Sonnets Chrétiens


Livre Troisième — Sonnet XXIX

Sur la Sépulture de Notre Seigneur

Étrange abaissement ! incroyable aventure !
L’Immortel est couché dans l’affreux monument
Le Roi, dont la grandeur remplit le firmament,
Est esclave et captif dans une grotte obscure.

Quoi, lui, qui de son souffle entretient la nature,
Lui, qui donne aux humains l’être et le mouvement,
Est donc privé de voix, de pouls, de sentiment,
Dans le séjour des morts, et de la pourriture !

Mais regarde, chrétien, dans ce même tombeau,
Du Prince de la vie un triomphe nouveau ;
Vois-y briller les traits de sa gloire immortelle.

Pour ton salut, il veut, par un dernier effort,
Dans le retranchement de cette citadelle,
Envisager, combattre, et terrasser la mort.


4 : C’était le sépulcre de Joseph d’Arimathée. Le vainqueur de la mort, (dit St. Ambroise) n’eut point de sépulcre en propre ; lui de qui le siège est dans le ciel, et qui ne devait dormir que trois jours dans le tombeau. Il fut mis dans un sépulcre étranger, (dit St. Augustin) parce qu’il mourait pour le salut d’autrui. Pourquoi un sépulcre en propre, à celui de qui la mort n’était pas une mort en propre ? 14 : St. Grégoire de Naziance nomme le sépulcre de Jésus-Christ, un sépulcre qui apporte la vie.

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