Théologie de l’Ancien Testament

§ 236. Suite.

Point, de sagesse pour celui qui ne commence pas par craindre l’Éternel. Mais la crainte de Dieu n’est encore que le commencement de la sagesse (Proverbes 9.10). Où est-ce que l’homme qui craint Dieu trouvera de quoi se développer et gagner des lumières nouvelles ? La source de toute sagesse en dehors de l’homme, c’est Dieu.

Voyez cet Israélite pieux ! Il connaît l’histoire de son peuple, il réfléchit à la manière dont Dieu l’a conduit depuis son origine ; il compare la législation de Moïse avec celles des autres peuples, et cette comparaison lui en fait comprendre toute l’excellence (Deutéronome 4.6 ; Psaumes 147.19 ; 29.8). Il ne se lasse pas, dans les 176 versets du Psaumes 119, de célébrer la Loi de son Dieu : « Ouvre mes yeux, pour que je contemple les merveilles de la Loi ! (v. 18.) — Celui qui a si bien ordonné toutes choses dans la théocratie, déploierait-il une moins grande sagesse dans le gouvernement du monde ? Impossible, puisque le Dieu d’Israël est le créateur et le conservateur de l’univers. Les deux révélations doivent se répondre et elles se répondent en effet : voici le Psaumes  19. Le Dieu qui parle par Moïse et par tous les prophètes, est aussi celui qui, par sa parole, a sorti le monde du néant et qui, par sa parole, le gouverne lui seul. Rappelez-vous quelques-uns des passages que nous avons cités déjà, quand nous avons traité de l’action de la Parole de Dieu sur la nature (§ 50 et 52. Psaumes 33.6, comp. à 4, Psaumes 147.19, comp. à 15 et à Psaumes 148.8). C’est de cette façon que l’Israélite s’élève peu à peu, à la contemplation d’un Dieu non seulement souverainement puissant, mais aussi souverainement sage ; d’un Dieu qui peut faire tout ce qu’il veut (Psaumes 115.3 ; 135.6), mais qui, en outre, dirige toutes choses en vertu d’un plan admirable. Quelle noble tâche que celle qui s’impose alors à lui ! Enthousiasmé de ce qu’il a entrevu déjà de la sagesse divine, il brûle de faire des découvertes nouvelles dans ce domaine immense. Quand il lui a été donné de comprendre toute la prudence que Dieu a déployée dans l’éducation de son peuple, il s’est, écrié : « O Éternel, que tes œuvres sont magnifiques ! Tes pensées sont merveilleusement profondes ? » (Psaumes 92.5) Quand il considérera le reste des œuvres de Dieu, il reconnaîtra que Dieu a fait toutes choses avec sagesse : « O Éternel, que tes œuvres sont grandes, Tu les as toutes faites avec sagesse ! — Que tes pensées me sont précieuses ; que leur somme est immense ! » (Psaumes 104.24 ; 139.17)

Le mot Maschal, que nous avons traduit par Proverbes, signifie proprement similitude, comparaison. En effet, le sage israélite exprime volontiers ses pensées d’une manière figurée. Mais il y a plus que cela : il aime à comparer les unes aux autres les expériences de la vie, à éclairer les unes par les autres les circonstances diverses dans lesquelles on peut se trouver ; il ne peut même avoir acquis une juste idée des actions des hommes, que lorsqu’il les a pesées au poids du sanctuaire, et qu’il les a comparées avec les justes exigences de la loi de Dieu. Voilà le sens suprême du Maschal ; voilà ce qui explique comment peut être ainsi nommé un Psaume qui, comme le 78 (voyez v. 2), est une méditation sur l’histoire des Israélites : cette histoire, longue suite d’infidélités de la part du peuple, — de support et de justes châtiments de la part de Dieu, — est en quelque sorte un miroir où chaque particulier peut apprendre à se connaître et à connaître ce qui l’attend…

Dans la règle, le proverbe se compose de deux membres (Proverbes 10.1-22 ; 16.1-33), dont le second rend la pensée du premier plus frappante au moyen d’une comparaison, ou la complète, ou la présente à un autre point de vue, ou bien encore la met en saillie par une antithèse. — Il est bref, précis, concis ; il doit se graver aisément dans la mémoire, comme un clou bien acéré qui s’enfonce facilement dans une paroi (Ecclésiaste 12.13). Dans les 13 chapitres 10 à 22, les proverbes se composent presque tous de 7 mots, 4 dans le premier membre, 3 dans le second. Cette régularité de construction devait faciliter la mémorisation de ces morceaux, de même que l’ordre alphabétique observé dans quelques Psaumes et dans Proverbes 31.10-31 (la description de la femme forte). Dans Proverbes 6.16-19 ; 30.15-16, 18-20, 21-23, 29-31, la formule : « Il y a trois choses et même quatre, ou bien il y a six choses et même sept », est un moyen de soutenir l’attention jusqu’à la dernière pensée qui est la plus importante de toutes. Quand des proverbes posent en quelque sorte un problème à la conscience de l’auditeur, ils prennent le nom de חידות (Proverbes 1.6 ; Habakuk 2.6), ce qui signifie énigme, et non pas seulement parole ingénieuse, ainsi qu’on peut s’en assurer par Juges 15.12 ; 1 Rois.10.1 ; Ézéchiel 17.2 ; Nombres 12.8. Mais c’est une énigme morale (Psaumes 49.5 ; 78.2).

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