Éthique chrétienne générale

2. Christ le Fils unique. Christ et les grands hommes

§ 73

Celui qui pour l’humanité tout entière est à la fois l’idéal et le sauveur, ne peut être entré dans l’histoire, s’être incorporé à l’humanité, que sous une forme capable d’attester qu’il n’est la règle pour tous que parce qu’il est en même temps l’exception. D’une part, en effet, il faut qu’il nous soit semblable à tous, un homme comme nous, véritablement homme, soumis à toutes les lois et à toutes les conditions qu’entraîne le développement de notre propre nature, car ce n’est qu’à ce titre qu’il, peut être notre idéal et notre Sauveur. Et cependant, il faut qu’il soit tout autre que nous ; car s’il n’était que notre semblable, comment pourrait-il réaliser toutes nos aspirations ? Et comment tous pourrions-nous toujours trouver à puiser dans sa plénitude ? De nos jours, on nous a donné de nombreuses études qui s’appellent prétentieusement des Vies de Jésus, des caractéristiques du Seigneur Jésus. La plupart d’entre elles, dans l’intérêt prétendu de la morale, accentuent si exclusivement l’humanité du Christ, qu’elles le font descendre de sa divine hauteur et l’abaissent sous le niveau qui mesure la nature humaine. Elles ne reconnaissent plus entre lui et nous de différence essentielle ; mais elles ne pourront jamais faire que celui qui doit être notre sauveur et notre idéal ne soit que notre égal. Ce n’est donc qu’à mesure que nous reconnaîtrons cette différence essentielle entre lui et nous, que nous deviendrons capables de le connaître véritablement, c’est-à-dire comme le Fils unique du Père.

Que Christ en tant qu’homme soit tout autre que nous, qu’il soit le miracle de l’histoire, c’est une conclusion qui s’impose à toute pensée sérieuse, soit qu’on le considère dans son œuvre et les conséquences qui en découlent, soit qu’on s’arrête à contempler sa propre personnalité. Mais dès qu’on le compare aux grands hommes de l’histoire, il faut reconnaître que sa grandeur à lui est de tout autre nature que la leur, et qu’elles ne sont plus pour lui les mesures qui font la grandeur humaine ordinaire.

A cet effet, regardons d’abord à l’œuvre de Christ. Pour l’apprécier, servons-nous du moyen de comparaison qu’emploie Schleiermacher toutes les fois qu’il s’agit de décider quels sont les hommes et les œuvres qui réalisent la grandeur historique véritable. Pour reconnaître un homme grand, il veut qu’il soit à la fois celui qui fait une société nouvelle et lui imprime une forme dont elle ne puisse plus se défaire sans cesser d’être elle-même. Avec ce terme de comparaison, nous ne risquons pas de prodiguer le titre d’homme grand, ainsi que si souvent on l’a fait. Forcément, nous serons obligés de le réserver pour celui qui l’aura véritablement mérité ; car, avant de le décerner à un homme, il nous faudra d’abord le mettre en regard du milieu social pour lequel il a vécu. L’influence que sur ce milieu il aura exercée sera véritablement pour nous la mesure de sa grandeur. Les inaperçus et les petits seront alors tous ceux qui, se perdant dans la foule, bien loin d’agir sur elle, n’ont su que subir son empreinte et la reproduire dans leur personne et dans leur œuvre. La catégorie des grands hommes ne comprendra pour nous que ceux qui, au lieu de subir l’action sociale, auront su réagir contre elle et lui imposer l’empreinte de leur propre personnalité, grâce à une individualité originale et vraiment souveraine. Bien loin d’être redevable à la société, c’est elle, au contraire, qui se fait leur tributaire, car elle est le produit de leur pensée. Entre ces deux extrêmes, ceux qui dominent et transforment le mouvement social et ceux qui, complètement inaperçus, disparaissent sous son action, on comprend tous ceux qui, à la fois impulsifs et réceptifs, ont emprunté et vécu sur le fonds social, mais en même temps ont su lui rendre tout ou une bonne part de ce qu’ils lui empruntaient. Dans cette catégorie se retrouvent une infinité de personnalités qui, pour se diversifier entre elles par des distinctions et des mérites variant à l’infini, ne sont pas sans comprendre des hommes d’une haute valeur. Mais les seuls véritablement grands sont ceux qui, au lieu d’emprunter et de recevoir de leur milieu, ont été capables de lui donner et de s’imposer comme ses maîtres véritables. Et si tant est que leur époque ait pu leur donner, ce n’a jamais été que la langue qu’ils lui ont parlée et les moyens subsidiaires dont ils ont pu se servir, pour exercer sur elle leur propre et personnelle action.

Le grand homme, tel que nous le concevons, ce n’est pas seulement le génie qui le fait être ; cette puissance ne peut pas lui faire défaut, mais elle ne saurait à elle seule exprimer la grandeur. Shakespeare est certainement un grand poète ; Raphaël et Mozart de glorieux artistes. Mais à ce titre seul, les réclamer comme appartenant à la famille des grands hommes, on ne pourrait que méconnaître leur véritable valeur et, en définitive, leur faire injure. Car l’homme véritablement grand est celui qui possède une puissance sociale, émanation et partie intégrante de sa personnalité, et l’exerce, non pas exclusivement au profit de l’un des grands intérêts, mais de tous ceux qui représentent la culture humaine véritable. Son action doit donc embrasser tous les faits qui importent à la grandeur véritable de l’humanité ; et il faut aussi qu’elle devienne la puissance qui élève cette humanité, sans jamais méconnaître ou sacrifier une seule de ses légitimes aspirations.

Cette conception de la véritable grandeur nous empêche de la décerner à ces héros éphémères qui n’ont valu que pour donner à une époque l’occasion de se complaire et de s’adorer en leur propre personne. Elle nous oblige également à nous demander, nous ne saurions nous le dissimuler, si véritablement il y a eu dans l’histoire de véritables grands hommes. Pour ne citer qu’un exemple, peut-on ranger au nombre des grands hommes, Socrate, le maître et le créateur de la morale, dont l’action personnelle reste cependant si puissante ? Pour trancher la question, nous observerons d’abord que la grandeur d’un homme dépend, il est vrai, de l’action sociale qu’il peut exercer en son temps, mais qu’elle comprend surtout l’idéal poursuivi, et la manière dont il l’a été, alors même, et tel est le cas pour Socrate, que cet idéal n’eût été qu’entrevu. En l’honneur de ce sage, nous ne devons pas non plus oublier que l’effort incessant que s’impose un homme pour réaliser la perfection morale, constitue, pour une bonne part, sa véritable grandeur. Et cet effort moral, qui suffirait à lui seul, indépendamment des résultats conquis pour illustrer des hommes obscurs et inaperçus dans l’histoire, on est heureux de constater que pour Socrate il est infiniment plus que l’effort, il est la part la meilleure du caractère de ce sage. Mais si vraie que soit la force morale de ce héros de la pensée, il nous faut cependant reconnaître que l’étendue de son influence et les influences qu’elle inspira restent singulièrement circonscrites. Il ne s’est, en fait, jamais adressé qu’à des hommes d’école, c’est-à-dire aux privilégiés de l’intelligence ; et jamais il n’a su ou pu pénétrer le milieu social de son temps, et moins encore saisir l’humanité tout entière pour la régénérer et la créer à nouveau. Si nous voulons rester fidèles au critère de la grandeur, tel que le propose le grand théologien allemand, nous sommes donc obligés de dire que les hommes grands, au sens vrai du mot, ne sont que ceux qui ont fondé des Etats ou créé des puissances nouvelles avec des sociétés sur leur déclin, déjà en pleine décadence et tombant en ruine. Ou bien encore, l’homme grand sera celui qui fondera ou réformera une religion, et dans le monde religieux, constituera un nouvel empire. Car ce n’est que dans le domaine de la pensée religieuse ou de la force morale, que peuvent se produire les influences qui se perpétuent et survivent à un siècle.

La grandeur conçue comme la puissance qui régénère et donne une forme nouvelle aux sociétés humaines n’est pas sans quelques analogies avec celle du Seigneur Jésus. Cependant à les comparer entre elles, on est obligé de reconnaître que ces analogies ne sont que des ressemblances lointaines et bien incomplètes. La grandeur, en effet, des hommes les plus grands reste toujours circonscrite dans des limites bien étroites ; toujours elle dépend de l’espace et du temps. Elle n’est que pour un peuple, pour un siècle, pour une part toujours bien restreinte du genre humain. Et les limites étroites qui la circonscrivent ne sont pas sans attester son imperfection, car elles marquent la date de son avènement et de son apogée et par conséquent aussi de son déclin. Elles disent qu’elles ne sont que pour un peuple et tout au plus pour un siècle. Seul le Christ est le fondateur d’une religion, autant dire d’un empire universel. Il est le seul qui ait jamais possédé et toujours possédera une puissance capable de s’étendre sous tous les cieux, sur tous les siècles et sur tous les peuples. Il s’arroge le droit de commander non pas seulement à une portion du genre humain, mais au genre humain tout entier. Au sens absolu du mot, il est le seul qui toujours donne par sa religion une forme nouvelle, non pas à un siècle ou à un monde, mais à tous les siècles et à tous les mondes. Et cette religion, plus on l’étudié, et plus on est obligé de l’assimiler à l’acte de la puissance créatrice ; c’est à elle que nous devons une ère nouvelle et une nouvelle humanité. A lui nous pouvons donc attribuer le titre d’homme grand, car il dépasse de toute la hauteur de son immortelle stature toutes les grandeurs humaines ; c’est lui et lui seul qui peut revendiquer comme l’ayant réalisée, la parole de l’ange à Marie sa mère : « Il sera grand et on l’appellera le fils du Très-Haut. » (Luc 1.32).

Cette différence qui l’élève au-dessus de tout nom sur la terre, nous la saisirons mieux encore en étudiant son œuvre dans le principe dont elle émane, le but qu’elle poursuit, les moyens qu’elle emploie. En présence de cette puissance de régénération qui procède du Christ, celui qui croit qu’il n’est point d’effet sans cause, forcément doit admettre qu’elle ne peut avoir pour cause qu’un acte souverain comme il ne s’en rencontre point d’autres dans l’histoire. Si nous nous demandons quel est dans son essence, dans sa véritable signification, le principe qui se manifeste dans la puissance du Christ, il nous apparaîtra nécessairement comme la liberté dans la charité et la charité dans la liberté, subjuguant le monde mais pour l’affranchir. Le but que le Christ a poursuivi et qu’il a réalisé, consiste à arracher non pas son peuple à lui, mais l’humanité tout entière à la domination du péché, ou si on l’aime mieux, à donner sa vie sainte et pure à toutes les générations et à tous les siècles comme le seul idéal qui régénère et qui affranchit. Il n’a donc voulu qu’une chose : fonder le Royaume de Dieu sur la terre. Or, jamais il ne s’est rencontré dans l’histoire un homme, si grand fût-il, pour concevoir un pareil idéal. Il en est même bien peu d’entre eux qui aient été assez grands pour en concevoir la nécessité ; et ceux qui auraient été capables d’en concevoir la nécessité auraient été les premiers pour se reconnaître incapables de la réaliser. Aucun de ces héros qu’a célébrés l’histoire n’a jamais conçu la souveraine ambition de sauver le monde. Il n’en est aucun non plus qui ait jamais rêvé de faire de sa vie l’idéal, autant dire l’étendard qui doit conduire l’humanité à la conquête du Royaume de Dieu sur la terre. Mais si le but à poursuivre dépasse toutes les conceptions, les moyens employés pour la réalisation de ce but sont plus surhumains et plus étonnants encore, car le Christ, pour accomplir son œuvre, ne veut connaître d’autres moyens que les influences qui sont en lui et procèdent de sa personne. Il repousse résolument tout ce qui ne vient pas de lui. Certainement, dira-t-on, il en est ainsi pour tous les hommes qui ont accompli une œuvre. Ils n’ont jamais dû leur succès qu’à une force inhérente à leur propre personnalité. Mais qu’on y réfléchisse, pour les hommes et à suivre leur œuvre dans son développement, elle ne tarde pas à perdre le nom qu’elle a d’abord porté et à se perdre elle-même dans le cours ordinaire des choses. Et cette action, si personnelle qu’elle ait été à ses débuts, n’est bientôt plus qu’une idée, une doctrine à laquelle on ne peut plus assigner un nom d’homme. Tout autrement il en est pour le Christ. Son œuvre survit à tous les temps et ce n’est point parce qu’elle est une doctrine, mais la personne elle-même du sauveur, qu’elle perpétue son action sur les âmes. Pour lui donc et pour lui seul, nous voyons se faire ce qui ne s’est jamais fait pour aucun homme, une absolue identification entre sa personne et son œuvre. Et cette identification, lui le premier, dès la première heure de son ministère, il en a eu conscience. Il veut racheter le genre humain tout entier et le glorifier dans un royaume de personnalités sanctifiées. Il veut arrêter le développement contre nature qui fausse la création, et la rendre à sa loi véritable. L’axe sur lequel tourne la terre s’est dévié, il veut le redresser ! Cette immense entreprise, il veut seul l’accomplir et il la tient pour accomplie, s’il parvient à faire de sa vie celle de l’humanité, et de son esprit, l’esprit qui la dirige. Il n’est donc personne au monde pour l’assister et lui prêter conseil. Son œuvre tient tout entière dans sa personne. La moindre imperfection qui viendrait en lui troubler le développement de sa vie intime, troublerait pour toujours son œuvre et la rendrait impossible. Et cette œuvre est la plus grande qui soit jamais entrée dans l’histoire ; elle a fondé le Royaume de Dieu sur la terre. Le rapport intime et indissoluble qui la fait se confondre avec la personnalité du Christ, fait donc de cette personnalité le vrai miracle de l’humanité.

§ 74

Un des signes de la grandeur du Christ, c’est qu’il apparaît dans l’histoire comme celui que tous les siècles attendent, comme le moment décisif qui les comprend et doit tous les accomplir. Les plus grands, au contraire, d’entre les hommes, n’ont jamais été que les héros d’un moment, et n’ont dû leur grandeur qu’à marquer une date bientôt oubliée. Mais le Christ ne vient au monde que quand les temps sont accomplis, à l’heure marquée dans les décrets de Dieu. Et cette heure était la seule qui pût annoncer à la terre l’avènement de Celui qui était tout à la fois l’idéal et le Sauveur de l’humanité. A cette heure unique, tous le sentaient, les puissances qui jusques alors avaient commandé, frappées d’impuissance, étaient obligées de confesser leur irréparable défaite. Dans le monde entier, on ressentait l’impression d’une ruine morale toujours plus écrasante, non pas pour un peuple seulement, mais pour tous les peuples. Ce n’était qu’à ce moment que pouvait se faire la révélation du véritable idéal, la création nouvelle pour le monde de la nature et celui des esprits, autant dire la rédemption, la fondation du Royaume de Dieu sur la terre. A cette heure unique de l’histoire, l’humanité appelait son sauveur, comme jamais encore elle n’avait su le faire et comme jamais plus elle ne le saura.

L’œuvre du Christ se confondant avec sa personne, il fallait donc que pour lui, plus encore que pour les grands hommes de l’histoire, il y eût entre sa personne et l’heure de son apparition, une harmonie préalable voulue de Dieu, afin que rien ne pût contredire à son œuvre. Il apparaît au moment où l’on dirait que tous les contrastes et toutes les oppositions qui peuvent le mieux mettre en évidence l’œuvre divine, semblent s’être donné rendez-vous, afin d’acclamer celui qui ne voulait conquérir le monde que pour le racheter. Au sein de son peuple, il se trouve d’abord en présence du dernier et convulsif effort de la nationalité juive contre l’oppression étrangère. C’est le moment où la lutte entre Israël et le monde païen se fait la plus violente : on pouvait voir en pleine Judée dont il était alors le maître, le monde païen représenté par une civilisation qui semblait n’atteindre à son apogée que pour s’affaisser dans la corruption. Elle étalait tous les contrastes que peut connaître la vie humaine, contrastes de civilisation et de barbarie, d’opulence et de pauvreté, de despotisme et de servitude. Et cette civilisation en pleine décomposition portait comme un fardeau qui l’écrasait sa luxure et sa richesse, mais elle était encore le despotisme le plus savant et le plus redoutable qu’ait connu l’histoire. La théocratie juive qui contre cette puissance devait représenter et défendre la liberté expirante d’Israël, affolée d’orgueil, ne voulait plus entendre que ses rêves de domination universelle. Les deux adversaires que bientôt va mettre aux prises la lutte suprême, sont l’un et l’autre en pleine révolte contre Dieu et ne servent plus que des desseins égoïstes.

Dès la première heure de son ministère, le Seigneur Jésus dut voir la vie religieuse d’Israël pétrifiée dans un culte qui n’étalait le faste et la splendeur de ses cérémonies, que pour mieux proscrire la pensée qui élève, au profit de la lettre qui tue. Et cependant, c’est à cette heure qu’Israël, avec l’orgueil du fanatisme le plus ardent et le plus âpre qui ait jamais effrayé la conscience humaine, se prend à se diviniser et à rêver la domination universelle. Les Pharisiens (les séparés) ses guides et ses maîtres, lui inculquent une dévotion qui multiplie les rites et les observances, mais au seul effet d’inspirer à ses adeptes l’horreur du contact avec le monde, l’orgueil de la distinction et la haine de la charité. A cette dévotion sans entrailles, les Sadducéens opposent une incrédulité qui ne veut plus de Dieu ni de la vie éternelle. Pour elle, il n’est plus qu’un vulgaire naturalisme qui ne croit qu’au hasard et au destin, à l’heur et au malheur. Dans sa sceptique indifférence, elle ne sait plus que se demander, sans même prendre la peine d’attendre la réponse : « Qu’est-ce que la vérité ? » Cet épicuréisme dédaigneux n’a plus d’autre culte que celui de la chair. (Les Sadducéens, Pilate, Hérode, sa cour). Et ce peuple, tour à tour la proie des faux prophètes ou des aventuriers politiques, est pour Jésus le troupeau qui n’a plus de berger ! Mais au sein de cette universelle corruption, dans les âmes qui l’entourent, si abaissées soient-elles, il discerne encore des germes de vie, les signes précurseurs d’une nouvelle aurore et la sainte impatience qui l’appelle. Car il sait que cette corruption elle-même répond à une intention de la Providence toujours compatissante. Aussi, malgré les ténèbres du moment et l’endurcissement qu’elles provoquent, il sait qu’il est des âmes qui ont la faim et la soif de la justice et qui attendent et qui invoquent l’avènement du Royaume de Dieu. Et ces âmes, il les trouve non seulement chez le peuple d’Israël, mais aussi parmi les païens et les Samaritains. Et dans cet universel abaissement qui confond toutes les classes dans la même corruption, il est cependant toute une jeune génération, une phalange d’hommes forts pour l’attendre, répondre à son premier appel, se faire ses disciples et ses témoins.

C’est dans ce monde de tous les contrastes, que le Seigneur Jésus fait son apparition et que toujours plus hautement il affirme sa sainte personnalité. Dans une province ignorée du monde d’alors, dans la plus profonde obscurité, il commence son œuvre de rédemption et de salut. Sur cette terre qui sous ses pas à jamais immortelle devient la patrie universelle de toute âme d’homme, humble et dédaigné, méconnu de tous, il accomplit son ministère et fait entendre la Parole qui est le salut du monde. Mais, pour que tous connaissent enfin ce qu’il a été, ce qu’il est et ce qu’éternellement il sera, il faudra que lui, obscur et dédaigné, soit élevé dans la gloire, couronné d’épines, couvert d’opprobre, trahi par l’un des siens et livré à la mort infamante de la croix, entre deux malfaiteurs !

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