Sonnets Chrétiens


Livre Quatrième — Sonnet X

Sur la Paix

Revenez, belle vierge, et montrez vos beaux yeux :
Assez, et trop longtemps, a duré votre absence ;
Ramenez avec vous la joie et l’abondance,
Que le démon du trouble exila de ces lieux.

Rendez à nos climats les largesses des Cieux ;
L’espoir au laboureur, aux cités l’opulence ;
Le commerce au marchand, à nos lois la puissance.
Rendez l’Église heureuse, et l’État glorieux.

L’orphelin désolé, tremblant au bruit des armes,
Et la veuve à nos pieds, les yeux baignés de larmes,
Pour toucher votre cœur, embrassent vos genoux.

Nos péchés éclatants à nos vœux sont contraires,
Mais le sang du Sauveur intercède pour nous ;
Lisez-en sur la croix les vivants caractères.


1 : Les Anciens disaient que la paix était fille de Thémis, c’est-à-dire de la Justice. Ils la peignaient comme une belle fille, qui tenait dans son sein des pommes, et le dieu des richesses ; et dans ses mains des épis, des roses, des lauriers, et des branches, pour symboles d’abondance, de plaisir, de victoire et de repos. Et le nom de paix, parmi les Hébreux, exprime toute sorte de biens et de prospérité. 12 : Aime la Justice, autrement la Paix, son intime amie, ne viendra point à toi. (St. Augustin)

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