Sonnets Chrétiens


Livre Second — Sonnet IV

Sur le Déluge

La mer a donc rompu son frein et sa barrière :
La terre, ensevelie aujourd’hui sous les flots,
A repris le chemin de l’horrible chaos ;
Et l’univers n’est plus qu’une humide carrière.

La mort s’offre en tous lieux d’une égale manière ;
En vain, pour l’éviter, les tristes animaux
Cherchent leur sûreté dans les lieux les plus hauts :
Ce grand tout n’est pour eux qu’un vaste cimetière.

O déluge vengeur ! par toi, le Dieu jaloux,
Lâchant sur les humains la bonde à son courroux,
Semble vouloir laver les souillures du monde.

Mais voyant leurs horreurs dans l’effroyable étang,
Je dis, sans me tromper : Qu’est-ce que de cette onde ?
Il faut, pour les laver, un déluge de sang.


4 : On dispute aujourd’hui entre les doctes, si ce déluge universel inonda tout le globe terrestre, ou seulement toute la partie habitée par le genre humain, qui n’était pas encore répandu sur toute la face de la Terre. 14 : Le déluge du péché (dit St. Bernard) avait attiré sur le monde un déluge d’eau. Mais l’impuissance de ce second déluge a fait la nécessité d’un troisième, qui est un déluge de sang, c’est-à-dire, l’abondante effusion du sang de Jésus-Christ.

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