Sonnets Chrétiens


Livre Troisième — Sonnet XXIV

Sur la Chute et la Repentance
de Saint Pierre

Hélas ! qui l’eût prévu, ce soudain changement ?
Qu’un rocher fût si faible, et qu’au premier orage,
Un apôtre parût un homme sans courage,
Qui trois fois renonçât son Maître lâchement ?

Mais pour lui reprocher son perfide serment,
Le vigilant oiseau redouble son langage ;
Et Jésus, dans les traits de son divin visage,
Lui fait lire son crime avec étonnement.

Le regard du Seigneur pénétrant dans son âme,
Son triste cœur, percé comme d’un trait de flamme,
Par le canal des yeux fait couler ses douleurs.

O mon Sauveur ! dit-il, dans sa juste souffrance,
Pour un crime si noir, c’est peu que de mes pleurs ;
Le seul sang de ta croix peut laver mon offense.


2 : Allusion au nom de Pierre, et à la jactance de cet apôtre. 6 : Pour symbole de vigilance on met la figure du coq au haut des clochers. 11 : Il n’avait pas pleuré auparavant, parce que Jésus-Christ ne l’avait pas regardé. Il pleure alors, parce que Jésus-Christ le regarde. Ceux que Dieu regarde, pleurent leur péché. (St. Ambroise) Tout le reste de sa vie, dit un Ancien, il pleurait au chant du coq, et se mettant à genoux demandait pardon de sa faute à notre Seigneur.

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