Sonnets Chrétiens


Livre Troisième — Sonnet V

Sur le Portrait de Notre Seigneur

Toi qui sais peindre l’âme, en peignant le visage,
Timante industrieux, viens tracer un tableau,
Où tout ce que ton art a de grand et de beau,
Par tes savantes mains, rencontre son usage.

Forme de la Vertu l’incomparable image,
Par les riches couleurs de ton rare pinceau ;
Et si, pour l’ombrager, tu prends la terre et l’eau,
Des rayons du soleil fais le jour de l’ouvrage.

Hâte-toi ; fais-nous voir, sous un visage humain,
L’Immortel, qui forma l’univers de sa main.
Non ; ne l’entreprends pas, mortelle créature.

Reconnais franchement ta faiblesse en ce lieu.
Tu peux de Jésus-Homme exprimer la figure,
Mais ton art ne saurait figurer l’Homme-Dieu.


2 : Peintre fameux de l’antiquité. On en dit autant d’un Aristide. 5 : C’est ici la Vertu revêtue d’un corps, que Platon sans la connaître, avait tant souhaité de voir, comme le plus charmant objet du monde. 8 : Ainsi Tertullien parle d’écrire avec les rayons du soleil. 14 :  C’est ce qui fut sagement répondu par Eusèbe de Césarée à l’impératrice Constance qui lui demandait le portrait de Notre Seigneur.

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