Sonnets Chrétiens


Livre Second — Sonnet XVI

Sur le Passage de la Mer Rouge

Sur ton Dieu, peuple saint, justement tu te fondes ;
Sa main, pour t’arracher à tes cruels bourreaux,
Fendant pour toi la mer, écartant ses roseaux,
Fait deux murs de cristal de ses eaux vagabondes.

Les poissons, bondissant de leurs grottes profondes,
Suspendus et fixés dans la glace des eaux,
Semblent d’un œil jaloux voir des hôtes nouveaux,
Qui marchent à pied sec dans l’abîme des ondes.

Que te sert, ô tyran ! de marcher sur leurs pas ?
Tous les flots retournés te portent le trépas,
Quand Israël sauvé se voit sur le rivage.

Ainsi, malgré l’effort du démon furieux,
Dieu te fait, ô chrétien ! de la mort un passage,
Qui te conduit du monde à l’empire des Cieux.


1 : Moïse, à l’aspect de la mer et des montagnes, dit alors à Dieu, au nom de tout Israël : « Cette mer et ces montagnes sont à toi, Seigneur ; Tu peux, à ta parole, ouvrir ces montagnes et faire de cette mer une terre ; et nous pouvons même nous envoler par l’air, si tu as pour agréable de nous sauver ». (Josèphe) 3 : Cette mer, pour l’abondance de ses roseaux, est nommée par les Hébreux, la mer des Roseaux. On l’appelle autrement le Golfe Arabique.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant