Sonnets Chrétiens


Livre Troisième — Sonnet XXV

Sur la Croix de notre Seigneur
Sa Cause

Prodige incomparable, étrange conjoncture !
Quoi, le juste, le saint, le puissant Roi des rois,
Est comme un criminel attaché sur le bois !
Et l’on verra mourir le Dieu de la nature !

Hélas ! je suis l’auteur des tourments qu’il endure ;
Pleurez, mes yeux, pleurez à l’aspect de sa croix.
C’est par moi, grand Jésus, que réduit aux abois,
Tu souffres cette mort, si honteuse et si dure.

Oui, pourquoi détester les Juifs et les Romains ?
Je dois chercher en moi tes bourreaux inhumains,
Pour mieux juger du prix de tes bontés divines.

Mes péchés, vrais bourreaux, ont versé tout ton sang,
T’ont fait boire le fiel, t’ont couronné d’épines,
T’ont cloué pieds et mains, et t’ont percé le flanc.


3 : L’usage du supplice de la croix fut aboli par Constantin, parce que Jésus-Christ ayant rendu la croix honorable par sa mort, on estima, dit St. Augustin, que les criminels étaient honorés par ce supplice, quelque infâme qu’il fût auparavant. 6 : Car mon amour a été crucifié, dit St. Ignace. 13 : Godefroi de Bouillon, étant élu roi de Jérusalem, refusa d’y prendre une couronne d’or ; parce, disait-il, que son Sauveur y en avait porté une d’épines.

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