Histoire de la restauration du protestantisme en France

16. Lettre de Saint-Florentin à Saint-Priest sur l’émigration (1752)

A Versailles, le 21 may 1752.

Je suis très fâché, Monsieur, d’apprendre, par votre lettre du 8 de ce mois, les mesures que les puissances étrangères prennent pour attirer les religionnaires et pour nous enlever les ouvriers de nos manufactures. Il est de la dernière importance que vous tâchiez de prévenir, par toutes sortes de moyens, la perte que l’Etat en peut souffrir. Les ministres et les prédicants étant les agents dont ces puissances se servent, c’est une nouvelle raison pour ne rien négliger, afin de les arrêter ou de les obliger à sortir du royaume. L’indulgence envers les protestants et tous les soulagements qu’il sera possible de donner tant à eux qu’aux ouvriers et autres habitants de la province, sont les moyens les plus sûrs de les fixer ; et enfin, on les détournera de passer en pays étrangers, si l’on peut surprendre quelques gens apparents, lorsqu’ils s’évaderont, et si l’on peut leur faire leur procès suivant la rigueur des ordonnances. Je vous prie de n’épargner ni dépenses ni soins pour veiller sur un objet d’une aussi grande conséquence. Je viens d’écrire à M. le comte d’Argenson pour le prier de donner de nouveaux ordres dans les villes et places frontières, afin qu’on ne laisse sortir aucun sujet du Roi sans des passeports en bonne forme.

On ne peut, Monsieur, vous honorer plus parfaitement que je ne fais.

Saint-florentin.

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