Révolté...? Résigné...? Vainqueur...?

Chapitre II

LES RÉSIGNÉS

Les résignés sont nombreux sur la terre. On leur a dit, et ils l'ont constaté de visu, qu'il y avait dans le monde de plus malheureux qu'eux-mêmes.

Certaines personnes trouvent dans la vie d'un résigné de la noblesse et de la grandeur d'âme. La résignation leur paraît être une attitude courageuse. D'autres, par contre, y découvrent plutôt un manque d'énergie pour ne pas dire un indice de paresse ou même de lâcheté.

A vrai dire il existe plusieurs genres ou degrés de résignation.

I. Las d'une révolte vaine, amoindri par la maladie, l'homme se tait et laisse les choses venir. Sa vie est terne et sans joie. C'est la résignation grise. Aucune relation personnelle n'existe avec Dieu, aucune prière ne monte de ses lèvres sur lesquelles erre un vague sourire désabusé. Il est résigné parce qu'il ne peut faire autrement. C'est la résignation du vaincu.

II. Ayant la crainte de Dieu, comme un Job, l'homme se soumet sans murmurer devant les voies insondables du Très-Haut. Il ne comprend pas, mais il n'attribue rien d'injuste à Dieu. Cette résignation est un témoignage de soumission. Pourtant, quand l'épreuve se prolonge, il est des jours, des hommes et des circonstances qui émoussent la patience et arrachent au cœur ce soupir : « Jusques à quand ? » A d'autres heures, c'est le mot insidieux et tenace qui revient à la charge : « Pourquoi ? » La foi aurait bien des réponses, mais la foi est souvent si petite et si faible et les voies et les pensées de Dieu tellement mystérieuses ! C'est la résignation pieuse.

Que faudrait-il à tous pour connaître un autre état ?

Une relation personnelle avec Dieu en Jésus-Christ, et une connaissance plus intime de son cœur, de ses pensées, de ses voies et de son plan à l'égard de l'homme !

Or c'est bien cela qui manque un peu partout. Il est surprenant de constater à quel point les hommes, même ceux qui font profession de croire en Dieu, vivent dans l'ignorance du vrai Dieu et méconnaissent les pensées du Seigneur à leur égard. Job lui-même qui ne manquait pas de piété put s'écrier au terme de son épreuve : « J'avais entendu parler de Toi, mais maintenant mon œil t'a vu ! » C'est là toute la différence. Comme Asaph, pour que l'orientation de nos pensées change il faut pénétrer dès ici-bas dans les sanctuaires de Dieu ! Or beaucoup en restent éloignés ou seulement sur le seuil.

Croire en l'existence de Dieu est déjà quelque chose, mais cela n'avance guère les hommes et chez plusieurs, la croyance en Dieu est peut-être inférieure à celle professée par le diable lui-même. Ne nous y trompons pas, Satan et les démons non seulement croient en Dieu, mais tremblent devant Lui, tandis que beaucoup d'hommes croient en Dieu sans se soucier de Lui et de sa sainte volonté. Or la croyance du diable ne sauve pas ; ce n'est pas la foi, mais la croyance en face de l'évidence, croyance commune à tous les damnés !

Questionnons un peu les hommes autour de nous sur ce qu'ils pensent de Dieu. Cela est assez facile et très peu compromettant. Le nom de Dieu est sur toutes les lèvres et les hommes ne se font pas faute de l'employer en vain sans se soucier de transgresser chaque fois le troisième commandement.

Vous obtiendrez le plus souvent des réponses étonnamment vagues. Les uns vous diront : « Dieu, c'est l'Être suprême, la Cause première. » D'autres l'appelleront « la Providence », le Tout-Puissant, le Créateur, etc. Pour d'autres encore, Il sera tout simplement « le bon Dieu », toujours d'accord avec eux dans tout ce qu'ils font ! — Certes, à l'exception de ce dernier titre qui le rabaisse, Dieu est tout cela, mais combien ces appellations laissent Dieu dans la brume. Quel manque de précision, d'amour, d'élan ! Combien peu nombreux sont ceux qui s'écrient avec chaleur et conviction : « Dieu, c'est mon Père, je le connais et Il m'aime ! Je vis dans Son amour ! » Et pourtant c'est de cette connaissance là que dépend le vrai bonheur de notre vie, notre réconciliation actuelle avec toutes les voies de Dieu qui si souvent nous paraissent contraires.

Et pourquoi les hommes ne connaissent-ils pas Dieu comme un Père ?

Parce qu'ils ne connaissent pas Jésus-Christ son Fils unique, qui seul révèle le Père ! (Matthieu 11.27.)

Il faut bien le dire une fois pour toutes : En dehors du Christ, il n'existe pas de réelle et complète connaissance de Dieu. C'est le Fils qui révèle le Père. C'est en Christ qu'on peut voir le Père. Sur ce sujet, les Écritures sont formelles : « Personne ne vit jamais Dieu ; le Fils unique qui est dans le sein du Père, Lui, la fait connaître. » (Jean 1.18.)

Mais voilà, du Christ, les hommes ne s'en soucient guère ! Que pensent-ils de Lui ? — Quand Son Nom ne sert pas de chanson aux buveurs, quelle place occupe-t-il dans les cœurs ?

On l'appelle bien Seigneur ! Mais lui disait déjà : « Vous m'appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis », mais ajoutait-Il aussi : « Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des cieux, mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. »

La personne et l'œuvre de Jésus-Christ posent à la conscience de tout homme une question capitale.

Il y a près de deux mille ans, parut en Palestine un Homme qui fut présenté et se présenta comme « l'Envoyé de Dieu », le Fils unique et éternel du Béni ! Les témoignages de ces faits sont sûrs. Crucifié sous Ponce-Pilate auquel les principaux des Juifs l'avaient livré par envie, le Christ ressuscita trois jours plus tard et « se présenta Lui-même vivant à Ses disciples avec plusieurs preuves assurées, étant vu par eux pendant quarante jours et parlant des choses qui regardent le royaume de Dieu ». Après quoi, leur ayant donné ses ordres sur la montagne des Oliviers, sous leurs yeux, Il fut élevé au ciel d'où Il était venu.

Or ces faits, si importants en eux-mêmes, étaient annoncés des siècles à l'avance par des prophètes et consignés dans les livres sacrés des Juifs. Quiconque veut bien lire aujourd'hui encore l'Ancien Testament y trouvera dépeinte, en des tableaux d'une netteté et d'une précision saisissantes, la vie même de Jésus. Il y trouvera Sa venue annoncée comme l'unique espoir du monde, et sa mort ignominieuse comme l'expiation des péchés des hommes !

Témoins de Sa résurrection, les disciples du Christ remplis du Saint-Esprit, parcoururent le monde, prêchant l'Évangile, « attestant auprès de tous les hommes que c'est Lui, le Christ, qui a été établi par Dieu juge des vivants et des morts », ajoutant encore que « tous les prophètes rendent de Lui le témoignage que quiconque croit en Lui reçoit le pardon des péchés ».

Si ces choses sont vraies, comment se peut-il que si peu d'hommes s'en préoccupent ? Ne vont-ils pas au devant d'un terrible jugement en négligeant ou en méprisant un si grand salut ?

Le Christ est méconnu parce que les hommes ne se connaissent pas eux-mêmes, et n'éprouvent pas le besoin d'un Sauveur. Beaucoup estiment, au mépris des Écritures, que leurs œuvres pourront les sauver. Ils préfèrent leur vague croyance à la Révélation positive de Dieu. Ils suivent leur propre esprit et les idées des hommes plutôt que la Parole de Dieu qui déclare sans exception tout homme pécheur et présente la foi au Christ, victime expiatoire, comme l'unique moyen de salut offert à tous. Discuter avec Dieu, contester avec Lui est inutile et insensé. Dieu est Dieu et n'a de compte à rendre à personne. Il ne peut ni se tromper, ni nous tromper. Sa créature doit le croire et accepter avec reconnaissance la grâce qu'Il lui offre.

Quand le Christ est reçu dans un cœur, une vie nouvelle commence. Notre vie qui hors de Lui était une énigme pour nous et bien souvent un fardeau, prend un sens tout nouveau. Dieu qui nous paraissait lointain et caché s'approche maintenant de nous, nous réconcilie avec Lui, nous révélant Son amour et Son cœur de Père. En Christ une relation nouvelle s'établit entre Dieu et Sa créature. Nous devenons Ses enfants. Dès lors, qui pourrait troubler la paix d'un enfant de Dieu ? Quelle circonstance saurait ébranler sa confiance ? Il sait que rien n'arrive si Dieu ne l'a point commandé ou permis. Or ce Dieu Tout-Puissant est Son Père, et s'il est une chose dont il ne peut douter au monde, c'est de Son amour.

En Christ, il a appris qu'il est prédestiné à la gloire éternelle et que son passage sur la terre est une école par laquelle, au moyen d'épreuves diverses, Dieu l'éduque et le forme pour un monde dont les beautés du nôtre ne sont que des ombres imparfaites !

Oh ! vous tous, mes amis résignés, dont la vie s'écoule terne et grise, vous tous qui ne murmurez pas mais qui ne connaissez plus le chant de joie, vous dont le soleil paraît se coucher pendant qu'il fait encore jour, faites un pas en avant ! Étrangers au Christ ou disciples du Christ, ouvrez les Évangiles et apprenez à connaître le Seigneur Jésus.

Alors, vous comprendrez que votre tribulation actuelle n'est que passagère. Avec saint Paul vous ferez l'expérience que « les souffrances du temps présent ne sont pas dignes d'être comparées à la gloire à venir qui doit nous être révélée ». Ayant la paix avec Dieu, vous sachant au travers de tous les objets de Sa faveur, et possédant dans vos cœurs « l'espérance de la gloire de Dieu », vous vous glorifierez dans les tribulations « sachant que la tribulation produit la patience », qui nous amène à des expériences telles, que l'espérance ne peut plus nous quitter. et encore moins nous décevoir « parce que l'amour de Dieu est versé dans nos cœurs par l'Esprit-Saint qui nous a été donné ».

O résigné, l'attitude passive n'est pas selon Dieu ! Tu ne vis pas ici-bas pour toi-même mais pour Dieu. Entre dans le plan de Dieu à ton égard, deviens son collaborateur et tu connaîtras la joie en toutes circonstances.

Si, comme à Moïse, Dieu a dû te dire : « C'est assez, ne me parle plus de cette affaire », sois assuré que ce que Dieu te refuse n'est rien en comparaison de ce qu'il veut te donner. Quand Dieu dit non à un désir même légitime de nos cœurs, réjouissons-nous, car son refus est l'indice sûr qu'Il a préparé quelque chose de meilleur pour nous ! En attendant, comme à saint Paul Il nous dira : « Ma grâce te suffit ». Et quelle est cette grâce sinon Christ Lui-même, solution de tous nos problèmes, clef de tous les situations, réponse à tous nos besoins, plénitude pour la vie présente et pour l'éternité.

Jamais on n'a entendu, jamais on a ouï dire, jamais œil n'a vu, hors toi, ô Dieu, ce que Dieu a préparé pour celui qui s'attend à lui. Tu viens à la rencontre de celui qui se fait une joie de pratiquer la justice, de ceux qui se souviennent de toi en suivant tes voies. (Ésaïe 64.4-5).

Résigné, relève la tête ! Le Christ a un message pour toi :

« Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive. Celui qui croit en moi, selon ce qu'a dit l'Écriture, des fleuves d'eau vive couleront de son sein. » (Jean 7.38.)

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