Sonnets Chrétiens

Livre Second
Sur Diverses Histoires de l’Ancien Testament


Livre Second — Sonnet I

Sur l’état d’Adam et d’Ève
Dans le Paradis Terrestre

O couple bienheureux ! à qui le Ciel envoie
Ce qu’il a de plus rare et de plus précieux ;
Et qui, dans un palais vaste et délicieux,
Vois commencer des jours filés d’or et de soie !

Que désire ton cœur ? Sous toi l’univers ploie ;
Ton sceptre est la raison ; tes gardes sont tes yeux ;
La justice te sert d’un habit glorieux ;
Et Dieu fait ton amour, ta couronne, et ta joie.

L’air flatteur te caresse avec ses doux zéphyrs ;
L’eau, de ses flots d’argent, entretient tes plaisirs ;
Et la terre à tes vœux satisfait d’elle-même.

Mais, c’est louer ton sort par des vers superflus.
Un point manque, sans doute, à ton bonheur suprême :
Quelque heureux que tu sois, tu vas ne l’être plus.


3 : C’était le jardin d’Eden, ou le Paradis terrestre, situé dans un endroit de l’Asie, dont on n’est pas bien d’accord entre les doctes. 4 : C’est-à-dire, des jours éclatants et pompeux. Allusion aux Parques des païens 14 : Ni les Juifs, ni les chrétiens, ne conviennent pas entre eux du temps qu’Adam et Ève demeurèrent dans le Paradis ; mais la plupart tiennent qu’ils en furent chassés dès le soir du même jour qu’ils y étaient entrés.

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