Sonnets Chrétiens


Livre Troisième — Sonnet XXVII

Sur la Conversion du Bon Larron

Renoncer à soi-même, à son sens, à ses yeux ;
Voir briller le soleil dans la nuit la plus noire ;
Prendre pour le Sauveur, en qui seul il faut croire,
Le triste compagnon d’un supplice odieux ;

Disciple tout nouveau, surpasser les plus vieux ;
Sous l’horreur d’une croix, chercher le Roi de gloire ;
Dans le supplice même, obtenir la victoire ;
S’envoler tout à coup de l’enfer dans les Cieux ;

Enfin, être changé, métamorphose étrange !
D’un loup en un agneau, d’un démon en un ange !
Ce sont, heureux voleur, les effets de ta foi.

Mais que du Rédempteur la vertu non pareille,
Produise, par sa mort, ces miracles en toi,
C’est de tout ce tableau la plus haute merveille.


8 : Il gagna le salut, comme en abrégé, tout en un jour. (St. Bernard) Cet heureux voleur força le royaume des Cieux. Il alla du fond des vallées de son brigandage au jugement, du jugement au bois, et du bois au Paradis. (St. Augustin) 13 : Tout son corps était attaché sur le bois. Il ne lui restait que le cœur et la langue libres. Il crut du cœur, et il confessa de la bouche. Mais qui lui donna cette foi, sinon celui qui était pendu à son côté ? (St. Augustin)

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