Sonnets Chrétiens


Livre Second — Sonnet III

Sur le Meurtre d’Abel

Triste et sanglant objet d’une cruelle envie,
Ange en homme vêtu, berger chéri des Cieux,
Quel sujet rend ton frère un bourreau furieux,
Qui ne peut qu’en ton sang voir sa rage assouvie ?

La lumière du jour par ses mains t’est ravie,
Pour l’éclat de ta foi, qui lui blesse les yeux.
C’est l’amour du Seigneur qui te rend odieux,
Et c’est ta sainteté qui te coûte la vie.

Je bénis ta mémoire, et j’admire ton sort,
Jeune et premier martyr. Toutefois, en ta mort,
Ton sang au juste Ciel demande la vengeance.

Mais du mystique Abel, immolé sur la croix,
Le sang pur et divin, qui coule en abondance,
Demande grâce au Ciel, d’une plus forte voix.


3 : N’est-il pas étrange qu’au second siècle du Christianisme il y ait eu des hérétiques, qui faisaient profession d’honorer Caïn comme un vaillant homme, et de mépriser Abel pour sa faiblesse ? 10 : Il commença les martyres, lorsque pour la justice il fut tué le premier. (St. Cyprien)

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