Sonnets Chrétiens


Livre Second — Sonnet V

Sur l’Arche de Noé

Vaisseau miraculeux, espérance du monde,
Tu tiens en abrégé, séparément couverts,
De la terre et de l’air les animaux divers,
Et tu les garantis de la fureur de l’onde.

Ta course est périlleuse, autant que vagabonde ;
Tu flottes en cent lieux, sur l’humide univers ;
Tantôt, comme élevé jusqu’au-dessus des airs,
Tantôt, comme abîmé dans la vague profonde.

L’œil, dans ces noirs dangers, te juge à tout moment,
Englouti par les flots du perfide élément ;
Mais la foi, jugeant mieux, dit pour ton assurance :

Ne crains point de périr, Dieu te porte en ses mains
Et tu portes en toi la bénite semence,
Qui doit produire un jour le Sauveur des humains.


1 : Quelques savants du siècle montrent curieusement la juste et l’admirable capacité de cette arche, pour loger les animaux et leurs aliments, pendant un an et dix jours qu’ils y demeurèrent renfermés, le dernier roi du Mexique avait une maison des animaux, où, comme dans une autre arche de Noé, il nourrissait toutes sortes de bêtes et d’oiseaux ; même il y avait aussi toutes sortes de poissons. 13 : Sem, l’un des fils de Noé, de qui Jésus-Christ est descendu selon la chair.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant