Sonnets Chrétiens


Livre Premier — Sonnet XXV

Sur la Mer

J’admire, en te voyant, la source dont tu sors ;
Les biens que tu produis, et les biens que tu pilles ;
Et la robe d’argent, dont parfois tu t’habilles,
Lorsque les vents émus troublent ton vaste corps.

Qui pourrait de ton sein compter tous les trésors,
De tes divers poissons les nombreuses familles ;
Les perles, l’ambre-gris, le corail, les coquilles,
Que ton bruyant courroux étale sur tes bords ?

Surtout, je dois bénir la puissance adorable,
Qui dompte ta fureur avec des grains de sable,
Et dont la sage main ton flux a limité.

Mais, quand dois-je aborder cette mer pacifique,
Sans tempête, sans flots ; où dans l’éternité,
L’on voit ce que la gloire a de plus magnifique !


4 : La mer a plus d’étendue que la Terre ; sa profondeur est ordinairement de une demi-lieue d’Italie, mais elle a des gouffres impénétrables. 7 : Les naturalistes d’aujourd’hui disent que l’ambre-gris est un ouvrage commencé par les abeilles dans les rochers, et achevé par la mer (l’ambre-gris est en réalité une déjection du cachalot, ThéoTEX). 12 : Allusion à la mer du sud, nommée la mer pacifique, et à la mer de verre, qui est représentée dans l’Apocalypse.

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