Sonnets Chrétiens


Livre Quatrième — Sonnet XI

Sur la Paix de Dieu

Que contre mon bonheur tout l’univers conspire ;
Que la Terre et l’Enfer, détruisant mon repos,
Me livrent, à l’envi les plus cruels assauts,
Que la ruse conseille, et que la rage inspire.

Qu’au milieu des ennuis, ma triste âme soupire ;
Que mon fragile corps éprouve mille maux ;
Et que la mort, enfin, m’abatte de sa faux ;
Rien ne peut me priver de la gloire où j’aspire.

Pour cent crimes affreux, je tremble sous la loi.
Mais la paix de mon Dieu dissipe cet effroi,
Et dans tous mes combats m’assure et m’accompagne.

Oui, si pour mon salut, mon puissant Rédempteur
L’écrivit autrefois sur la sainte montagne,
Son Esprit, tous les jours, la grave dans mon cœur.


13 : Par l’effusion de son sang. Opposition à la condamnation écrite sur la montagne de Sinaï. Ici la sainte montagne est le Calvaire, ou Golgotha, ainsi nommé en Syriaque, parce que l’on y exécutait les criminels. Mais d’un lieu infâme il fut rendu un lieu saint, par la mort et passion du Sauveur. L’empereur Adrien le profana, en y élevant l’idole de marbre de Vénus : ce qui dura jusqu’au temps de Constantin, qui donna ordre d’y bâtir un magnifique temple.

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