Sonnets Chrétiens


Livre Premier — Sonnet XVIII

Sur la Lune

Sœur de l’astre du jour, vigilante courrière,
Tu règnes sur les eaux, et d’un cours diligent,
Sous un lambris d’azur, dans un trône d’argent,
Tous les mois tu fournis ton illustre carrière.

Tu passes, tour à tour, l’un et l’autre hémisphère ;
Et lorsqu’on voit ton frère en l’onde se plongeant,
Par différents aspects, ton visage changeant,
En dépit de la nuit ramène la lumière.

Mais, ô belle planète ! où ton visage luit,
Règnent pourtant toujours les ombres de la nuit ;
Et ta faible clarté n’en peut rompre les voiles.

Quand pourrai-je monter jusqu’au brillant séjour,
Où, sans ombre, sans nuit, sans lune, et sans étoiles,
Du Soleil éternel je verrai le grand jour !


1 : Mais les chinois, et quelques autres Orientaux, disent agréablement, que le soleil et la lune sont le mari et la femme, et que les étoiles sont leurs enfants. 4 : Sa renaissance nous représente chaque fois la Résurrection. (St. Augustin) 5 : Quelques-uns l’ont fort bien nommée le petit soleil, ou le vicaire du soleil. Mais dans son éclipse les barbares tremblent, et font des lamentations. 10 : C’est pourquoi Théophraste a raison de l’appeler le faible soleil.

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