Sonnets Chrétiens


Livre Quatrième — Sonnet XII

Sur la Prière

C’est toi qui peux sans crainte approcher de l’Époux,
Sainte voix de nos cœurs, tu portes, sur tes ailes,
Les plaintes, les désirs, les larmes des fidèles.
Tu présentes nos vœux, et tu parles pour nous.

Organe de Salut, si puissant et si doux,
Tu rapportes des Cieux les faveurs éternelles ;
Et quand Dieu veut punir nos têtes criminelles,
Tu désarmes son bras, tu détournes ses coups.

Ne t’arrête donc point, admirable courrière !
Gagne d’un vol ardent la suprême lumière ;
Demande, obtiens pour moi, la grâce de mon Dieu.

Mais quand viendra le temps, que les bras des saints anges
Me porteront moi-même en cet auguste lieu,
Pour y voir tous mes vœux transformés en louanges ?


1 : Que la prière monte, la bénédiction descendra. L’oraison est une fidèle messagère, qui pénètre où la chair ne peut aller. (St. Augustin) Notre langue est comme une main, qui va jusqu’au trône de Dieu. (St. Chrysostôme) Mais si tu veux que ton oraison vole à Dieu, fais-lui deux ailes, le jeûne et l’aumône. (St. Augustin) 14 : Dans notre patrie, le gémissement finira, la prière cessera, la louange succédera. Il n’y aura plus qu’un Alléluia perpétuel, au concert des anges. (St. Augustin)

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