Sonnets Chrétiens


Livre Second — Sonnet VIII

Sur le Sacrifice d’Abraham

Mes yeux, que voyez-vous en ce triste tableau ?
Un père fera-t-il, sans remords, un tel crime ?
Un père sans pitié, dans l’ardeur qui l’anime,
De son unique fils sera-t-il le bourreau ?
Déjà le front couvert du funèbre bandeau,
Sur le sanglant autel, l’innocente victime,
Intrépide au péril, et d’un air magnanime,
Offre son jeune sein au barbare couteau.
Frappe, frappe ton fils, patriarche fidèle :
C’est un ordre du Ciel qui fait agir ton zèle ;
Et par ta cruauté tu vas montrer ta foi.
Mais, non ! retiens ton bras, épargne l’innocence :
Dieu te rend ton Isaac, il prend pitié de toi,
La victime qu’il veut, c’est ton obéissance.


6 : En la même montagne de Morija, où fut bâti le temple de Salomon. 8 : Il avait alors 25 ans, selon Josèphe, d’autres lui en donnent jusqu’à 37.  St. Clément l’appelle une douce et allègre victime. Je serais, dit-il, indigne de vivre, si je résistais à l’ordre de Dieu et à la volonté de mon père. (Josèphe) 10 : Il n’estima pas qu’il y eût rien de mauvais dans ce que le Très-bon avait commandé. (St. Augustin) Il se hâtait d’égorger son fils, par une pieuse cruauté.(St. Bernard) (St. Bernard aurait mieux fait ici de ne pas se hâter de dire une pieuse sottise ; ThéoTEX)

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