Sonnets Chrétiens


Livre Troisième — Sonnet XXX

Sur le Voyage de Marie-Magdeleine
au Sépulcre de Notre Seigneur

Où t’emporte ton zèle, aveugle Madeleine ?
L’excès de ton amour a-t-il fermé tes yeux ?
Laisse de ton projet les soins injurieux :
Ton travail est sans fruit, ta prévoyance est vaine.

Tu perds également ta dépense et ta peine ;
Garde, garde pour toi tes parfums précieux ;
Et viens plutôt, d’un pas saintement curieux,
Admirer du Sauveur la vertu souveraine.

Quoi, tu crains que le corps du Roi de l’univers
Souffre la pourriture, et soit rongé des vers !
Songe à sa pureté ; songe à son origine.

Jésus, le Saint de Dieu, bannissant ton erreur,
Parfume le tombeau de son odeur divine ;
Et lorsqu’il y descend, il en ôte l’horreur.


11 : Le corps de Jésus-Christ, qui n’avait jamais senti la corruption du péché, ne sentit point la corruption du tombeau, pendant quelque trente-six heures qu’il y demeura ; soit que cela se fît par la rencontre de diverses causes naturelles, dispensées par la sagesse de Dieu ; soit que la vertu de Dieu y intervînt miraculeusement, et pour accomplir les prophéties, parce que c’était le corps du Saint de Dieu. 14 : Ainsi le tombeau n’est plus pour nous qu’un cimetière, c’est-à-dire, un dortoir.

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