Sonnets Chrétiens


Livre Second — Sonnet XV

Sur la Sortie d’Égypte
Prosopopée

Dieu donc sur nos tyrans fait fondre la tempête.
Dieu contre eux de son peuple a les vœux exaucés :
Leur disgrâce est venue, et nos maux sont passés ;
Leur nuit fait notre jour, leur douleur notre fête.

L’ange exterminateur a volé sur leur tête,
Et d’un glaive de feu leurs aînés sont percés ;
L’Égypte est toute en deuil, tous les cœurs sont glacés.
Lève-toi, peuple saint, ta délivrance est prête.

Va planter dans Elim tes riches pavillons,
Fais camper sous Sinaï tes nombreux bataillons,
Et jusques dans Sion signale ta victoire.

Moïse en vain pour toi neuf coups avait lancés,
Mais de l’ange, envoyé du séjour de la gloire,
Un seul coup te sauvant, les a tous surpassés.


6 : C’est la peste, qui perça leurs cœurs d’un venin subtil et brûlant ; l’épée des anges, dit Josèphe, c’est la pestilence. Ainsi l’ange qui frappa de mortalité la ville de Jérusalem, au temps de David, nous est représenté avec une épée. 8 : Délivrance, dit St. Augustin, qui figure notre rédemption par Jésus-Christ. 12 : Ce sont les neuf plaies d’Égypte, qui avaient précédé le passage de l’ange destructeur. Ces dix plaies durèrent un an, selon l’opinion des Juifs.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant