Sonnets Chrétiens


Livre Troisième — Sonnet XXVI

Sur la Croix de notre Seigneur
Ses effets

Qui l’eût jamais pensé ? qui l’eût jamais pu croire ?
L’adorable Jésus, meurtri, percé de clous !
Le Soleil éternel, dans l’ombre la plus noire !
Le propre Fils de Dieu, l’objet de son courroux !

Je vois dans cette mort, d’immortelle mémoire,
L’innocent condamné, le criminel absous ;
La guerre y fait la paix, la honte y fait la gloire,
Et la peine d’un seul est le salut de tous,

Anges saints, adorez ces grandeurs ineffables ;
Et vous, aveugles Juifs, vous, païens détestables,
Cessez votre blasphème insolent et moqueur.

Jésus est le Dieu fort, dans sa faiblesse extrême.
Sa croix est l’ornement et le char d’un vainqueur.
Et sa mort est enfin, la mort de la Mort même.


10 : Les mahométans, non plus que les juifs et les païens, ne pouvant digérer cette croix, prennent comme un tiers parti, en supposant que Jésus-Christ juste et saint échappa à ses bourreaux, et qu’un fantôme fut crucifié en sa place. 13 : Jésus-Christ a triomphé dans le trophée de la croix, (Tertullien et St. Cyprien après St. Paul). Il a dompté le monde par le bois, et non par le fer. (St. Augustin) 14 : Ce mort a tué la mort, et elle a été plus morte en lui, qu’il n’a été mort en elle. Ta mort, Seigneur, a fait mourir celle des pécheurs (St. Augustin).

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