Sonnets Chrétiens


Livre Troisième — Sonnet VI

Sur l’Apparition de l’Ange aux bergers

Bannissez de vos cœurs cette crainte mortelle,
Bergers : l’ange brillant, qui paraît à vos yeux,
Ne vient pas annoncer la colère des Cieux ;
Sa voix est de la paix l’interprète fidèle.

Ecoutez, vous dit-il, la charmante nouvelle :
Le Rédempteur, promis aux pères les plus vieux,
Est né dans Bethléhem, en ce jour glorieux ;
Et d’une chaste vierge il suce la mamelle.

Allez, et contemplez par les yeux de la foi,
Sous de chétifs lambeaux, la pourpre du grand Roi ;
Et son berceau royal, sous une crèche obscure.

Ne soyez point surpris des ténèbres du lieu.
Jésus, qui pour mourir a pris votre nature,
Ne doit pas, en naissant, paraître comme un Dieu.


2 : Jésus, l’Agneau de Dieu, est premièrement manifesté aux Bergers, comme il avait été premièrement promis aux patriarches, qui étaient bergers. 12 : L’étable où naquit le Sauveur, est souvent nommée par les Anciens une caverne, ou une grotte ; parce que, vu la situation de Bethléhem cette étable pouvait être creusée dans le roc. C’est dans ce petit trou de la Terre, dit St. Jérôme, qu’est né le Créateur du Ciel. Alors Bethléhem répondit mystiquement à son nom.

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