasteurs et Anciens députés des églises réformées du haut et bas Languedoc, de la province du Dauphiné, du haut et bas Vivarais et Velay, des hautes et basses Cévennes, de la Guienne, de la comté de Foix, du Périgord, de l’Angoumois, de la Saintonge, pays d’Aunis, du haut et bas Poitou, et de la Normandie, assemblés au Désert, sous la protection divine, en Synode national, pour délibérer uniquement sur les choses qui regardent l’avancement du règne de Jésus-Christ et les progrès de son Évangile parmi nous, après avoir imploré les lumières du Saint-Esprit, avons résolu unanimement de renouveler et confirmer, autant que besoin en est, les lettres de créance qui ont été cy-devant accordées à M. Antoine Court, notre très cher et très honoré frère, ancien pasteur des églises sous la croix, en qualité de notre député général auprès des Roys, princes, magistrats, Églises, Académies, pasteurs et consistoires de notre sainte religion, pour implorer tous les secours que leur charité et la tendre part qu’ils prennent à nos maux peut nous accorder, sans blesser en aucune manière les droits inviolables de Notre Souverain et auguste Monarque.

A ces causes, nous renouvelons et ratifions et confirmons par les présentes la commission expédiée à M. Court par les députés au Synode national tenu en Languedoc, au mois d’août 1744, et nous prions et suplions très humblement toutes les personnes sacrées, illustres et notables auxquelles il s’adressera, de le reconnaître et recevoir en qualité de député général des églises, réformées sous la croix ou de notre représentant, de luy accorder leur puissante protection, de nous accorder par son ministère tous les secours que leur sagesse et leur charité les porteront à nous fournir, soit pour nous aider à l’entretien du ministère évangélique parmi nous, à soulager les prisonniers et galériens, ou pour obtenir en notre faveur quelque soulagement à des maux qui se renouvellent tous les jours et qui ne finissent jamais, quelque relâchement à la rigueur des Edits et quelque mode de vivre, au moyen duquel nous puissions servir Dieu et luy rendre nos hommages par un culte public, sans être exposés, comme nous l’avons été jusqu’icy, à des peines pécuniaires afflictives et infamantes, et nous accorder tous les charitables secours d’une manière telle que nous le souhaitons et qu’elle est dans nos intentions les plus pures et les plus sincères, qui ne puisse fournir à ceux qui ne nous aiment point aucun prétexte de nous accuser, avec quelque aparence de justice, que nous manquons au devoir de fidelles sujets. Car à Dieu ne plaise qu’il nous arrive jamais, en rendant au Roy des Roys les hommages qui luy sont dus, de manquer à la fidélité que nous devons à notre légitime souverain Louis XV, Notre auguste Monarque. Oui, craindre Dieu et honorer le Roy sera toujours pour nous, comme elle l’a constamment été, une maxime également sainte et inviolable. Nous sommes persuadés que tous les hauts et illustres protecteurs des églises sous la croix, Roys, Princes, Electeurs, Magistrats, Prélats, Pasteurs, etc., continueront d’aprendre avec joye qu’il y a encore une grande moisson à faire dans le champ du Seigneur, que les églises se multiplient, que le Seigneur ajoute tous les jours des personnes à son Église pour être sauvées ; mais nous ne sommes pas moins persuadés que des protecteurs si bienfaisants, si remplis de zèle, qui ont fait prouver par tant de marques de bienveillance combien grande est leur charité pour nous, continueront à s’intéresser en notre faveur, et qu’ils ne se borneront pas seulement à nous procurer des secours pour l’instruction, la sanctification et la consolation d’une infinité de pauvres fidèles qui sont afamés de la Parole de Dieu, à soliciter la liberté de tant de confesseurs qui sont détenus sur les galères et dans les prisons ; mais qu’ils feront encore ressentir les effets de leur charité et de leur zèle à tant de membres du corps mystique de Jésus-Christ qui gémissent sous la croix, en leur procurant par leurs puissantes intercessions la douce liberté qui fait l’objet de leurs vœux. Il ne nous reste qu’à faire des vœux au ciel pour toutes les personnes sacrées, illustres et notables qui ont déjà contribué et qui voudront bien contribuer encore à l’avenir à une œuvre si pieuse et si sainte, qui ne tend qu’à l’avancement du règne de Jésus-Christ, le Roy des Roys, le Seigneur des Seigneurs. Veuille l’auteur de tout don parfait, le Père de toute. grâce et de toute consolation, le Dieu par qui les Roys régnent, répandre ses plus précieuses bénédictions sur tous les Roys, Princes, Electeurs, Magistrats, Seigneurs, Églises, Evêques, Pasteurs, etc., qui daignent s’intéresser au bien de nos églises, et en répandant sur leurs personnes, sur leurs familles, ses bénédictions, faire prospérer les Royaumes, les Etats, les Républiques, les Églises dont ils sont les dignes chefs, conserver au milieu d’eux la lumière de l’Évangile, et la douce liberté de servir Dieu selon sa parole ! Veuille-t-il récompenser un jour abondamment les riches effets de leur bénéficence et les salutaires fruits de leurs intercessions ! C’est par ce vœu que nous finissons la lettre de créance que nous donnons à M. Antoine Court, notre député général, lequel nous recommandons à la grâce de Dieu et à sa puissante protection.

Fait dans notre assemblée générale, le 17 septembre mil-sept-cent-quarante-huit.

Peirot, pasteur et modérateur ; J. Loire, pasteur et modérateur adjoint ; Cavalier, pasteur et secrétaire ; Redonnel, pasteur et secrétaire adjointa.

aRecueil des actes des Synodes tenus en la province du Vivarais (1721-1793), conservé aux Archives consistoriales de la Voulte (Ardèche), et communiqué par M. le pasteur Arnaud, de Crest.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant