Sonnets Chrétiens


Livre Second — Sonnet XXV

Sur Samuel

Je vois le saint éclat qui ton front environne,
Grand prophète ; tu fais, tu déposes les rois ;
Sans armes, tu soumets Israël à tes lois ;
Et sur lui, plus que roi, tu règnes sans couronne.

Le Ciel, qui ses faveurs à tes vœux abandonne,
Pour vaincre l’ennemi, n’oppose que ta voix ;
Et pour comble d’honneur, coup sur coup, par trois fois,
Dans tes plus jeunes ans, Dieu te parle en personne.

Alors encore enfant, novice et mal instruit,
Quand Dieu te parle ainsi, dans l’ombre de la nuit,
Pour la voix d’un mortel tu prends la voix céleste.

Que de flatteurs, hélas ! justement odieux,
Par un entêtement téméraire et funeste,
Font, de la voix de l’homme, un oracle des Cieux !


2 : Cela paraît en la personne de Saül, de David et d’Agag. 6 : Il fut alors un vrai Samuel, c’est-à-dire exaucé de Dieu. 14 : Samuel avait pris la voix de Dieu pour celle d’Héli, grand-pontife. Mais à l’opposite le peuple de Césarée criait, à la voix d’Hérode : Voix de Dieu, et non point d’homme, et les sectateurs de Montanus prenaient sa voix pour celle du Paraclet, c’est-à-dire, du St. Esprit. Il en est de même de tous les esclaves des faux prophètes.

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