Antiquités judaïques - Flavius Josèphe

LIVRE VII

CHAPITRE XIV
David prépare les matériaux pour le Temple ; Adonias revendique le trône, mais David choisit Salomon pour lui succéder.

David prépare les matériaux du temple.

1.[1] Après cette prophétie, le roi ordonna de recenser les résidents étrangers et l’on en trouva environ cent quatre-vingt mille[2]. Il en désigna quatre-vingt mille pour être employés à tailler les pierres et le reste pour les transporter ; trois mille cinq cents[3] furent préposés à la surveillance des travailleurs. Il fit aussi préparer, en vue des travaux, une grande quantité de fer et de cuivre, et beaucoup de bois de cèdre de dimensions énormes envoyé par les Tyriens et les Sidoniens ; c’est à eux, en effet, qu’il avait commandé la fourniture des bois. Et il dit à ses amis que s’il faisait ces préparatifs dès maintenant, c’était afin de laisser tout prêts au fils qui devait lui succéder les matériaux de la construction du Temple et de lui éviter le souci de se les procurer à un âge où il n’en aurait pas l’expérience ; en revanche, ayant les matériaux sous la main, il pourrait exécuter l’œuvre.

[1] I Chroniques, XII, 1 ; II Chroniques, II, 1.

[2] D’après II Chron., II, 1, 17 ; I Rois, V, 13-16 (mais le recensement est attribué à Salomon). Le chiffre de 180.000 des Rois ne comprend pas que les étrangers employés aux gros travaux, comme dit Josèphe par erreur, mais aussi les 30.000 israélites dont les Chroniques ne font pas mention.

[3] Hébreu : 3.600. Dans I Rois, V, 16, il est question de 3.300 chefs (LXX : 3.600) ; Josèphe lui-même (VIII, § 59), donnera le chiffre de 3.300.

Discours de David à Salomon et aux premiers du peuple.

2.[4] Puis il mande son fils Salomon et lui ordonne d’élever un temple à Dieu dès qu’il aura hérité de la royauté ; il aurait souhaité, dit-il, le faire lui-même, mais Dieu l’en avait empêché parce qu’il était souillé de sang et de guerres ; cependant Dieu lui avait prédit que le temple serait édifié par Salomon, un fils de grand sens et qui en porterait le nom[5], et dont il promettait d’avoir souci lui-même comme un père ; il promettait également de combler sous son règne le pays des Hébreux de toutes sortes de bienfaits et surtout du plus grand de tous : la paix, l’absence des guerres étrangères et de discordes civiles. « Ainsi, puisque, même avant ta naissance, tu as été désigné par le Seigneur pour le trône, tâche en toute occasion de te rendre digne de sa sollicitude, en te montrant pieux, juste et courageux ; observe les commandements et les lois qu’il nous a donnés par la voix de Moïse, et ne permets pas aux autres de les transgresser. Quant au temple qu’il a prescrit qu’on lui bâtit sous ton règne, mets tout ton effort à en faire hommage à Dieu, sans t’effrayer de la grandeur de l’œuvre, sans te laisser intimider par ses difficultés ; car je ferai en sorte que tout soit préparé pour toi avant ma mort. Sache donc que j’ai déjà réuni dix mille talents d’or, et cent mille talents d’argent[6] ; j’ai rassemblé une quantité de fer et de cuivre, un matériel énorme de bois et de pierres. Tu as, en outre, de nombreuses myriades de tailleurs de pierres et de charpentiers : et s’il te manque encore quelque chose, tu y pourvoiras toi-même. Quand cette œuvre sera accomplie, tu seras cher à Dieu et tu l’auras pour protecteur. » Il exhorta aussi les premiers du peuple à donner leur concours à son fils pour cette construction, et, désormais à l’abri de tout fléau à employer leurs loisirs à honorer Dieu. Ils récolteraient pour prix de leurs peines la paix et une heureuse administration, par quoi Dieu récompense les hommes pieux et justes. Une fois le temple construit, il prescrivait à son fils d’y déposer l’arche et les vases sacrés, « lesquels, dit-il, auraient dû depuis longtemps posséder un temple, si nos pères n’avaient point désobéi aux ordres de Dieu, qui leur avait prescrit de lui édifier un temple après qu’ils auraient occupé le pays[7] ». Ainsi parla David aux chefs du peuple et à son fils.

[4] I Chroniques, XXII, 6.

[5] Σολομών... παϊς συνετώτατος (Niese : νεώτατος mss.) xαί τοϋτο xληθησόμενος τοΰνομα, texte obscur et corrompu. Il doit y avoir une allusion au surnom de Sage porté par Salomon. (T. R.).

[6] Bible : 100.000 talents d’or et un million de talents d’argent.

[7] Ce dernier trait est de l’invention de Josèphe.

David et Abisag.

3.[8] David était déjà vieux, et son corps refroidi par l’âge était devenu si frileux que, même en amoncelant les couvertures, il ne parvenait pas à se réchauffer. Les médecins se réunirent et furent d’avis qu’on choisit dans toute la contrée une belle jeune fille pour dormir avec le roi, qui seule pourrait le réchauffer et le protéger contre le froid. On trouva donc dans une ville[9] une femme plus belle que toutes les autres, nommée Abisac(é) qui réchauffa le roi rien qu’en restant couchée auprès de lui ; car en raison de son grand âge, sa faiblesse lui interdisait le plaisir et le commerce conjugal. Nous reparlerons un peu plus loin de cette vierge.

[8] I Rois, I, 1 ; les Chroniques ne relatent pas l’épisode d’Abisag, ni celui d’Adonias.

[9] A Sunem (I Rois, I, 3). — Cf. la Sulamite du Cantique. [Le nom paraît avoir sauté du texte de Josèphe έν πόλει sans plus n’est pas grec. T. R.].

Adonias se fait nommer roi ; Bersabé, sur le conseil de Nathan, va trouver David.

4.[10] Le quatrième fils de David, un grand et beau jeune homme qu’il avait eu de sa femme Aegithé, et qui portait le nom d’Adonias, nourrissait les mêmes pensées qu’Absalon ; il aspirait lui aussi à régner et disait à ses amis qu’il lui fallait prendre le pouvoir. Il équipa quantité de chars, de chevaux, et cinquante hommes pour courir par devant. Témoin de ces actes, son père ne le châtiait pas, ne l’arrêtait pas dans son dessein et ne se hasardait même pas à lui demander pourquoi il en usait ainsi. Adonias avait pour complices le général Joab et le grand-prêtre Abiathar ; seuls lui faisaient opposition le grand-prêtre Sadoc, le prophète Nathan, Banéas, le chef des gardes du corps, Séméis, l’ami de David[11], et tous les preux du roi. Adonias fit apprêter un festin hors de la ville près de la fontaine située dans le jardin royal[12], et y invita tous ses frères, à l’exception de Salomon ; il y amena le général Joab, Abiathar et les premiers de la tribu de Juda ; tous ceux-là y assistèrent, mais le grand-prêtre Sadoc, le prophète Nathan et Banéas, chef des gardes du corps, et tous ceux du parti adverse n’avaient pas été invités. Le prophète Nathan informa de la chose la mère de Salomon, Bersabé, disant qu’Adonias était roi et que David l’ignorait ; il lui conseilla, pour se sauver, elle et son fils Salomon, de se rendre seule auprès de David et de lui dire que, bien qu’il eut juré que Salomon régnerait après lui, dans l’intervalle Adonias venait de s’emparer du pouvoir. Quand elle aurait ainsi parlé, le prophète promettait d’accourir lui-même et de confirmer ses paroles. Bersabé, obéissant à Nathan, vient trouver le roi, se prosterne devant lui et, lui ayant demandé la permission de parler, lui raconte tout ce que le prophète lui avait suggéré, le festin d’Adonias et ceux qu’il avait invités, le grand-prêtre Abiathar et le chef Joab, et les fils du roi à l’exclusion de Salomon et de ses amis intimes. Elle lui dit aussi que tout le peuple attendait de savoir celui qu’il désignerait comme roi et le pria de songer que, si Adonias régnait après lui, il la ferait périr ainsi que son fils Salomon.

[10] I Rois, I, 5.

[11] Bévue qui a pour origine une variante mal comprise de l’hébreu. Le texte massorétique a, en effet, Schim’i et Rei. Presque tous les mss. des LXX ont Σεμεϊ xαί ‘Ρη(σ)ί. Le ms. 108, suivi par la Polyglotte de Complute, a : οί έταϊροι αύτοΰ. Josèphe, ou le texte suivi par lui, a dû lire dans l'hébreu « son ami », et il a maladroitement appliqué le possessif à David.

[12] Près de la pierre de Zohélet, voisine de la source de Roguel.

Intervention de Nathan ; David fait proclamer Salomon.

5.[13] La femme conversait encore avec le roi, quand les gardiens de la chambre annoncèrent que Nathan désirait le voir. Le roi le fait introduire : Nathan entre et demande si c’est bien aujourd’hui que le roi doit désigner Adonias comme roi et lui remettre le pouvoir. « Adonias, dit-il, a, en effet, préparé un magnifique festin où il a invité tous les fils du roi, sauf Salomon, ainsi que le général Joab ; à cette heure ils font bonne chère, en claquant des mains et se réjouissant, et lui souhaitent le pouvoir à perpétuité. Cependant, il n’a convié ni moi-même, ni le grand-prêtre Sadoc, ni Banéas, chef des gardes du corps. Il est bon que tout le monde sache si tout cela se passe avec ton assentiment. » Nathan ayant ainsi parlé, le roi fit appeler Bersabé : elle s’était échappée, en effet, de la chambre, quand le prophète était arrivé[14]. Quand la femme fut venue : « Je te jure, dit-il, par le Dieu très grand, que c’est bien ton fils Salomon qui régnera, comme je l’ai juré antérieurement, et qu’il s’assoira sur mon trône, et ceci se fera aujourd’hui même. » Alors la femme se prosterna et lui souhaita longue vie. Le roi mande le grand-prêtre Sadoc et Banéas, le chef des gardes du corps, et leur enjoint de prendre avec eux le prophète Nathan et tous les hommes d’armes présents à la cour, puis de faire monter son fils Salomon sur la mule royale, de le conduire hors de la ville près de la source appelée Gèon, et là de l’oindre avec l’huile sainte et de le déclarer roi. Tels furent ses ordres au grand-prêtre Sadoc et au prophète Nathan. Il leur prescrit d’accompagner ensuite le prince à travers la ville en faisant sonner de la corne et de proclamer que le roi Salomon est assis pour toujours sur le trône royal, afin que tout le peuple sache qu’il a été désigné comme roi par son père, enfin d’adresser à Salomon de sages recommandations touchant le pouvoir[15], afin qu’il gouverne avec piété et justice tout le peuple des Hébreux et la tribu de Juda. Après que Banéas eut prié Dieu d’être propice à Salomon, sans perdre un instant ils font monter Salomon sur la mule, le mènent en dehors de la ville près de la source et, l’ayant oint d’huile, le ramènent dans la ville avec des acclamations et en lui souhaitant une royauté de longue durée. Puis, l’ayant conduit au palais royal, ils le font asseoir sur le trône. Et tout le peuple se livra aussitôt à des banquets et des fêtes, dansant et se réjouissant au son des flûtes, et la multitude des instruments faisait résonner alentour tout le sol et l’atmosphère.

[13] I Rois, I, 22.

[14] Détail ajouté judicieusement par Josèphe pour expliquer comment David peut faire appeler Bersabé, qui était présente à l’arrivée de Nathan. En réalité, l’étiquette orientale ne permettait à aucun étranger d’assister à un colloque entre le roi et une reine.

[15] Ce dernier détail est ajouté par Josèphe et a souvent été mal compris.

Fuite d’Adonias ; Salomon lui fait grâce.

6.[16] Quand Adonias et les convives au festin perçurent cette clameur, ils furent bouleversés, et le général Joab s’écria que ces sons et cette trompette ne lui disaient rien qui vaille. Le repas est suspendu, personne ne touche à rien[17], tout le monde est plongé dans ses réflexions, quand accourt à eux Jonathés, fils du grand-prêtre Abiathar. Adonias avant dévisagé le jeune homme avec complaisance et l’ayant appelé messager de bonheur, il leur fit connaître tout ce qui venait de se passer avec Salomon et la décision du roi David. Alors Adonias et tous ses invités quittent précipitamment le festin et s’enfuient chacun chez soi. Adonias, craignant que le roi ne lui demandât compte de sa conduite, prit posture de suppliant de Dieu et se saisit des cornes qui s’avançaient au devant de l’autel. On rapporte à Salomon l’acte d’Adonias et que ce dernier le prie de lui donner des sûretés qu’il ne lui tiendra pas rigueur et ne lui fera aucun mal. Salomon, avec beaucoup d’indulgence et de sagesse, répond qu’il lui passe sa faute pour cette fois, mais que s’il est jamais repris à fomenter des troubles, il ne devra son châtiment qu’à lui-même, puis il envoie des hommes le tirer de son asile. Adonias se rend alors auprès de lui et se prosterne devant son frère ; il reçoit l’ordre de rentrer chez lui sans appréhension, mais de bien se conduire à l’avenir, car il y allait de son salut.

[16] I Rois, I, 41.

[17] D’après le texte biblique (I, 41) le repas était terminé.

Organisation des prêtres et des Lévites.

7.[18] Cependant David, désireux de faire reconnaître la royauté de son fils par tout le peuple, convoque les chefs à Jérusalem, ainsi que les prêtres et les Lévites, et, les avant dénombrés, en trouve d’abord trente-huit mille[19] âgés de trente à cinquante ans. Il en désigna vingt-quatre mille pour surveiller la construction du Temple, six mille comme juges du peuple et comme scribes, quatre mille comme gardiens de la maison de Dieu, et autant comme chantres de Dieu, destinés à chanter au son des instruments que David avait fait fabriquer, ainsi que nous l’avons dit précédemment. Il les répartit par classes, puis ayant séparé les prêtres[20], de la tribu il en trouva vingt-quatre classes, dont seize de la maison d’Eléazar et huit de celle d’Ithamar. Il établit alors qu’une même classe aurait à servir Dieu durant huit jours, d’un sabbat à l’autre. C’est ainsi que toutes les classes reçurent leur tour de service, en présence de David, des grands-prêtres Sadoc et Abiathar et de tous les chefs. La première classe qui fut tirée au sort fut inscrite pour le premier tour et ainsi de suite depuis la seconde jusqu’à la vingt-quatrième. Cette répartition a persisté jusqu’aujourd’hui[21]. Il constitua de même dans la tribu de Lévi vingt-quatre sections qui, réparties par le sort, se virent attribuer, de la même façon que les classes sacerdotales, leur service de huit jours. Il honora, d’autre part, les descendants de Boise : il fit d’eux les gardiens des trésors de Dieu et des offrandes que pourraient apporter les rois. Et il prescrivit à tous ceux de la tribu de Lévi et aux prêtres de servir Dieu nuit et jour, ainsi que le leur avait recommandé Moïse.

[18] I Chroniques, XXIII, 1.

[19] D’après I Chroniques, ce chiffre ne se rapporte qu’aux Lévites et il n’est point question de la limite de 50 ans.

[20] I Chroniques, XXIV, 4.

[21] Cf. Contre Apion, II, 8 ; Tosefta Soukka, IV, 24, 25 ; Soucca, V, 7-8 ; Tamid, V, 1-2. Josèphe se place par la pensée avant la ruine du Temple.

Organisation de l’armée.

8.[22] Après cela, il répartit toute l’armée en douze corps avec des commandants en chef, des centurions et des taxiarques[23]. Chaque corps comptait vingt-quatre mille hommes, et il leur ordonna de se tenir auprès du roi Salomon (à tour de rôle) pendant trente jours du premier jusqu’au dernier du mois avec leurs chiliarques et leurs centurions. Il établit au commandement de chaque corps des hommes qu’il savait être probes et justes, il en mit d’autres comme intendants des trésors, des bourgs, des champs et des bestiaux ; je n’ai pas jugé nécessaire de mentionner leurs noms[24].

[22] I Chroniques, XXVII, 1.

[23] « Chefs de milliers et de centaines » (Chroniques). Plus loin les taxiarques deviennent précisément des chiliarques.

[24] Qu’on trouve dans I Chroniques, XXVII, 23 suiv.

Discours de David au peuple.

9.[25] Après avoir ainsi réglé ces services, le roi convoqua en assemblée les principaux des Hébreux, les chefs des tribus, les gouverneurs de districts et tous les officiers, chargés des affaires et des revenus du roi. Debout sur une très haute estrade, il prit la parole devant cette multitude. « Frères et compatriotes, dit-il, je veux que vous sachiez qu’ayant formé le projet d’élever un temple à Dieu, j’ai amassé à cette fin une grande quantité d’or et cent mille talents d’argent. Dieu, par la voix du prophète Nathan, m’a fait défense d’exécuter ce dessein, à cause des guerres que j’ai soutenues dans votre intérêt, et parce que ma droite s’est souillée du sang de tant d’ennemis, mais il a ordonné au fils qui me succéderait au trône de lui édifier ce temple. Maintenant donc, puisque des douze fils de notre ancêtre Jacob vous savez que c’est Juda qui a été désigné comme roi, et que de même j’ai été préféré à six frères et j’ai reçu de Dieu le souverain pouvoir, sans que nul l’ait regretté, de même je souhaite moi aussi que mes fils ne se querellent pas entre eux parce que la couronne est échue à Salomon, mais convaincus que Dieu l’a élu, qu’ils l’adoptent volontiers pour maître. Car s’il n’y a rien de pénible, lorsque c’est Dieu qui le veut, à servir même un maître étranger, il convient de se réjouir quand c’est un frère qui commande, parce que chacun prend sa part de son honneur. Ainsi je souhaite que les promesses de Dieu s’accomplissent, et que se répande par tout le pays et y persiste pour toujours cette prospérité qu’il a promis lui-même de procurer au règne de Salomon. Ces promesses, mon fils, seront assurées et se réaliseront heureusement si tu te montres pieux et juste, et fidèle gardien des lois nationales ; mais si au contraire tu les enfreins, attends-toi aux pires calamités. »

[25] I Chroniques, XXVIII, 1.

Exhortations et promesses de David ; empressement des prêtres et des Lévites.

10.[26] Le roi, après avoir ainsi parlé, s’arrêta, puis il donna à Salomon, aux yeux de tous, les dessins et les plans de la construction du temple, des fondements, des salles et des étages supérieurs ; il détermina quel en serait le nombre, quelle en serait la hauteur et la largeur, ainsi que le poids de tous les vases d’or et d’argent. En outre, il exhorta son fils à déployer toute son ardeur en vue de cette œuvre, et invita les chefs et la tribu de Lévi[27] à lui prêter leur concours, vu son jeune âge et le choix que Dieu avait fait de lui pour présider à l’édification du temple et occuper le trône. Il leur montra, d’ailleurs, que cette édification serait aisée et point trop laborieuse, puisqu’il avait déjà préparé lui-même beaucoup de talents d’or et encore plus d’argent, ainsi que des bois, et réuni une multitude de charpentiers et de tailleurs de pierre, quantité d’émeraudes[28] et toute espèce de pierres précieuses. Et maintenant, comme prémices de son propre apport, il offrait de fournir encore trois mille talents d’or pur[29] pour le Saint des Saints et, pour le char de Dieu, les Chérubins qui seraient posés sur l’arche et la couvriraient. Quand David se tut, un grand enthousiasme se produisit chez les chefs et les prêtres et parmi les hommes de la tribu de Lévi[30], qui apportèrent tous leur quote-part et firent de brillantes et magnifiques promesses. En effet, ils s’engagèrent à apporter cinq mille talents et dix mille statères[31] d’or, dix mille talents d’argent, et plusieurs myriades de talents de fer[32]. Et quiconque possédait des pierres précieuses les apporta et les mit dans les trésors auxquels était préposé Ialos, descendant de Moïse[33].

[26] I Chroniques, XXVIII, 11.

[27] I Chroniques, XXIX, 1.

[28] Ne sont pas mentionnées dans la Chronique.

[29] La Bible ajoute : et 7.000 talents d’argent.

[30] Les Lévites ne sont pas nommés dans la Bible.

[31] Hébreu : Adarkonim, dariques, anachronisme.

[32] Bible : 18.000 kikkar de cuivre et 100.000 kikkar de fer.

[33] Hébreu : Yehiël le Gersonite (LXX : Ίειήλ).

Actions de grâces de David et du peuple ; sacrifices et fêtes ; installation de Salomon.

11.[34] Le peuple entier se réjouit de ces largesses, et David, témoin du zèle et de l’empressement des chefs, des prêtres et de tous les autres, commença à remercier Dieu à haute voix, l’appelant le père et l’auteur de l’univers, l’ordonnateur des choses humaines et divines dont il composait sa parure, le patron et le tuteur de la race des Hébreux et de leur prospérité ainsi que de la royauté qu’il lui avait donnée à lui-même. Puis, après avoir adressé des vœux de bonheur à tout le peuple et souhaité à son fils Salomon une intelligence saine et juste, fortifiée par tous les éléments de la vertu, il invite aussi la foule à louer Dieu. Et tous, s’étant précipités à terre, se prosternèrent et rendirent grâce aussi à David pour tous les bienfaits dont ils avaient joui depuis qu’il avait reçu la royauté. Le lendemain, ils offrirent des sacrifices à Dieu, mille veaux, autant de béliers et mille agneaux, qu’ils brillèrent en holocaustes ; ils offrirent aussi les sacrifices pacifiques et immolèrent de nombreuses myriades de victimes. Durant tout le jour, le roi fut en fête avec tout le peuple, et pour la seconde fois ils oignirent d’huile Salomon et le désignèrent pour roi et Sadoc pour grand-prêtre de toute la nation. Puis, ils amenèrent Salomon au palais royal et, l’ayant fait asseoir sur le trône de son père, lui obéirent à dater de ce jour.

[34] I Chroniques, XXIX, 9.

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