Théologie de l’Ancien Testament

§ 241. La sagesse pratique.

Il n’est point défendu au sage israélite de se poser des problèmes métaphysiques et de chercher à les résoudre par une spéculation religieuse ; nous en avons dit quelques mots au § 237, et nous en verrons la preuve dans les § 245 à 248. Néanmoins, ce sont surtout des questions pratiques qui l’occupent ; il cherche avant tout à réaliser dans sa vie la volonté de son Dieu. — Quand nous parlons de questions pratiques, entendons-nous bien. C’est à tort que l’on accuse l’A. T. de ne chercher à produire qu’une sainteté toute extérieure ; il regarde certainement aussi aux sentiments du cœur et aux dispositions intérieures (§ 84). Il n’y a, à cet égard, aucune différence entre les Psaumes et les Hagiographes. « O Dieu, sonde-moi et connais mon cœur ; éprouve-moi et examine mes pensées. — Voici, Tu aimes la vérité dans l’intérieur et Tu m’avais enseigné la sagesse dans le secret », pour que je ne tombasse jamais dans un légalisme plus ou moins voisin de l’hypocrisie, « O Dieu, crée en moi un cœur net et renouvelle au-dedans de moi un esprit droit. » Voilà quelques passages des Psaumes ; et nous aurions pu citer le Psaume 32 tout entier, où l’humble et repentante confession des péchés est présentée comme la condition sine qua non du pardon, tandis que l’orgueil chez le pécheur est une folie qui fait penser à la conduite insensée des animaux dépourvus d’intelligence (v. 9). — Eh bien ! que lisons-nous dans les Proverbes ? « L’enfer et le royaume des morts sont (ouverts) devant l’Éternel, combien plus les cœurs des enfants des hommes ! » (Proverbes 15.11) « Aux yeux des hommes (de la justice civile) tous les chemins sont bons, mais l’Éternel pèse (תכן) les esprits » (Proverbes 16.2). « Le fourneau est pour éprouver l’argent ; le creuset pour éprouver l’or ; mais l’Éternel éprouve les cœurs » (Proverbes 17.3). « Le cœur qui forme de mauvais desseins » est l’une des sept choses que l’Éternel hait (Proverbes 6.18). « Qui peut dire : J’ai purifié mon cœur, je me suis purifié de mon péché ? » (Proverbes 20.9). « Certainement, il n’y a point d’homme sur la terre qui fasse bien et qui ne pèche » (Ecclésiaste 7.20). Aussi faut-il confesser ses péchés et n’est-on vraiment heureux que lorsqu’on en a obtenu le pardon (Proverbes 28.13). En eux-mêmes les sacrifices n’ont aucune valeur (Proverbes 15.8 ; 21.27, 3 ; Ecclésiaste 5.1). Enfin, le passage qui résume tous les précédents, c’est cette parole bien connue : « Garde ton cœur plus que toute autre chose qu’on garde, car c’est de lui que (moralement comme physiquement) procèdent les sources de la vie » (Proverbes 4.23). Aussi bien n’est-ce que dans les versets qui suivent, que viennent les conseils spéciaux : « Eloigne-toi de la perversité de la bouche et de la dépravation des lèvres ; que tes yeux regardent ce qui est droit…, balance le chemin de tes pieds, etc. Si l’on veut avoir une preuve de plus de la manière vraiment spirituelle et profonde en laquelle les justes de l’ancienne alliance comprenaient la justice, qu’on lise Job ch. 31, chapitre remarquable qui rappelle en plus d’un endroit le sermon sur la montagne, et où, pour le dire en passant, parmi tant de vertus dont Job se targue, l’humilité seule n’est pas mentionnée.

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