Sonnets Chrétiens


Livre Premier — Sonnet XXVI

Sur les Fontaines et les Rivières

Verres tremblants, miroirs liquides,
Flots d’argent, veines de cristal,
Qui de votre coulant métal
Humectez les terres arides ;

Canaux, dont les ondes rapides,
S’enfuyant de leur lieu natal,
Roulent, par un ordre fatal,
Dans le sein des plaines humides ;

Beaux fleuves, ruisseaux précieux,
Où le brûlant astre des cieux,
Se baignant, amortit ses flammes ;

Qu’êtes-vous pour charmer les cœurs,
Au prix de la Source où les âmes
Puisent d’éternelles douceurs ?


1 : Dans la Nouvelle Espagne on voit une source de couleur d’encre. Au Pérou il y a une fontaine rouge comme du sang ; deux autres, dont l’eau se change, l’une en pierre, et l’autre en sel, en coulant ; et une autre qui a deux canaux, l’un d’eau bouillante, et l’autre d’eau froide. On dit qu’en Cappadoce il y a un lac qui pétrifie les corps. Pline assure qu’en Mésopotamie il se trouve une fontaine d’une odeur agréable. Et le fleuve des Amazones est si beau, que son embouchure excède la largeur de la mer Méditerranée.

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