Sonnets Chrétiens


Livre Second — Sonnet XIV

Sur Moïse

Du Nil jusqu’au Danube, et du Pô jusqu’au Gange,
Ton nom, divin héros, résonne en l’univers.
On te voit, on t’admire en trois états divers,
Où, par l’ordre éternel, ton sort trois fois se change.

Tiré du sein des eaux, par un bonheur étrange,
L’Égypte dans sa cour te tient quarante hivers.
Puis de simple berger caché dans les déserts,
Tu deviens d’Israël et le pasteur et l’ange.

L’air, la terre, les flots, les tyrans inhumains,
Fléchissent sous ta verge, et respectent tes mains,
Et le Ciel sur ton front imprime sa lumière.

Dieu paraît à tes yeux, sans ombre et sans rideau.
Et si, sans voir la mort, tu contemplas le Père,
Pour contempler le Fils, tu quittas le tombeau.


1 : Fleuves d’Égypte, d’Allemagne, d’Italie, et des Indes Orientales. 2 : Au rapport de l’historien des Juifs, il avait été prédit à Moïse, avant sa naissance, qu’il serait un homme incomparable, et que sa gloire serait éternelle. Et, selon Saint Epiphane, il fut adoré comme un Dieu dans l’Arabie Pierreuse. 3 : Ces trois états en peuvent figurer trois en Jésus-Christ, le Moïse mystique. 14 : Ce fut dans la transfiguration de Jésus-Christ sur le Tabor.

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