Sonnets Chrétiens


Livre Troisième — Sonnet XXXIV

Sur l’Ascension de Notre Seigneur
Prosopopée des Apôtres

Pourquoi nous arrêter si longtemps en ces lieux,
Nous, que du Roi des rois le prompt départ étonne ?
Jésus, qui dans la nue, en s’élevant, rayonne,
Va triompher, pour nous, dans le plus haut des Cieux.

Contemplons, admirons son char victorieux !
Quel nombre de captifs le presse et l’environne !
Et combien de fleurons composent la couronne,
Qui brille sur le front de ce roi glorieux !

Notre cœur vole à toi, plus haut que les étoiles,
Et du vaste lambris perce, avec toi, les voiles,
Pour te suivre, ô grand Roi ! dans ce pompeux séjour.

Tu t’en vas, Fils de Dieu, nous y préparer place ;
Mais hâte l’heureux temps d’y contempler ta face :
Vivre éloigné de toi, c’est mourir chaque jour.


6 : Les démons, le péché, et la mort, qui dominaient dans le monde. (St. Chrysostôme) 9 : Notre ascension au Ciel ne se fait pas maintenant par les pieds du corps, mais par les affections du cœur. Le corps de Jésus-Christ est enlevé de devant vos yeux, mais sa divinité n’est point séparée de vos cœurs. Voyez-le monter, croyez en lui absent, espérez son retour ; mais aussi sentez-le présent pour une secrète miséricorde. (St. Augustin) 10 : Allusion au voile du temple, qui empêchait la vue du sanctuaire.

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