Le Réveil au Pays de Galles

Conclusion

Dans notre premier chapitre sur les cercles de prières, nous avons raconté les prophéties d’Evan Roberts, de Torrey, de tous les revivalistes et missionnaires gallois, américains, anglais, sur l’imminence d’un Réveil mondial.

On peut contester l’imminence, on ne peut pas contester en tout cas la nécessité d’un Réveil en France. Et comment aurais-je pu, ne pas songer, tout, le temps à notre patrie, à nos Eglises, en étudiant sur place d’abord, et puis en étudiant, la plume à la main, le Réveil gallois ?

On a, vu dans ce livre quelques-uns des résultats produits, par le Réveil gallois. — et aussi par les missions Torrey. Je songe ici aux résultats moraux et spirituels. Et je demande : Pourquoi n’aurions-nous pas, en France, nos missions, et notre Réveil, sous des formes peut-être différentes, mieux appropriées à notre tempérament et à notre mentalité, à nos habitudes et à nos mœurs, mais avec une semblable action de l’Esprit de Dieu, avec moins d’excitation, d’émotionalisme, moins d’énervement, si possible, — surtout avec point de recrues pour les maisons équivalentes à celles de Denbigh ! — mais avec autant de changements dans les vies, avec autant de renouvellement pour les Eglises, avec autant de zèle pour le Royaume de Dieu !

Dans presque tous, les endroits que j’ai visités au Pays de Galles, malgré ma très imparfaite possession de la langue anglaise, je me suis fait comme une loi de dire quelques mots pour inviter ces frères à ne pas oublier la France dans leurs prières et à demander pour nous un Réveil. Partout les prières ferventes et émues ont aussitôt jailli. A Aberdare, un petit garçon de 10 ans a fait une touchante prière demandant à Dieu avec une insistance émouvante que nos églises protestantes soient assez réveillées pour être capables de porter le pur Evangile aux catholiques superstitieux ou indifférents. A Cardiff, à l’une des dernières réunions auxquelles j’aie assisté et participé, un vieillard est venu me trouver à la fin pour me dire qu’il priait tous les jours pour la France et qu’il me demandait quand je rentrerais en France, de le dire à mes compatriotes : « Je m’appelle Williams », a-t-il conclu. Et je m’acquitte de la commission.

Partout, au pays de Galles et ailleurs. On a prié pour nous : mais il s’agit que nous, de notre côté, nous ne rendions pas inutiles, par nos résistances ou notre tiédeur, et ces prières de nos frères et les desseins bienveillants de Dieu à notre égard. Il s’agit que nous ne croisions pas les bras ironiquement et sceptiquement en hochant la tête et en disant : « Un Réveil ! les conditions ne sont pas propices en France. Il est impossible d’avoir un Réveil en ce France en ce moment. Attendons ! Attendons ! » Attendons… quoi ? Si les conditions ne sont pas propices, et je reconnais qu’elles laissent à désirer, c’est à nous de les rendre propices. Elles ne se rendront pas propices toutes seules. Et Dieu ne les rendra pas propices sans nous. C’est à nous de les rendre propices. Et mettons-nous-y tout de suite, et sans attendre. Le temps presse. L’heure où nous vivons est singulièrement grave et solennelle. Dieu visite son peuple. De toutes parts les étrangers sont accourus au pays de Galles, désireux de remporter dans leurs patries respectives une étincelle du feu gallois. Et ce feu s’est communiqué effectivement en bien des endroits, jusque dans les Indes, où sous l’influence des missionnaires gallois, un Réveil a éclaté tout semblable à celui du Pays de Galles. Partout on soupire après le Réveil. Partout on prie pour le Réveil. Or, le désir du Réveil, la prière pour le Réveil, n’est-ce pas sinon le commencement, tout au moins la préparation et comme la prophétie du Réveil ? Dieu visite son peuple et se prépare à le visiter. N’éteignons pas, ne contristons pas l’Esprit !

Je sais tout ce que des Français peuvent objecter à tels ou tels traits du Réveil gallois. Mais il ne s’agit pas de rien reproduire servilement, littéralement, mécaniquement. Il ne s’agit pas de transformer en procédés extérieurs par une imitation superficielle ce qui ailleurs est l’efflorescence spontanée d’une vie profonde. Des quelques détails que j’ai donnés, il ressort, me semble-t-il, qu’il y a dans le Réveil gallois, comme dans tout Réveil, un élément humain à côté de l’élément divin, un élément naturel à côté du surnaturel. Dieu ébranle profondément les âmes par son Esprit, et puis ces âmes se manifestent à leur façon. Il en est ainsi au Pays de Galles. Il en doit être de même partout. C’est du dedans, c’est de l’intérieur de l’âme émue que doivent jaillir les manifestations humaines du sentiment, quelles qu’elles soient, pour être sincères, respectables, touchantes et légitimes et j’ajoute pour être efficaces et fécondes : des changements moraux et spirituels durables et profonds, ce ne sont pas des procédés extérieurs, des imitations superficielles qui peuvent les produire chez nous. Seul l’Esprit de Dieu agissant directement sur les âmes dans sa liberté et sa puissance le peut. Il s’agit donc tout simplement pour nous d’ouvrir avec candeur et sincérité notre âme à l’action d’en Haut et d’être dociles à l’Esprit de Dieu ; le Réveil, quand il éclatera, se manifestera au dehors comme il voudra et comme il pourra ! Ne nous opposons pas à ce qu’il éclate et n’attendons pas passifs et sceptiques qu’il nous tombe du Ciel tout fait, sans que nous ayons bougé pour cela !

Je disais, dans le précédent chapitre, que ce qui caractérise le Réveil gallois, c’est la fusion harmonique du sentiment intense avec la conscience et la volonté, la fusion du mystique et de l’éthique, du religieux et du moral. Oui, tel est le Réveil gallois : et c’est pourquoi il doit être pour chacun de nous une occasion de s’examiner soi-même. « Que pensez-vous du Réveil gallois ? » demandait un ami au célèbre journaliste anglais, M. Stead, qui revenait du Pays de Galles. « Monsieur, répondit Stead très sérieux et très ému, là question n’est pas de savoir ce que j’en pense, mais ce que lui pense de moi, de vous, de nous tous. » Et un pasteur écossais bien connu, le Rév. Hugh Black, disait à son tour après une visite au Pays de Galles : « Je suis allé là-bas pour juger le Réveil, mais c’est le Réveil qui m’a jugé. » Puisse-t-il nous juger aussi, quand il devrait nous condamner à nos propres yeux ! Puisse-t-il nous pousser à nous examiner devant Dieu pour savoir si notre piété est bien une piété complète et normale, telle qu’elle doit être pour être vraiment expansive et féconde ! Et puisse-t-il nous pousser à demander à Dieu qu’il nous rende capables, après avoir admiré le Réveil Gallois, de travailler au Réveil français !

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