Sonnets Chrétiens


Livre Second — Sonnet XXXVIII

Sur le Retour de la Captivité de Babylone

Hébreux, le croirons-nous ? Peut-être c’est un songe,
C’est d’un espoir flatteur la douce illusion ;
C’est d’un faux paradis l’aimable vision,
Trop faible allégement du souci qui nous ronge !

Non, non, c’est un miracle, et non pas un mensonge.
De nos longues douleurs Dieu prend compassion ;
Et sa main vient noyer les ennuis de Sion,
Dans un fleuve de joie, où sa bonté nous plonge.

Loin de nous, triste objet de tant de maux soufferts !
Reprenez, peuple saint, délivré de vos fers,
Vos harpes, si longtemps aux saules suspendues.

D’une effroyable nuit, Dieu vous fait un beau jour.
Poussons de nos doux airs les accents jusqu’aux nues :
Sa colère, aujourd’hui, fait place à son amour.


1 : C’était la pensée des Juifs dans le Psaume 126 et de St. Pierre après sa délivrance. 7 : La Jérusalem des Juifs, dit St. Augustin, est la figure de la Jérusalem éternelle, et le monde est notre Babylone. Mais comme après 70 ans de captivité, les Juifs retournèrent en leur ville ; ainsi, quand la semaine de notre vie sera passée, nous retournerons dans notre Patrie. 8 : Ainsi il est parlé d’un fleuve de délices dans les Psaumes et dans l’Apocalypse.

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