Sonnets Chrétiens


Livre Second — Sonnet XXXII

Sur la Maladie d’Ézéchias

Ton sort, malade illustre, a pour moi des appas :
On voit à tes côtés un ange de lumière ;
Et du grand Médecin la vertu singulière
T’enlève, par miracle, aux efforts du trépas.

Qu’obtiens-tu par tes vœux, ou que n’obtiens-tu pas ?
L’Arbitre de tes jours, exauçant ta prière,
De trois lustres entiers allonge ta carrière.
Et pour toi le soleil retourne sur ses pas.

Oui, tes pleurs et tes cris, dans tes rudes alarmes,
Contre les coups du Ciel te fournissent des armes,
Et te rendent célèbre à la postérité.

Ainsi, quand nos neveux apprendront ton histoire,
Éternel, diront-ils, un lit d’infirmité
Devient, par ta puissance, un théâtre de gloire.


7 : Un lustre, parmi les Romains, était l’espace de cinq ans. 8 : L’ombre du soleil rétrograda de dix degrés au cadran d’Achaz, c’est-à-dire, apparemment, de cinq heures, chaque degré de ce cadran ne pouvant être que d’une demi-heure. Autrement le jour aurait été d’une longueur excessive, même sans miracle. On trouve ici, depuis midi trois fois cinq heures, qui marquaient les quinze ans ajoutés aux années d’Ezéchias.

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